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Bulletin de santé - Page 4

  • Cachez cet argent que je ne saurais voir !

    J'ai repris la démarche que nous avions eu pour ma phobie sociale et je l'ai appliquée à ma phobie de  l'argent.
    Je pense avoir le postulat qui sous-tend ce problème.
    Plus exactement, je pense avoir déterminé la raison pour laquelle j'ai, un jour, arrêté de faire mes comptes : être riche, c'est mal.


    En fait, les ennuis ont commencé au lycée. En cours de philo, j'ai découvert Freud. Ça m'a passionnée. Je me suis dit que la psychologie serait ma voie. Ma prof principale m'a déconseillé d'aller en psycho, elle m'a dit d'aller en médecine, car d'après elle, j'avais le niveau. Je suis donc allée en première année de médecine, d'autant que mon grand-frère avait fait la même chose, je l'ai donc suivi, et j'en étais plutôt fière.

    J'ai eu le concours, mais je n'ai pas eu médecine (on choisit en fonction de son classement), j'ai eu dentaire. Je ne voulais pas dentaire, je voulais médecine. J'avais une très mauvaise image de cette profession. Appartenir à cette profession était pour moi une source d'angoisse. Je me compromettais. L'image que j'en avais, c'est que c'est une profession de nantis. Je ne voulais pas faire partie des nantis. D'après mes souvenirs, ce n'était pas bien d'être riche, c'était même plutôt mal. Je ne sais pas si c'est le catéchisme qui m'a mis dans le crâne, ou si c'était par loyauté familiale (ou loyauté de classe sociale), mes parents étaient pauvres. Être nantie c'était être du mauvais côté de la barrière.

    Je suis allée en dentaire parce que mes parents, et probablement tout le reste de mon entourage, me l'ont suggéré. Je n'ai pas eu le courage d'aller au bout de mon opinion et de refuser d'y aller, parce que ce concours avait représenté tant de travail que je ne voulais en perdre le bénéfice. Et puis faire quoi d'autre ? Recommencer d'autres études ? Lesquelles ? Redemander une bourse ? Pas sûr que je l'aurais obtenue en ayant refusé d'aller en dentaire. Et puis de toutes façons, j'étais beaucoup trop paralysée par le fait que les choses ne se déroulent pas comme prévu pour me projeter dans un nouveau projet. Mais ce n'est pas ça que je voulais faire, ce que je voulais être. Je voulais être sauveuse de l'humanité, faire de l'humanitaire, sauver des vies ou être concrètement indispensable à la société. Je voulais être méritante et digne. Cela passait par le sacrifice, pas par le fait de bien gagner sa vie en ne faisant rien d'extraordinaire.

    J'ai fait mes études tant bien que mal. J'ai eu le diplôme, et j'ai passé le concours d'internat, qui me permettait de rester encore quelques années dans le giron de la fac et même d'envisager d'y rester "pour toujours" par le biais d'une carrière hospitalo-universitaire.

    J'ai le souvenir très présent d'avoir culpabilisé, durant mes années d'étude, parce que j'allais gagner plus que mes parents. Culpabilité qui sera d'autant plus marquée par la suite puisqu'ils m'ont toujours aidée financièrement. (Et Dieu sait qu'on a besoin de voir ses caisses renflouées quand on ne fait pas ses comptes...) J'ai aussi culpabilisé d’avoir mieux réussi mes études que mon grand-frère, qui a été longtemps mon modèle et qui a abandonné ses études de médecine à cause d'une forme de phobie scolaire.

    A l'issue de l'internat, j'ai passé le concours pour être enseignante mi-temps à la fac. A ce moment-là, ma boss de la fac m'a suggéré de bosser un peu dans le privé, pour que je vois ce que c'est avant de m'engager dans la carrière universitaire. Je suis donc allée bosser mi-temps dans le privé. Je n'avais pas envie d'y aller. Je n'assumais pas d'être dentiste, j'en avais même honte. Quand je rencontrais des gens, j'avais toujours un moment d'angoisse quand ils me demandaient ce que je faisais dans la vie. D'ailleurs, la plupart du temps, je répondais "prof en fac dentaire" et pas "dentiste". Encore aujourd'hui, j'ai du mal à dire que je suis dentiste, j'ai toujours peur qu'on me juge négativement (je rappelle que je suis aussi phobique sociale).

    Donc travailler dans le privé était source d'angoisse, car c'était une compromission. Je trahissais ma classe. L'argent que j'y gagnais était donc non désirable et non désiré. Je pense que c'est la raison pour laquelle j'ai arrêté de m'en occuper. "Cachez cet argent que je ne saurais voir !"

    J'ai très vite arrêté de bosser dans le privé, dès que ma boss me l'a suggéré (pour faire un DEA), parce que ça ne me plaisait évidemment pas et aussi parce que je suis tombée chez quelqu'un de malhonnête qui n'a fait que renforcer l'image négative que j'avais de la profession. C'est là que je me suis embarquée temps plein dans le public, payée mi-temps, évidemment.

