Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Journal de Bord d'une thérapie cognitivo-comportementale. - Page 3

  • Séance de juillet 2016

    Au cours de cette séance, nous avons étudié les situations où j'ai noté des pensées dévalorisantes et leurs alternatives.
    Certaines fois, je n'ai pas trouvé de pensées alternatives ou, plus exactement, elles ne m'avaient pas convaincue.
    En voyant les exemples que je lui donnais, la psy m'a expliqué que si les pensées alternatives n'étaient pas convaincantes, c'est parce que j'étais restée dans le flou, dans le général. Pour émettre des pensées alternatives, il faut du concret, du précis, des faits. La plupart du temps, si je m'en tiens aux faits, la pensée dévalorisante (toujours très générale "je suis nulle", "je ne sais rien faire") ne résiste pas. Cela revient par exemple à se dire "certes, j'ai raté ça, mais par ailleurs j'ai réussi ça et ça", donc le "je suis nulle" n'a plus de sens.
    Par exemple, parmi mes pensées dévalorisantes, il y avait "je ne sais pas réconforter les gens, je suis nulle", parce que récemment je me suis sentie totalement impuissante dans une situation où je n'ai pas su réconforter quelqu'un. Il m'était déjà arrivé de penser cela, suite à des situations où je n'avais pas su quoi dire à quelqu'un qui n'allait pas bien et où je m'étais vue comme Sheldon Cooper et son "there, there". Mais en cherchant d'autres faits qui se rapportent à des situations où j'ai eu à consoler des gens, je me suis rendue compte que j'avais des souvenirs de situations où on m'avait remerciée pour le soutien que j'avais apporté, alors que j'avais eu le sentiment de n'avoir pas pu faire grand chose. J'ai aussi admis que la dernière situation en date, de laquelle le "je suis nulle" découlait, faisait référence à une personne ivre et donc inconsolable en l'état. J'ai alors réalisé que j'avais déjà réussi à consoler des gens, que je SAIS LE FAIRE et ce fut un petit séisme, exactement comme quand j'ai découvert que je n'étais pas nulle en calcul mental. Ce qui m'a choquée, c'est de réaliser la différence qui existe entre comment je m'évalue et la réalité de ce que je suis. En fait, je suis complètement à côté de la plaque quand je m'évalue, parce que je ne me base pas sur les faits, mais sur un ressenti.
    Je pense que cette prise de conscience est une étape importante dans le travail sur l'estime de soi qui s'est déroulée là.

     

     

     

    sheldon-leonard.gif
    The Big Bang Theory, Sheldon réconfortant Léonard.

     

     

  • Diététique comportemantale, suite.

    Au mois de mai, j'ai aussi revu la diététicienne. Je savais que je ne la reverrai que pour une séance. En effet, en ce moment, je travaille du lundi matin au vendredi soir, donc impossible de tout faire.
    Au cours de cette séance, je lui avais demandé de travailler sur le fait que je n'arrive pas à jeter la nourriture.
    Elle m'a fait explorer mes souvenirs, pourquoi je ne dois pas jeter, qui me l'interdit.
    C'est mon père qui me l'interdit.
    Mon père est né en 1938 dans une petite ferme. Il a connu la seconde guerre mondiale, les privations, les réquisitions et le manque. Il a grandi dans cette ferme où il a travaillé dur avec, parfois, pas de quoi nourrir tout le monde. En ce temps-là, quand on remplissait son assiette, c'était pour tout manger. On n'en laissait pas, parce qu'il n'y en avait pas assez. Et si par erreur une fois on s'était trop servi, alors on finissait son assiette sans rien dire, car si vous en aviez trop eu, il est fort probable que les autres n'en avaient pas eu assez et n'auraient pas vu d'un très bon œil le fait que vous ne finissiez pas. Il a donc grandi avec ça. Puis il a fait la guerre d'Algérie, où de nouveau il a connu les privations. Alors quand il a eu des enfants, il leur a appris à ne jamais gâcher la nourriture, et à manger tout ce dont on dispose, parce que c'est une chance d'avoir son assiette bien pleine.
    Aujourd'hui, nous avons trop de nourriture à disposition. La nourriture est de bien moins bonne qualité, mais elle est bien moins chère et bien plus abondante. Nous ne manquons pour ainsi dire jamais de rien. Alors, forcément, se forcer à finir son assiette, alors que le frigo est plein, ça n'a plus de sens.
    Alors la diététicienne m'a invitée à considérer mon père en tant que petit garçon qui ne mangeait pas à sa faim, et à exprimer de la compassion pour ce petit garçon, dans les moments où je me sens obligée de finir mon assiette alors que je n'ai plus faim, pour ne plus me forcer à finir à cause de lui.

