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Thérapie : les séances avec le recul

  • PTSD (avril et mai 2017)

    J'ai revu deux fois la psy depuis ma dernière note. Je ne pensais pas avoir pris autant de retard.

    Lors de la séance du mois d'avril, nous avons travaillé sur les situations dans lesquelles j'ai du mal à m'affirmer. La psy m'a entraînée à répondre de manière affirmée à différentes situations et à demander des choses de manière affirmée. Elle m'a demandé de m'entraîner à le faire régulièrement en situation réelle, en commençant par des situations peu anxiogènes. Elle m'a demandé également de continuer à relever ce genres de situations, pour que nous continuions à travailler dessus.
    Parmi ces situations anxiogènes, il y a des situations où je n'ai pas confiance dans mes arguments et la peur de me tromper prend le dessus. Cela me rappelle mon instit de CP CE1 qui humiliait les enfants qui faisaient des erreurs. C'est pourquoi la psy m'a aussi demandé de replonger dans mes souvenirs d'humiliation avec cette institutrice et de les rédiger pour la prochaine séance. Elle veut que nous avancions là-dessus, car elle pense que j'ai une sorte de PTSD (post traumatic stress disorder ou syndrome de stress post-traumatique) et elle veut m'en faire sortir.


    Lors de la séance du mois de mai, nous avons exploré mes souvenirs traumatiques avec l'institutrice et avec la prof de fac (je l'ai rajoutée, car en écrivant mes souvenirs de l'instit, ils ont fait remonter ceux avec cette prof) qui s'étaient acharnées sur moi quand j'étais sous leur coupe. J'ai été beaucoup plus sereine pour parler de l'instit cette fois-ci, je pense que c'est parce que j'avais déjà un peu vidé mon sac à ce sujet avec la psy auparavant. Par contre, j'ai pas mal pleuré en parlant de la prof de fac.
    La psy a cherché à savoir si ces souvenirs me hantaient, m'empêchaient de dormir et s'ils polluaient mon quotidien, signes d'un PTSD. Ce n'est pas le cas. Par contre, ils refont surface dans des situations bien précises, où j'ai peur d'être humiliée. Elle m'a demandé de noter ces situations gâchettes (trigger) qui font remonter à la surface les émotions de ces humiliations passées.

    En fait, j'ai été étonnée de retrouver si peu de souvenirs traumatiques, je commençais à me dire que nous faisions fausse route. D'autant que d'après ce que j'ai raconté sur la prof de fac, comment j'ai réussi à surmonter ma peur de la recroiser des années plus tard, la psy m'a dit qu'elle pense que j'avais dépassé ce problème et que cela n'avait plus d'impact sur ma vie. (Ce qui n'est pas le cas de ce qui s'est passé avec l'instit.)
    Et puis ce matin, je suis tombée sur ceci :

    https://runreard.tumblr.com
    https://runreard.tumblr.com
    https://runreard.tumblr.com
    https://runreard.tumblr.com
    https://runreard.tumblr.com
    https://runreard.tumblr.com
    https://runreard.tumblr.com
    https://runreard.tumblr.com
    https://runreard.tumblr.com
    https://runreard.tumblr.com
    https://runreard.tumblr.com
    Source : https://runreard.tumblr.com/

    L'auteur de la BD a représenté ici ce que peut être un PTSD causé par des faits assez similaires à mon vécu.
    Quand je suis tombée sur cette BD, plein de souvenirs d'agression (du moins vécus comme tels) et de harcèlement me sont revenus de l'époque du collège. Des souvenirs très douloureux, très anxiogènes et très amers, qui venaient parfaitement compléter ce manque de souvenirs que j'exprimais plus haut.
    Cette BD m'a aidée à mieux comprendre ce que la psy recherche chez moi. 
    Il n'y a pas eu que l'instit de CP CE1 pour m'apprendre à avoir peur de l'humiliation et peur des gens. Il y a eu mes camarades du car de ramassage scolaire. Des humiliations, du harcèlement, un sentiment de blessure, de meurtrissure et une douleur presqu'intacts aujourd'hui. Et un sentiment de haine qui s'en suit.
    A peu près ce que j'ai ressenti quand j'ai visionné l'extrait de la récente émission de Hanouna où il piège un jeune homme avec une petite annonce pour un plan cul. De la douleur, puis de la haine.
    J'avais évoqué ces souvenirs du car de ramassage scolaire avec le psy d'avant (voir cette note), mais nous ne sommes pas allés au fond des choses. Je ne les ai pas (encore) évoqués avec la psy actuelle (ni avec celles d'avant).