    Je lui ai parlé de mon diagnostic. Elle m'a aussi dit qu'elle avait beaucoup de patients HPI, ces personnes sont très sujettes aux troubles du comportement alimentaire. Pour schématiser, soit ces personnes mangent (trop) pour anesthésier leurs émotions et arrêter de penser, soit elles arrêtent de manger (anorexie) parce que quand on a faim et qu'on est obsédé par la nourriture, on ne pense à rien d'autre et la privation donne le sentiment de contrôler quelque chose dans sa vie.

    Actuellement, je ne revois plus la diététicienne, mais j'ai recommencé à mettre en pratique tout ce que j'ai appris avec elle et, avant elle, avec Linecoaching la méthode de Zermati (médecin nutritionniste) et Apfeldorfer (psychiatre), fondateurs du Groupe de Recherche sur l'Obésité et le Surpoids.
    Je recommence à apprivoiser les sensations de faim et de satiété. J'ai démarré il y a 1 mois. J'ai de nouveau faim le matin quand je me réveille, ça faisait très longtemps que ça ne m'était pas arrivé. Du coup, je réalise que j'avais recommencé à manger sans avoir faim, juste par habitude, et parce qu "il faut manger le matin".
    Bref, tout est à reprendre depuis le début.
    Mais j'ai confiance en moi (pour une fois, alors je saute sur l'occasion de profiter de ce sentiment de confiance en soi), je connais bien les principes et ce que je dois faire. Ce qui n'avait pas marché quand j'étais inscrite sur Linecoaching, c'était mon perfectionnisme et les pensées automatiques (tu dois faire ceci, tu ne dois pas faire cela, c'est mal de jeter, etc...) qui me parasitaient. Aujourd'hui je suis plus bienveillante, moins stricte, je sais identifier les pensées automatiques et je sais quoi en faire. Et enfin, depuis quelques mois, j'ai mal au dos, le médecin m'a fait comprendre que j'aurais moins de problèmes si j'arrivais à gérer mon poids. Alors on y va, doucement mais sûrement.

  • Séances de juin 2016

    J'ai revu la psy. Elle me fait travailler sur l'estime de soi.
    Elle m'a aussi fait passer l'échelle de Rathus pour l'affirmation de soi, j'ai un score de 15 sur une échelle de -90 à +90. Sachant que je suis partie d'un score de -49 en 2007, ça va. C'est pas extraordinaire, mais ça va. Donc je n'ai plus de problème d'affirmation.

    Le travail sur l'estime de soi consiste à repérer les pensées dévalorisantes et à trouver des pensées alternatives.
    Donc j'ai de nouveau un petit carnet sur moi, et je note, à chaque fois que ça ne va pas, ce que je suis en train de penser de moi. En général, ça tourne autour de "je suis nulle", "je suis mauvaise" et "je ne vais pas y arriver".
    Il y a aussi des "il/elle va penser que je suis nulle etc." ; d'après la psy, c'est la preuve que j'ai encore de l'anxiété sociale.
    Elle m'apprend donc à apposer à côté des ces pensées dévalorisantes, des pensées valorisantes, à faire la part des choses avec des pensées plus contextualisées et moins générales. Je dois m'entrainer afin que ça devienne un automatisme. Tout comme le fait de me dévaloriser est un automatisme, me (re)valoriser doit pouvoir le devenir.

    Je lui ai demandé si la susceptibilité était en rapport avec la faible estime de soi. Elle m'a dit que c'était tout-à-fait le cas. La critique, chez le susceptible, vient effondrer le peu d'estime qu'il avait réussi à échafauder.

  • Le syndrome X-Men

    J'ai visionné des vidéos sur le HPI. Beaucoup de vidéos.
    Deux réflexions me sont venues à l'issue de cette intense période de visionnage.

    Premièrement, au final, ça n'est pas très éloigné su syndrome d'Asperger. Du moins sur les conséquences en terme d'adaptation à la société. Je comprends décidément pourquoi j'avais émis cette hypothèse me concernant.

    Deuxièmement, on se croirait dans les X-Men.
    Je cite la page wikipédia des X-Men :
    "Dans l'univers des X-Men, les mutations génétiques octroient des super-pouvoirs à une part croissante de la population. Ces qualités surhumaines se dévoilent en général à l’adolescence, moment critique pendant lequel un mutant peut sombrer dans le doute et l’égarement ou au contraire peut arriver à maîtriser ses dons et devenir un individu épanoui."
    Et bien, quand on écoute les psys qui s'expriment sur le thème des personnes à HPI, qu'ils les nomment "doués", "surdoués", "haut potentiel", "neuro-droitiers" ou encore "cerveaux droits", tous (du moins tous ceux que j'ai écoutés) parlent de gens qui ont des capacités hors du commun, d'origine génétique, avec des spécificités neurologiques, sensorielles, cognitives, émotionnelles, empathiques, etc. et qui n'arrivent pas à s'intégrer dans la société car elle n'est pas adaptée à leurs spécificités.
    Si là-dessus, on rajoute Mensa, le club international pour HPI, les centres Cogito’Z et autres écoles pour surdoués, alors le tableau est complet.

     

     

    L'Institut Xavier pour jeunes surdoués.
    L'Institut Xavier pour jeunes surdoués. X-Men: First Class.

     

     

    Il ne manque plus qu'à faire un petit peu d'eugénisme via Zebras Crossing (le Meetic pour surdoués), et hop !
    En conclusion, je ne sais pas si les surdoués sont l'avenir de l'humanité, mais le gros avantage - pour l'humanité - des surdoués par rapport aux X-Men, c'est précisément que, quand on observe comment sont les surdoués, on comprend qu'on a peu de chance de voir émerger un jour Magnéto et son goût pour la suprématie mutante.

     

     

     

    Lien permanent 0 com' Catégories : Haut Potentiel Intellectuel
  • Comprendre le haut potentiel intellectuel chez l'adulte ?

    Quelques médias sur les adultes à haut potentiel intellectuel :

     

    Des témoignages, plutôt touchants, d'adultes diagnostiqués sur le tard, pour l'émission "In Vivo, l'intégrale" sur France 5 (27 min) :

     

     

    Une intervention d'Arielle Adda (psychologue), pour MENSA France, qui explique très bien le (mon) parcours scolaire et professionnel des personnes à HPI (14 min) :

     

     

    Une intervention de Monique de Kermadec (psychologue), pour MENSA France, qui explique comment le monde voit l'adulte à HPI et comment l'adulte à HPI voit le monde, défait les mythes concernant le HPI, explique les 4 formes d'intelligence (cognitive, émotionnelle, relationnelle et créative) qui peuvent être amenée à poser problème aux personnes à HPI et qu'en faire pour avancer (28 min) :

     

     

    Une intervention d'Arielle Adda (psychologue), pour MENSA France, qui aborde la méconnaissance des professionnels face au HPI et la difficulté de la prise en charge ; le manque du sens de l'effort, le syndrome de l'imposteur et le perfectionnisme qui poussent à se forger une armure (ce que M. de Kermadec appelle le faux-self) chez les personnes à HPI (44 min) :