    Bon, c'est bien, on avance.

  • Miroir

    Introspection de  Giulia Marangoni

     

    C'est quand-même plus agréable de noter chaque jour ce dont je suis contente (ou qui me rend fière de moi) que de noter mes pensées négatives. Autant, les premiers temps, j'avais du mal, autant aujourd'hui j'aime bien le faire, ça me fait du bien.

    A part ça, en ce moment, ma salariée est en arrêt maladie. Sa remplaçante actuelle n'est pas affirmée. Elle n'ose pas faire plein de choses. Y compris des choses qu'elle est sensée faire sans que je lui demande. Mais aussi des choses qu'elle devrait proposer pour améliorer l'activité du cabinet. Certes, elle n'est que remplaçante, et n'est pas obligée de se sentir investie à fond. Mais si ma salariée est mise en invalidité, le poste sera à prendre et la remplaçante le sait. Son manque d'affirmation, son manque d'initiatives, qui ont tendance à m'agacer, parce que ça porte préjudice à l'efficacité de mon travail, me mettent face à mes propres difficultés d'affirmation. Ce miroir quotidien de mon manque d'affirmation me pousse à me remettre en question. Ainsi, petit-à-petit, je me force à (enfin) oser faire ou dire des choses qu'en temps normal je remiserais dans la case du "de toutes façons, c'était pas très intéressant/important". Du coup, je me fais un peu plaisir, et je sens que ça porte ses fruits.
    En même-temps, quand j'écris ce mots, j'ai le sentiment que ça fait 10 ans que je me dis "ça y est, j'y arrive" et je me demande si, en fait, mes avancées ne seraient pas tellement faibles que dans 10 ans j'en serai encore à me dire "ça y est, j'y arrive".
    Et je me dis aussi que mon mari a bien eu du mérite de me supporter il y a 10 ans.

  • Space Oddity

    Je me pose plein de questions.
    Certes, je veux bien ne pas être Asperger et avoir en réalité plein de stigmates de mes différents phobies qui n'ont pas été traités, parce que le psy n'a jamais prêté attention à certaines de ces difficultés ; et ne m'a jamais fait faire d'exercices d'exposition pour gérer les difficultés qu'il a repérées. Mais alors que faut-il que je fasse ? Que je me retape encore 8 ans de thérapie pour espérer fonctionner correctement ?
    Où sont mes limites ? Jusqu'à où pourrai-je progresser ? 
    A ce jour, je ne suis pas autonome professionnellement. Je ne parviens pas à résoudre mes problèmes. Seule, je reste sidérée tel le lapin dans les phares d'une voiture.
    Sur le plan privé, communiquer et sociabiliser me pose problème, prendre des initiatives me pose problème, intégrer les autres dans ma vie me pose problème, m'adapter au changement me pose problème.
    Que ce soit à cause de mes peurs ou parce que j'ai un déficit des fonctions exécutives, finalement, je me demande quand-même si je suis faite pour cette planète.

  • Bref, j'ai revu le psy.