     

     

    Une conférence de Jeanne Siaud-Facchin (psychologue) qui explique le fonctionnement émotionnel (hypersensibilité, yoyo émotionnel, ingérence affective, etc.) et le fonctionnement cognitif et neurologique (tempête sous un crâne, intuition, déficit d'inhibition latente, pensée en arborescence, etc.) chez les personnes à HPI (41 min) :

     

     

    D'autres témoignages d'adultes à HPI dans l'émission "Sur les docks" de France Culture (54 min) :

     

     

     NB : MENSA est un club international de personnes à haut potentiel intellectuel.

    Lien permanent 3 com' Catégories : Haut Potentiel Intellectuel
  • Estime de soi

    Je suis retournée voir la psy qui m'a fait passer les tests, parce que j'avais des questions à lui poser. Notamment pour qu'elle m'indique qui aller voir pour la suite, parce que j'étais convaincue qu'elle avait autre chose à faire que de suivre des gens comme moi, dans la mesure où elle est spécialisée dans l'autisme.
    Elle m'a expliqué qu'elle suit beaucoup d'adultes, dont pas mal de HPI, que mon cas méritait tout autant d'attention que n'importe qui d'autre et qu'elle ne voyait pas d'inconvénient à me suivre, d'autant plus qu'elle ne connaît pas de psy spécialisé dans le HPI. Elle m'a conseillé de prendre contact avec une asso de parents d'enfants HPI pour avoir d'autres noms, afin d'avoir le choix.
    Ensuite elle m'a demandé sur quoi je souhaitais travailler, qu'est ce que j'aimerais arriver à faire que je n'arrive pas à faire actuellement. Je lui ai expliqué que je voudrais être dans la sphère privée comme je suis au travail : affirmée, dynamique, confiante. Je lui ai parlé du bouquin de M. de Kermadec, qu'elle ne connaissait pas "probablement parce que c'est une psychanalyste" et de l'histoire du faux-self. Je lui ai parlé aussi de mon rapport à l'argent, de mon manque d’affirmation avec mes proches, de mes difficultés de prise de décision, de mon manque d'initiative que je pense inhibé par une sorte d'auto-censure, de la pauvreté de ma vie sociale. Elle m'a dit qu'il lui semblait qu'une grande partie de mes difficultés étaient liées à ma faible estime de soi. Je lui ai dit que, pourtant, avec le psy, nous avions évalué que je n'avais pas de problème d'estime de soi. Elle m'a fait passer un questionnaire, chose que n'avait pas fait le psy. En fait, avec le psy, à l'époque, nous n'avions évalué que l'affirmation de soi.
    Il en ressort que j'ai une estime de soi très faible.

    Voici ce questionnaire :

    http://www.preparationmentale.fr/echelle-destime-de-soi-de-rosenberg/

    (mon score était de 24)

    La psy m'a expliqué qu'on pouvait améliorer l'estime de soi (arriver à un score entre 31 et 34) avec une thérapie qui se ferait en 10/12 séances, à raison d'une séance tous les 15 jours. Et que de cela découleront tout un tas d'amélioration en terme de qualité de vie ; mais que cela risquait de modifier l'équilibre de mon couple et qu'il fallait que mon mari et moi soyons prêts à cela.
    C'est donc avec elle que la suite se fera.

  • WAIS IV

    Un lecteur, toujours le même, m'a demandé mes résultats de test de QI. Je ne les avais pas publiés, pensant que ça n'intéresserait personne.
    Les voici, donc.


    Première page : (cliquer sur l'image pour l'agrandir)

    WAIS%20IV%201.JPG

     

    Deuxième page :

    WAIS%20IV%202.JPG

     

    Troisième page :

    WAIS%20IV%203.JPG

    Où je découvre, très surprise, que non, je ne suis pas nulle en calcul mental (je me suis toujours crue nulle en calcul mental, depuis les petites classes), je suis juste : pas "très forte". C'est le seul domaine où je suis "dans la moyenne des gens de mon âge".
    Cette anecdote résume bien ce que c'est que d'être perfectionniste, psychorigide et hypersensible à la critique, ce que sont souvent les gens à HPI : si ce n'est pas parfait (ou génial, ou extraordinaire, etc.), c'est que c'est nul.
    Depuis que je sais que je ne suis pas nulle, donc que ce n'est pas désespéré, je m'entraîne.