    Je suis donc allée à mon rendez-vous avec le psy, pour lui exposer ma problématique.
    Il m'a écoutée, entendue, même. Il m'a demandé de lui citer les éléments qui me font penser au syndrome d'Asperger.
    Alors il m'a dit qu'une partie des points que je cite sont des choses tout-à-fait normales, qu'on rencontre chez tout le monde, comme les routines, et surtout comme le fait d'être peu genrée en me citant comme exemple Simone de Beauvoir et Elisabeth Badinter qui parlaient de "se déguiser en fille"; je lui ai répondu qu'à mon avis ces deux femmes-là sont sur le spectre. Il pense aussi que le fait que je me reconnaisse dans le bouquin de Rudy Simone sur l'Asperger au féminin n'est pas un argument : "à la fac de médecine, quand on  avait les cours sur les personnalités borderline, tous les étudiants se reconnaissaient" etc. Je ne suis pas d'accord, j'ai lu des livres sur des tas de pathologies dans lesquelles je ne me suis absolument pas reconnue.
    Et il pense que le reste des éléments que j'ai cités sont les stigmates de ma phobie sociale. Des points qui restent à traiter, que je n'avais pas mentionnés au début de ma thérapie, sur lesquels nous n'avions donc pas travaillé. La perspective de repartir sur des séances avec lui m'a fait fondre en larmes. Il m'a demandé si pleurais parce que je VOULAIS être Asperger. Je lui ai dit que c'est parce que je ne voulais pas recommencer à revenir le voir pendant encore des mois et des mois. Il a tenté de me rassurer en me disant que ça pourrait être très court. Je lui ai répondu que la TCC de départ devait être très courte et ça a duré 8 ans et c'est pour ça aussi que je pense qu'il y a autre chose.
    Et puis, en désespoir de cause, je lui ai dit que j'avais une autre motivation pour le diagnostic : si le CRA accepte de me faire passer le test, je veux que mon mari vienne à la séance où on m'explique le diagnostic, quel qu'il soit, et qu'il entende de la bouche de spécialistes que j'ai des difficultés réelles, quelles qu'elles soient, et qu'on nous les explique, pour qu'il comprenne à quel point je fais des efforts en permanence et que je ne fais jamais exprès de dysfonctionner et surtout jamais parce que je ne me soucie pas de lui. 
    En entendant ça, le psy a changé de discours et m'a dit qu'il comprenait pourquoi je me voyais Asperger, qu'il cernait bien chez moi cette difficulté à communiquer et à interagir avec les autres, ce sentiment que j'ai de devoir apprendre à fonctionner, mais que j'étais certainement en bout de spectre et que je serai très difficile à diagnostiquer. Que tout ce que je risquais d'obtenir comme diagnostic c'est "une tendance à l'Asperger". Je lui ai dit que j'en étais consciente et que ça m'allait tout-à-fait. Alors il m'a dit que lui n'avait pas assez d'arguments à présenter au CRA pour "les appâter" et les inciter à me faire passer le test et m'a demandé de travailler sur cette liste en m'aidant de mes lectures. Il m'a conseillé également d'éviter de faire référence à des auteurs non reconnus (il parlait de Rudy Simone). 

    Donc, pour résumer, le psy compte sur MOI, patiente, pour faire SON travail de psy.
    Je peux me tromper, mais je ne pense pas que ce phénomène s'explique par les stigmates de ma phobie sociale...


    A part ça, j'ai vérifié sur le site du CRA de ma région, la base de données du Centre de Documentation est accessible en ligne : ils ont le livre de Rudy Simone, dans la catégorie "Asperger", section "Aspects généraux et identification". 

  • Ultra Light

    J'ai pris rendez-vous avec le psy pour qu'il me fasse la recommandation pour le Centre de Ressource Autisme pour le diagnostic du syndrome d'Asperger. Je le vois la semaine prochaine.

    En attendant, j'ai commencé à lire le livre "L' Asperger au féminin" de Rudy Simone. Cette femme est une écrivain, chanteuse et comédienne américaine, atteinte du syndrome d'Asperger qui, dans ce livre, a tenté de décrire le syndrome d'Asperger chez la femme, en interviewant plein de femmes Asperger. En effet, avant ce livre, aucune description du SA au féminin n'existait et la description "officielle" du SA était basée uniquement sur des sujets masculins. Le SA ayant des répercussions sociales et sur l'identité de genre, il était important que son impact sur les femmes soit décrit.

    Et bien, à peu de chose près, tout ce que j'y lis semble raconter ma vie, mais en version "ultra light". C'est à dire que je me retrouve dans les traits, difficultés et particularités qu'elle décrit, mais en version moins marquée que ce qui transparaît dans les témoignages qu'elle cite.
    Il y a d'ailleurs plusieurs items pour lesquels je me suis dit "ha mais ça, c'est pas le cas chez tout le monde ?!".
    Comme saturer très vite et être fatiguée après avoir sociabilisé (pour moi partir en week-end chez des amis, ou aller à une grosse fête, sans forcément me coucher tard) ou encore soliloquer dès qu'on ne me voit pas ou qu'on ne m'entend pas. Rudy Simone classe d'ailleurs le soliloque dans les stéréotypies.