     

    Et la conclusion :

    WAIS%20IV%204.JPG

     

    WAIS%20IV%205.JPG

    (avec la coquille concernant le syndrome d'Asperger.)

     

  • Back to basics

    Sigmund

     

     

    Je viens de lire le deuxième livre conseillé par ma psy TCC au sujet des hauts potentiels.
    Le premier était le même que celui que m'avait conseillé la psy spécialisée dans l'autisme qui m'a fait passer les tests diagnostiques : "Trop intelligent pour être heureux ? L'adulte surdoué" de Jeanne Siaud-Facchin, dans lequel je ne m'étais pas beaucoup reconnue. 
    Le second était : "L'adulte surdoué à la conquête du bonheur" de Monique de Kermadec.

    Dans ce livre de Mme de Kermadec, je me reconnais parfaitement. L'auteur est spécialisée dans le suivi des hauts potentiels et on sent bien qu'elle sait de quoi elle parle. 

    Mais, car il y a un ÉNORME MAIS, ce livre est à prendre avec des pincettes.
    Premièrement, l'auteur est psychologue psychanalyste. Or, il n'est nullement fait mention de son état de psychanalyste sur la quatrième de couverture, donc, déjà, ça m'a fortement agacée. Ceci-dit, on se rend très vite compte à la lecture que l'auteur est psychanalyste.
    Deuxièmement, ce qui m'a posé problème dans ce livre, outre le fait que l'on n'annonce pas la couleur psychanalytique, c'est le 3ème chapitre. Il n'a pas sa place dans ce livre. Je m'explique : ce chapitre est très culpabilisant et rempli de verbiage psychanalytique. L’auteur y parle de refus de guérir (de quoi ? on ne sait pas), de s'identifier à sa souffrance, d'aimer sa souffrance, et même de masochisme. Elle va jusqu'à associer la notion de rumination à la notion de plaisir (le livre a failli voler par la fenêtre) ! Bref, ce chapitre 3, qui contredit à peu près tout ce que l’on peut lire dans le reste du livre, est tout-à-fait dispensable. A tel point qu’on le croirait rajouté à la va-vite, pour s’éviter les foudres de l’intelligentsia psychanalytique.

    Donc, une fois passée la colère de lire de telles inepties et après avoir dument pesté contre la psychanalyse et les psychanalyseux, qui, décidément, ont de sérieux problèmes, je me suis dit que si ma psy TCC me l'avait conseillé, c'est qu'il y avait une raison. Donc je l'ai terminé.
    Et grand bien m'en a pris.
    Mme de Kermadec décrit parfaitement ce qui a conduit chez moi au développement de ma phobie sociale.
    Et je dirais même plus, elle m'a permis de comprendre d'où vient ma phobie sociale et mes problèmes divers et variés.
    J'ai compris, grâce à elle, que je m'étais fourvoyée. Je pensais que la dichotomie dont je fais preuve entre ce que je suis au travail et ce que je suis dans la sphère privée était due à un apprentissage par imitation de mes mentors pendant ma formation professionnelle et que, ayant manqué de modèles solides sur le plan privé j'étais "nature", donc incapable de communiquer correctement mes émotions, puisque je n'avais pas appris à le faire. Je pensais jouer un rôle au travail, comme un comédien qui entre en scène, comme un torero qui a revêtu son habit de lumière, je devenais autre dès que j'avais passé ma blouse. D’ailleurs, ma récente remise en question, au cours de laquelle j'en suis venue à penser que je pouvais être atteinte du syndrome d'Asperger car j'avais atteint mes limites en terme de sociabilisation malgré ma si longue TCC, signifiait bien que je pensais être déficitaire de manière innée sur le plan de la sociabilisation.
    Mais, si j'en crois Mme de Kermadec, "selon Donald W. Winnicott, nous révélons notre "vrai soi" dans chaque geste spontané, chaque sentiment immédiat que nous ressentons et exprimons". "Le vrai self exprime et développe le potentiel inné de l'individu, le faux self assure sa protection contre les agressions dont il pourrait être victime s'il exprimait en toute vérité son vrai self."  Le faux self est une sorte de carapace qu'on développe pour tenter d'être accepté par le groupe (famille, école). Idéalement, les deux selfs doivent se combiner. Or, chez les personnes différentes, donc les HPI, qui sont rejetées pour leur différence, le faux self, avec ses mécanismes de défense, prend le dessus.
    Or, au travail, je fais tout de manière spontanée, je me sens comme un poisson dans l'eau et je n'ai pas peur. Et dans la sphère privée, je me sens inhibée, pas sûre de moi, je ne prends pas d'initiative, j'ai peur d'être rejetée et je m'efface. Mon naturel semblerait donc plutôt s'exprimer au travail, où ma créativité et ma spontanéité s'expriment également.
    Mon mécanisme de défense, c'était de rentrer dans le moule : "enfant modèle, écolier parfait, étudiante studieuse". Une "focalisation sur les attentes de l'entourage, afin de les devancer et d'attirer les louanges et l'affection", des "concessions sans fin", avec la "peur de décevoir" ou d'être, encore une fois, "ostracisée". Bref, Mme de Kermadec vient de décrire ma phobie sociale et mon manque d'affirmation.
    Donc, en conclusion, c'est au travail que s'exprime mon vrai moi, celui qui est spontané et créatif, et c'est dans la sphère privée que s'exprime mon "faux self", et non le contraire, comme je le pensais.
    Ce qui explique ce sentiment de vivre dans une carapace, que je me souviens d'avoir exprimé dans mon ancien blog en citant Jean-Louis Murat, et dont je parle dans une ancienne note ici :

    Exutoire

    Je monte sur un pont
    je plonge rassuré
    Je n'aimais pas mon nom
    je n'ai jamais su aimer
    La carapace d'or
    qui protège ma vie
    serait-elle un trésor ?
    Je la trouve hors de prix

    Jean-Louis Murat - Royal Cadet

    Explication de texte :

    Il y a des jours où on a l'impression de porter sur soi une sorte de carapace, dont on voudrait bien se défaire.
    Ce serait comme la métamorphose à l'envers.



    Bref, tout ça pour dire que grâce à ce bouquin, j'ai compris un peu plus comment je fonctionne et sur quoi il faut que je travaille pour avancer. Reste plus qu'à trouver le ou la psy qui saura faire avec moi ce que Mme de Kermadec fait avec ses patients HPI pour les aider à se retrouver, à se libérer.

    Le plus drôle dans l'histoire est ce qui suit.
    Pour faire simple, ce qu'elle propose à ses patients, c'est ce qui est proposé dans les thérapies ACT (c'est à dire les thérapies cognitivo-comportementales de dernière génération, dites TCC de 3ème vague) :
    - observer et accepter les pensées et les émotions douloureuses, ne plus les fuir et trouver à quels évènements plus ou moins traumatiques de son enfance elles font écho
    - définir ses valeurs : ce en quoi on croit vraiment quand on a arrêté d'écouter les pensées automatiques inculquées par son entourage (fais pas ci, fais pas ça, tu ne dois pas, tu dois etc...) : retrouver son vrai self
    - réaliser des actions engagée vers ses valeurs : de l'audace !
    - persévérer, continuer à travailler sur l'acceptation et l'action engagée
    - utiliser les outils actuels tels que la méditation de pleine conscience et l'auto-compassion pour y parvenir.
    Donc, Mme de Kermadec, telle Mr Jourdain, est une psychanalyste qui fait de l'ACT.