    J'ai aussi découvert que j'avais des traits autistiques assez typiques, comme :

    - les intérêts électifs. En matière de musique, je ne m’intéresse qu'à un seul artiste à la fois, je cherche à connaître tout de cet artiste, je n'écoute que lui exclusivement. Puis, un jour, je passe à un autre. J'ai eu ma période Higelin. Puis ma période Murat. Puis plus rien du tout. J'ai donc plein de CDs, mais qui ne concernent que très peu d'artistes. En BD, c'est pareil. J'ai principalement des œuvres de Hugo Pratt, et c'est à peu près tout, mais par contre, je les ai tous. Le fait de lire énormément de bouquins de psycho, aussi, même des ouvrages destinés aux professionnels, pour en apprendre le plus possible sur la phobie sociale (j'ai d'ailleurs compris pourquoi j'étais étonnée de découvrir que les autres phobiques sociaux ne lisent pas des quintaux de livres de psycho).

    - Évidemment, le fait de ne pas savoir se faire d'amis ou entretenir un lien amical. Au collège, la coutume voulait qu'on demande à ses amis (du collège et hors collège) d'écrire une dédicace sur nos cahier de texte. Moi, j'avais écrit de fausses dédicaces provenant d'amis fictifs, pour que personne ne puisse me dire "han, mais t'as pas d'amis !".
    Je pensais être débarrassée de ce genre de difficultés par ma TCC. Or récemment, j'ai eu la preuve du contraire. Une amie de très longue date de mon mari est revenue dans notre entourage, après une très longue absence qui a démarré à la période où j'ai rencontré mon mari. Comme ils ont très longtemps été très proches, ils sont redevenus très proches très vite. Hé bien j'ai énormément de mal à l'intégrer dans le cercle des intimes. C'est une souffrance pour moi. Je ressens les mêmes choses que quand j'ai rencontré mon mari et qu'il m'a présenté ses amis il y a 10 ans. Je sens qu'il va me falloir beaucoup de temps pour y arriver. Quant-à l'idée de me faire des amis à moi, et non de me greffer sur les amis de mon mari, là-dessus, rien n'a évolué malgré la TCC. 

    - Le fait de ne pas être à l'aise avec les gens sur le plan tactile : il y a quelques années, quand mon mari essayait de me réconforter en me prenant dans ses bras, je me raidissais. J'ai appris à ne plus le faire, pour ne plus blesser mon mari.

    - Le fait d'avoir des activités et centre d'intérêts peu genrés : je ne fais pas de trucs de filles, ça ne m'a jamais intéressé, ça ne m'intéresse toujours pas. J'ai essayé pourtant, j'ai même lu de la presse féminine, mais il n'y a pas moyen, je trouve ça inintéressant. Les fringues, la mode, le maquillage... Je ne sais pas non plus me mettre en valeur sur le plan vestimentaire, au grand dam de mon mari. J'ai appris à me maquiller avec une reloockeuse. Au début, je me forçais à le faire, car ça m'ennuyais prodigieusement. Aujourd'hui, c'est rentré dans ma routine du matin, donc je ne sors plus travailler sans maquillage.

    - Les routines, parlons-en. Le matin, avant de partir travailler, si quelque chose ne se passe pas comme d'habitude, c'est très difficile pour moi. J'ai d'ailleurs blessé mon mari en lui expliquant, sans penser à mal le moins du monde, que si j'étais désagréable avec le matin au réveil, c'est parce qu'il ne fait pas partie de ma routine (mon mari est un oiseau de nuit, il se lève toujours après que je sois partie au travail, sauf à de très rares exceptions). Il a fallu qu'il m'explique en quoi c'était blessant.
    J'ai une autre routine qui vient de se mettre en place : aller à l'hypermarché en sortant du travail le mardi soir. Au début, quand mon mari me demandait d'y aller de temps à autres pour aller chercher un truc qui n'est vendu que dans cet hyper-là, je rechignais énormément. Je pensais que c'était le fait d'aller dans un hyper le soir après une journée de travail, avec la fatigue dans les pattes, qui me faisait reculer. Nous avons déménagé récemment, et durant la phase de déménagement, nous n'avons plus eu le temps de faire les courses le week-end en journée. J'ai donc du aller à cet hyper régulièrement les mardis soirs. Et bien depuis que j'en ai pris l'habitude, à ma grande surprise, ça n'est plus du tout une souffrance. C'est intégré dans une routine.

    - Le fait de ne pas partager mes émotions spontanément. Je ne donne mon avis que si on me le demande, SAUF si c'est sur un sujet qui me passionne. Et dans ce cas, je suis capable d'être soulante.

    - Le fait de ne pas savoir bavarder de tout et de rien. Avant, je pensais que c'était parce que j'avais peur des gens. Mais je n'ai plus peur des gens depuis ma TCC. Et pour autant, je ne sais pas bavarder. C'est d'ailleurs un peu problématique au travail. C'était d'ailleurs une de mes angoisses d'étudiante : "mais qu'est ce que je vais bien pouvoir raconter à mes patients ?". Au téléphone avec des proches également, si je n'y prends pas garde, je vais droit au but. J'ai du apprendre à papoter un tout petit peu avant de poser la question pour laquelle j'appelle.

    - Apprendre, j'ai le sentiment d'avoir eu tout à apprendre à l'âge adulte en terme de communication et interactions sociales. Mon mari m'a souvent dit à ce sujet "j'en ai marre de faire le mode d'emploi !". J'ai beaucoup appris par imitation, notamment sur le plan professionnel. D'ailleurs aujourd'hui, j'utilise encore des façons de parler à mes patients qui sont des imitations de mes profs de fac. J'ai imité sur le plan privé aussi. Dans le domaine de la politique, j'ai imité mon entourage. C'est comme ça que je suis passée de Chiraquienne (via mes parents) à altermondialiste ultragauche, par imitation de mon grand-frère, quand j'ai pris mon indépendance intellectuelle vis-à-vis de mes parents. Puis, quand j'ai pris mon indépendance intellectuelle vis-à-vis de mon grand-frère, j'ai suivi mon mari, qui lui m'a poussée à réfléchir.

    - Sur le plan sexuel aussi, je suis assez typique du SA au féminin. Avant de rencontrer mon mari, j'étais très influençable. J'ai erré de bras en bras, disant oui à peu près à chaque homme qui voulait de moi, faisant ce qu'on me demandait de faire, sans me demander à moi-même si j'aimais ça ou pas.

    - L'aspect financier est également évoqué chez les SA, le fait de ne pas savoir gérer son argent.

    Bref, tout un tas de trucs que j'aurais pu attribuer à la phobie sociale. Mais je ne suis plus phobique sociale, je n'ai plus peur des gens. Pourtant, j'ai encore beaucoup de dysfonctionnements.

    D'ailleurs, je pense que, s'il est avéré que je suis Asperger, c'est une très bonne chose que je ne sois diagnostiquée que maintenant. Car, sinon, je n'aurais pas fait de travail sur ma phobie sociale, puisque j'aurais attribué toutes mes difficultés au SA.
    Dans ce que je lis sur le SA, je constate que la plupart ont une phobie sociale. Or une partie des Aspergers considère qu'on ne peut pas améliorer leurs compétences sociales parce qu'ils sont Asperger. Certains refusent même de chercher à les améliorer et sont "anti-neurotypiques". C'est dommage, parce qu'on vit tellement mieux quand on n'a plus peur des gens. On n'en est pas moins maladroit pour autant, mais on a moins peur.

  • Ma thérapie est finie

    Quand le psy d'avant m'a dit qu'il suggérait qu'on se revoit dans 6 mois, il considérait que ma thérapie était finie, même s'il ne l'a pas dit en ces termes. Il m'avait dit auparavant qu'il voyait dans mes difficultés avec mon mari des problèmes de couples, plus que des problèmes psy. Je ne l'ai pas cru et m'en suis offusquée.
    Et bien ma nouvelle psy, après 7 mois de suivi à raison d'environs deux séances par mois, me tint à peu-près le même langage.
    Grâce aux exercices d'exposition qu'elle m'a fait faire, je suis maintenant capable de dire ce que je pense à peu près à chaque fois que c'est nécessaire.
    Grâce à la méditation, que j'ai apprise en autodidacte il y a maintenant presque 3 ans et que j'ai pratiquée vraiment quotidiennement depuis l'hiver dernier avec sérieux, persévérance et quelquefois acharnement, j'ai appris à ne plus fusionner avec mes pensées et mes émotions négatives. J'ai compris récemment d'où venaient mes difficultés à accepter et pardonner mes erreurs et pourquoi je suis un si terrible critique avec moi-même. J'ai compris que l'autocritique m'empêche d'avancer sur mes problématiques. Je suis en train d'apprendre à ne plus m'autocritiquer en pratiquant l'autocompassion et la bienveillance envers soi. 
    D'après elle, je n'ai plus besoin d'elle, elle n'a plus grand chose à m'apporter, parce que je gère les difficultés toute seule maintenant. 
    Si je veux avancer plus loin au sujet des difficultés que j'éprouve encore au sein de mon couple, elle pense qu'il nous faut trouver un psy qui fait de la thérapie de couple

    Je lui ai dit que c'est grosso modo ce que m'avait dit le psy. 
    "Voilà, maintenant, vous avez deux avis de professionnels" m'a-t'elle répondu en souriant.