  • Les tests de dépistage des Troubles du Spectre Autistique

    Alors voici le détail des tests de dépistage des Troubles du Spectre Autistique que j'ai passés.

    Le ASDASQ (Autistic Spectrum Disorders in Adult Screening Questionnaire) : passé lors de la première consultation, il est composé de 9 questions, un score est de 6 ou plus doit conduire à des investigations plus poussées. Mon score était de 6.

    Les investigations plus poussées, passées lors de la séance de passation, étaient donc :

    Le FQ (Friendship Questionnaire) : Quotient Amitié et Relations, composé de 35 questions. Je n'ai pas le détail de mon score.

    Le SQ-R (Systemizing Quotient - Revisited) : Quotient de Systématisation version révisée, composé de 75 questions. Je n'ai pas le détail de mon score.

    Le AAA (Asperger Adult Assesment), composé de 2 sous-qestionnaires :

    - Le AQ (Autisim-Spectrum Quotient) : Quotient du Spectre Autistique, composé de 50 questions. Mon score était de 29/50. 80% des sujets atteints du SA ont 32/50 ou plus.

    - le EQ (Empathy Quotient) : Quotient d'Empathie, composé de 60 questions. Mon score était de 26/80. 80% des sujets atteints du SA ont 30/80 ou moins.


    Puis à l'aide des réponses données dans tous ces questionnaires (ASDASQ, FQ, SQR, ED et AQ dans AAA), on évalue les 4 domaines suivants :
    - A) le trouble qualitatif de l'interaction sociale : mon score était de 3/5 (rempli) ;
    - B) les comportements, intérêts et activités limités, répétitifs et stéréotypés : mon score était de 1/5 (non rempli) ;
    - C) les troubles qualitatifs de la communication verbale ou non verbale : mon score était de 3/5 (rempli) ;
    - D) le trouble de l'imagination : mon score était de 2/3 (rempli).
    3 domaines sur 4 sont remplis me concernant.


    On évalue également les "prérequis" par le biais de l'entretien mené lors de la première consultation et lors de la passation:
    - les problèmes notés ci-dessus ont tous été présents pendant toute la vie (rempli) ;
    - le trouble est la cause de difficultés sociales, occupationnelles ou autres significatives sur le plan clinique (rempli) ;
    - il n'y a pas de retard de langage (rempli) ;
    - il n'y a pas de retard du développement cognitif ou dans le développement de l'autonomie, dans le comportement adaptatif (autre que dans l'interaction sociale) (rempli) ;
    - les critères pour un autre trouble envahissant du développement ou une schizophrénie ne sont pas remplis (rempli).
    Les 5 prérequis sont remplis me concernant.


    Conclusion :
    "Ainsi, même si Mme ... présente plusieurs signes cliniques dans tous les domaines qui posent habituellement problème dans le cadre d'un syndrome d'Apserger, ces signes ne sont pas assez nombreux dans le domaine des obsessions [domaine B] pour que l'on puisse conclure qu'elle présente un syndrome d'Asperger."
    Puis, plus loin :
    "Les réponses qu'elle a apportées sur les différents questionnaires de dépistage, même si on retrouve plusieurs symptômes du syndrome d'Asperger, ainsi que les observations en cours d'entretien et de passation qui révèlent un bon niveau d'adaptation sociale et de communication verbale et non verbale, ne nous permettent pas de conclure que Mme ... présente un syndrome d'Asperger."


    Pour l'anecdote, le compte-rendu écrit comporte une (énorme) coquille, car au lieu d'écrire:
    "ne nous permettent pas de conclure que Mme ... présente un syndrome d'Asperger",
    la psy a écrit :
    "ne nous permettent pas de conclure que Mme ... ne présente pas un syndrome d'Asperger"
    Probablement une erreur de copier-coller.

    Lien permanent 2 com' Catégories : A propos de moi, Asperger, Bulletin de santé
  • C'est pas passé loin

    J'ai donc revu la psy spécialisée dans l'autisme pour la restitution des résultats des tests.
    Comme je le dis dans le titre de cette note, c'est pas passé loin !
    J'ai beaucoup de traits commun avec les Aspergers, à tel point que la psy s'est posé des questions et qu'elle a du étudier mon cas avec ses collègues pour être sûre de sa décision, mais je n'ai pas suffisamment de points validés pour que le couperet tombe. Je ne suis pas Asperger. Elle m'a toutefois confirmé que mes interrogations n'avaient rien de saugrenu.
    Par contre, elle a mis le doigt sur autre chose, grâce au test psychométrique, le WAIS-IV. Je suis à haut potentiel intellectuel (c'est ce qu'on appelle être surdoué ou précoce chez les enfants). C'est à dire que mon QI est supérieur à 130 (plus de 2 écarts-types de différence avec la moyenne des gens de mon âge). Elle n'a pas pu me calculer de QI globlal, car mes compétences sont hétérogènes. Mais en gros, la source de mes problème est identifiée : je pense, je réfléchis et je perçois les émotions différemment des autres, ce qui explique mes difficultés d'intégration sociale et mes problèmes anxieux divers et variés.

    Elle m'a conseillé de lire "Trop intelligent pour être heureux ? L'adulte surdoué." de Jeanne Siaud-Facchin (l'inventeur du terme "zèbre" pour les gens à HPI) ; que j'ai dévoré dans le week-end, chose rare, en général je lis très lentement.
    J'y ai surtout reconnu mon mari, qui va passer les tests lui aussi, dans quelques temps, pour savoir comme moi ce qui cloche chez lui.
    N'ayant pas eu de difficultés scolaires, je cadre peu avec les descriptions principales du livre. L'auteur y aborde beaucoup plus succinctement le cas des gens qui se sont fondus dans le moule et les spécificités des femmes. On retrouve un peu le même problème qu'avec le SA : les femmes et les petites filles passent plus inaperçues, donc  elles sont moins dépistées et donc moins étudiées.

    Pour résumer, les gens à haut potentiel intellectuel ont une intelligence différente et sont hypersensibles. Ils sont de grands anxieux. Ils ont tendance à être envahis par leurs émotions et celles des autres.
    Ils ont habituellement une trop grande empathie, ce qui tranche avec moi, qui en aurais plutôt pas assez. La psy explique mon manque d'empathie comme un mode de protection face à un (des) traumatisme(s) de mon enfance. Je lui ai dit que ça me parlait et je lui ai raconté brièvement le décès de ma sœur et mon instit perverse narcissique. Elle m'a dit qu'il était possible que je souffre d'un syndrome de stress post-traumatique (PTSD ou post traumatic stress disorder) et m'a conseillé de faire de l'EMDR.
    J'ai aussi appris que les gens à haut potentiel intellectuel sont souvent très susceptibles, perfectionnistes et ne supportent pas l'échec (tiens donc !).
    Leurs troubles anxieux et la façon dont ils sont (mal) perçus par les autres pendant leur scolarité peuvent les amener à l'échec, voire à la phobie scolaire, ce qui ne fut pas mon cas. Mais ma phobie sociale semble venir de là.

    Donc voilà, je sais ce qui cloche chez moi. Je suis un zèbre.
    Je vais pouvoir continuer à avancer mieux et de manière plus adaptée.
    Quand j'aurai digéré la nouvelle.

     

     Quelques liens sur le HPI :

    - http://www.anpeip.org/et-les-adultes
    - http://www.avancetoi.be/caracteristiques
    - http://garhp.com/fr/left/definition-le-haut-potentiel-selon-le-garhp/
    - http://planetesurdoues.fr/index.php/adultes-surdoues/sites/

     

    A l'heure où j'écris ces quelques lignes, je n'ai pas le compte-rendu de la psy sous les yeux, je ne peux donc pas mettre ici le détail des tests sur le SA, mais je le ferai dès que possible.