    Bref, ma thérapie est officiellement terminée.

  • Diverses choses

    Du coup, je me suis plongée dans la relecture des notes de ce blog.

    En juillet 2008, mon psy disait que de la disparition du postulat de ma phobie sociale découlera un changement dans mon comportement avec mes proches. Quand je serai débarrassée à 100% du postulat, je serai débarrassée de 50% du problème qui concerne mes proches.
    Il s'est un peu planté sur ce coup-la. Ma phobie sociale a disparu depuis un moment maintenant, et j'ai toujours beaucoup de difficultés de communication avec mon mari.
    Autre chose qui m'a toujours posé question avec le psy, c'est qu'il ne m'a jamais fait faire aucun exercice d'exposition. Il travaille de manière très "cérébrale", c'est plus un "cognitivo" qu'un "comportementaliste" , quoi.
    J'ai un regret vis-à-vis de lui, c'est de l'avoir laissé tomber comme une vieille chaussette, alors qu'il ne méritait pas ça. Il m'a beaucoup aidée pendant toutes ces années, et je n'ai pas eu le courage d'aller à ce que je savais être la dernière séance. Je n'ai pas appelé pour m'excuser. C'est nul. Alors que pour la psy toute bizarre qui me suivait auparavant, j'ai eu le courage d'aller lui dire que j'arrêtais. C'est vraiment pas sympa pour lui.

    Ma nouvelle psy, quant-à-elle, complète bien le travail du psy. Je réalise que grâce à elle, j'ai enfin compris pourquoi j'ai tellement peur du jugement et de la critique. Et puis elle est dans le concret, elle me fait faire de l'exposition, c'est ce qui me manquait.

    La méditation m'apporte beaucoup également. Cela m'apprend à observer mes émotions sans y succomber.

    Récemment, j'ai fait ce qui s'annonçait comme une grosse crise d'angoisse. J'ai observé les symptômes, ils étaient clairs. Et en fait, je n'en ai pas tenu compte.
    Voilà ce qui s'est passé : ma belle-sœur m'a envoyé un message sur Facebook pour me dire que mon frère ne va pas bien, qu'il broie du noir et que ce sera bien que je l'appelle. Mon mari me dit de demander à ma belle-sœur si je peux l’appeler elle pour qu'elle m'en dise plus. Ce que je fais. Mon frère ne va pas bien, nous l'avions déjà constaté l'été dernier, il est en dépression. Il ne se soigne pas. Et là, ça ne va plus du tout et toute leur famille en pâtit. Mon mari et moi tentons de la convaincre que mon frère doit se faire soigner d'urgence. Je lui promets d'appeler mon frère dans l'après-midi. Et c'est là que s'est déclenchée la crise d'angoisse. J'en avais tous les symptômes. Palpitations, bouche sèche, tête qui tourne. Peut-être que je n'avais pas l'oppression thoracique. A aucun moment ils ne m'ont empêchée de prendre le téléphone et d'appeler mon frère. C'était très étrange. C'était comme si la crise d'angoisse était purement physique et vidée de son sens. Comme si elle n'avait servi à rien. Non pas que ça serve à grand-chose d'habitude, mais bref, c'était vraiment bizarre de me dire "ho, c'est une crise d'angoisse, rien à foutre, faut que j'appelle mon frère".

    Je fais beaucoup de méditation en ce moment. Je fais 45 minutes par jour, 6 jours sur 7. J'ai fait le programme MBSR de John Kabat Zinn en autodidacte, avec l'aide de son livre "Au coeur de la tourmente, la pleine conscience". C'est un programme de 8 semaines, au cours desquelles on pratique entre 40 minutes et 1 heure de méditation par jour. Avec de la méditation assise, du bodyscan et du yoga. Certaines semaines on fait de la méditation guidée par des enregistrements audio, d'autres semaines on le fait sans guide audio.
    J'ai utilisé les enregistrements de Bernard Giraudeau, ceux de Marc Singer (qui ne sont malheureusement plus disponibles depuis qu'il a refait son site), ceux de Claude Maskens  et ceux de Guido Bondolfi. Il y en a d'autres dans la rubrique Audio RELAXATION et MEDITATION dans la colonne à droite.
    Si vous êtes intéressé par la méditation et que vous ne savez pas par où commencer, je vous déconseille de commencer par le MBSR sans encadrement d'un professionnel. Il faut un peu d'expérience pour le mener à bien seul. Commencez plutôt par "Méditer, jour après jour" de Christophe André, très didactique et très plaisant.

  • Epiphanie

    En ce moment, avec la psy, je travaille sur mon intolérance à la critique et aux reproches (principalement venant de mon mari). Dans la sphère privée, me faire remarquer que je me trompe, que j'ai tort, que je fais une erreur, que je ne fais pas bien, pas "comme il faut", déclenche chez moi une forte réaction émotionnelle négative, que j'ai du mal à contrôler et qui m'empêche de comprendre le point de vue de mon interlocuteur, allant jusqu'à me rendre agressive et me pousser à la mauvaise foi.
    La psy me fait faire de l'exposition à l'erreur. Je choisis une erreur à commettre pour laquelle je suis sensée recevoir une réflexion ou un reproche de mon mari. Je note ce que je pense qu'il va me dire, puis je note ce qu'il m'a réellement dit et je compare le fruit de mon imagination avec le réel. 

    Elle m'a fait faire la même chose pour la prise d'initiative dans le domaine des loisirs (une demande récurrente de mon mari : je ne proposais JAMAIS RIEN, par peur d'un refus, d'une critique, d'une moquerie) : je devais proposer une sortie ou une activité par semaine, noter ce que je pensais que mon mari répondrait, noter ce qu'il a réellement répondu et comparer. Ma conclusion fut : "quelle imagination !". Depuis que j'ai fait ça, je propose régulièrement des sorties à mon mari sans me forcer et sans que la question de ce qu'il va répondre ne m'angoisse.

    Concernant les critiques, j'ai deux sortes de réactions. D'une part il y a les critiques que je vis comme des humiliations et d'autre part celles qui me vexent.

    Avec la psy, nous avons établi que celles que je vis comme des humiliations font référence aux souvenirs que j'ai d'une institutrice de CP et CE1, diagnostiquée comme perverse-narcissique par ma psy, qui aimait beaucoup humilier les élèves devant toute la classe. Ce sont les plus anciens souvenirs qui me reviennent quand je parle de ce sentiment d'humiliation.

    Par contre, je butais sur la vexation. En séance, je n'arrivais pas à trouver quels souvenirs y étaient associés. Nous avons déterminé qu'il ne s'agissait pas de subir le regard des autres, comme dans l'humiliation. La vexation, c'est quelque chose qui se passe entre moi et moi, comme si quelque chose violait un principe fondamental en interne, en quelques sortes. Le principe fondamental, c'est que je n'ai pas droit à l'erreur. La psy m'a demandé de travailler dessus pour trouver pourquoi.

    Un matin, au cours de ma séance quotidienne de méditation, j'ai donc décidé d'explorer ce sentiment de vexation. J'avais l'intuition que ça remontait à l'époque du décès de ma sœur. Je  me suis repenchée sur l'idée, que je m'étais faite, lors de mon premier épisode dépressif, à savoir : "je ne mérite pas de vivre parce que j'aurais du mourir à la place de ma sœur. Donc je dois prouver à chaque instant que je mérite bien de vivre, par conséquent je n'ai pas droit à l'erreur".
    Mais l'évocation de cette idée n'a déclenché aucune émotion chez moi ce matin-là. Or, habituellement, quand je suis dans le vrai dans ce genre d'expérience, j'ai des émotions fortes, je pleure. C'est d'ailleurs le fait que je pleure qui me fait comprendre que je suis dans le vrai. Et là, rien.
    J'ai donc poursuivi ma méditation.
    Et puis m'est revenu le souvenir de mon père, quand j'avais entre 7 et 8 ans, alors qu'il s'occupait de moi pour la première fois parce que ma mère était à l'hôpital au chevet de ma sœur, me disant de but-en-blanc quelque chose comme : "ta sœur va peut-être mourir, il faudra que tu sois gentille" (voulant dire : "il faudra que tu comprennes que ta mère ne sera pas beaucoup disponible pour toi"; la possibilité que ma sœur ait une maladie mortelle n'ayant jamais été évoquée devant moi auparavant).
    Et là, j'ai été prise de violents et incontrôlables sanglots et j'ai pensé : "voilà pourquoi je n'ai pas le droit à l'erreur, parce que mon père me l'a dit". Et j'ai pensé aussi : "tant de responsabilité sur les épaules d'un enfant !"
    Cet épisode est survenu juste après mes deux années avec l'instit perverse narcissique, durant lesquelles j'avais souffert psychologiquement. Cela me donne l'impression qu'on m'avait impartie une mission supposément temporaire et qu'on a oublié de m'en signaler la fin. Je suis restée coincée dans l'obligation d'être sage et obéissante, de tout faire bien comme il faut pour ne pas déranger les grands.


    Cette méditation fut une épiphanie pour moi.
    Il reste encore à désapprendre à penser comme ça, mais la compréhension de l'origine probable de mes problèmes me semble être un pas de géant.

  • La thérapie continue

    Comme je l'ai dit précédemment, la psy a demandé à rencontrer mon mari. Nous sommes donc venus à deux à la dernière séance en date.
    Ça a été beaucoup plus simple que ce que j'avais imaginé, comme d'habitude.
    J'ai très mal vécu l'après-coup, parce que mon mari a dit tout un tas de trucs sur ce qui le gène encore dans mes problèmes. Et à chaque fois que mon mari fait ça, ça me rend malade quelques heures après, le temps de digérer probablement, et pour quelques jours. J'ai donc mis 4 jours à avoir à nouveau envie de faire autre chose que me cacher dans un trou.
    Par contre, la psy a compris, au cours de la séance, que j'avais une sérieuse tendance à toujours ne voir que le verre à moitié vide et elle est déterminée à me faire travailler là-dessus. Ça tombe bien.

    Mais, tout-de-même, je retiens une chose positive (il y en a plus, mais il n'y a que celle-là qui me saute aux yeux) de cette séance : la psy a observé que nous ne savions ni l'un ni l'autre faire des critiques ou des reproches sur le mode affirmé et non agressif.
    Moi je ne sais pas les faire parce que ma mère (mon père aussi un peu), donc le modèle d'apprentissage, avait les mêmes problèmes que moi et donc plutôt sur le mode passif.
    Lui ne sait pas non plus les faire, parce que ses parents, le modèle, étaient plutôt sur le mode agressif et donc les reproches qu'il me fait sont agressifs.
    Ce qui explique donc pourquoi je vis très mal ses critiques. Ça ne vient pas uniquement de mon hypersensibilité à la critique. Peut-être même que je ne suis pas si hypersensible à la critique que ça. D'ailleurs, depuis ça, j'observe ses critiques et je constate effectivement qu'elles ne sont pas faites sur le modèle "affirmé", mais bien sur le modèle "agressif". Le fait que ce soit la psy qui observe ça, a légitimisé mes difficultés à accepter ses critiques et du coup, je vis beaucoup moins mal le fait de ne pas les supporter, car je me dis "ben c'est normal que ça ne te plaise pas, c'est formulé de manière agressive". Et donc, je suis moins dans le mode action/réaction quand je réponds.
    En résumé, le fait qu'on me dise  que ses critiques sont agressives m'a permis d'accepter ma réaction à la critique. J'accepte l'émotion négative que j'ai quand je reçois sa critique et donc j'arrive à ne pas suivre cette émotion, et je réponds plus calmement. C'est le principe de l'ACT.

  • Ma nouvelle psy

    Je me décide enfin à écrire à son sujet.
    Je la vois depuis le 20 octobre. Deux fois par mois.
    Elle a un diplôme de psychologue, elle est spécialisée TCC et certifiée ACT.
    Je lui ai raconté d'emblée les choses que je n’arrivais pas ou plus à raconter à mon ancien psy.
    Elle a demandé à rencontrer mon mari, le temps d'une unique séance. Ça, j'en ai rêvé plus d'une fois avec le psy.
    Elle me fait faire des exercices d'exposition, précis et cadrés, ce que n'a jamais fait le psy.
    Elle me fait travailler sur mes pensées automatiques, un peu sur ce modèle-là :

    les3systemescognitifs_1255.jpg

    Elle essaie de me faire comprendre que j'ai fait énormément de travail à ce jour et que je vais beaucoup mieux que l'idée que je m'en fais, notamment sur le plan de mon rapport à l'argent. Ce qui, en soi, revient à dire que le psy n'avait pas tout-à-fait tort. Par contre, elle a bien cerné mes difficultés dans le couple.
    Bref, elle a parfaitement pris le relais du psy. J'ai eu beaucoup de chance de la trouver.