    Je n'ai jamais recommencé à faire mes comptes. Peut-être parce qu'il aurait fallu que quelqu'un me dise de le faire (ce qui s'est passé cette année avec mon mari). Mes parents et mon grand-frère savaient que j'avais un problème avec l'argent et que je ne faisais pas mes comptes, mais comme ils sont tous phobiques sociaux, aucun d'eux n'a osé me dire que j'avais un problème et qu'il fallait le régler. Ma vision du monde a plutôt été entretenue par mon grand-frère qui n'aimait pas plus l'argent ni les riches que moi. Il était d'extrême gauche et je l'y ai rejoint, autant par angoisse de gagner de l’argent, que par conviction politique. J'ai donc eu ma période ultra-gauche altermondialiste.

    Avec les années, j'ai réussi à orienter mon activité dans le sens qui me convenais : gagner peu, travailler beaucoup et être utile, voire indispensable, à la société. J'étais dans le public, mal payée et je travaillais avec une population qui m'assurait sacrifice et dignité. Je végétais financièrement et professionnellement, surfant de CDD en CDD, travaillant temps complet payée mi-temps, ne prenant pas la moitié de mes congés payés. Mais j'étais fière de moi, j'avais une bonne image de moi. Je ne me compromettais plus, j'étais digne et méritante.

    Du fait de mon manque d'affirmation, je n'ai pas réussi à être titularisée (pour cela il faut savoir se vendre). Je l'ai vécu comme une réelle injustice parce que je n'ai pas été prise malgré les sacrifices que je m'étais imposés pendant près de 10 ans. La pilule fut très dure à avaler.
    J'ai du retourner dans le privé.

    Et puis finalement, là, je suis tombée sur quelqu'un de vraiment très bien, qui m'a appris à aimer ce métier et qui n'était pas trop regardante financièrement. Elle a renfloué mes caisses, comme le faisait ma mère auparavant.

    Finalement, j'ai compris pourquoi je ne me débrouillais pas bien financièrement et pourquoi je m'étais endettée vis à vis d'elle. Dès que j'ai compris cela, je lui ai expliqué (à la demande de mon mari, moi toute seule, je n'aurais jamais osé lui raconter que je ne faisais pas mes comptes, j'aurais eu trop peur de l'image qu'elle allait avoir de moi et des conséquences). Elle a très bien compris le problème et a continué à me faire confiance.

     

    Résultat :

    Aujourd'hui faire mes comptes m'angoisse parce que j'ai peur que la situation, que je ne contrôle pas, soit pire que ce que j'imagine. Je les fais, et ça va de mieux en mieux, surtout depuis que j'ai découvert les Débiteurs Anonymes et que j'essaie d'appliquer leurs conseils. Le budget du ménage n'est pas encore à l'équilibre, mais il en prend le chemin. En attendant, depuis 10 ans, ma mère a renfloué mes caisses, puis ce fut au tour de ma collègue. Elles m'ont permis de ne pas me retrouver dans une situation catastrophique, mais en même temps, elles ne m'ont pas rendu service en ne me disant pas qu'il fallait que cela cesse.

    L'idée de faire un emprunt m'angoisse parce que j'ai peur qu'on me le refuse (j'ai un peu le syndrome de l'imposteur).

    Je ne suis toujours pas à mon compte à 38 ans, entre autres raisons, parce que j'ai peur de gagner ma vie et de faire la demande de crédit nécessaire à l'installation.

    J'ai végété professionnellement pendant 10 ans. Tous mes copains de promos ont leur cabinet depuis bien longtemps. Au cours de ces 10 ans, j'ai quand-même appris beaucoup de choses qui me sont très utiles dans ma pratique quotidienne actuelle. Il faut le reconnaitre, tout ce temps passé dans le public n'a pas été perdu. Il m'a permis d'être très à l'aise avec une catégorie de la population qui est difficile à soigner et ça me permet de me sentir utile et indispensable (et un peu au-dessus de la moyenne, je dois bien l'avouer), tout en bossant dans le privé, ce qui n'est pas si mal.

    Pendant des années, j'ai eu beaucoup de mal à demander de l'argent pour les soins que je prodiguais, ça me rendait malade. Aujourd'hui, ça va mieux, je me fais payer sans difficulté, largement en-dessous de ce qu'au vu de mes diplômes et compétences (du fait de mes 10 ans hospitalo-universitaires) je serais en droit de demander, mais au moins je fonctionne.

  • En pensant à mon mari

    En rentrant du boulot, j'ai mis la radio dans la voiture et j'ai eu les larmes aux yeux.


    Moi je n'étais rien
    Et voilà qu'aujourd'hui
    Je suis le gardien
    Du sommeil de ses nuits
    Je l'aime à mourir
    Vous pouvez détruire
    Tout ce qu'il vous plaira
    Elle n'a qu'à ouvrir
    L'espace de ses bras
    Pour tout reconstruire
    Pour tout reconstruire
    Je l'aime à mourir

    Elle a gommé les chiffres
    Des horloges du quartier
    Elle a fait de ma vie
    Des cocottes en papier
    Des éclats de rire
    Elle a bâti des ponts
    Entre nous et le ciel
    Et nous les traversons
    À chaque fois qu'elle
    Ne veut pas dormir
    Ne veut pas dormir
    Je l'aime à mourir

    [Refrain] :
    Elle a dû faire toutes les guerres
    Pour être si forte aujourd'hui
    Elle a dû faire toutes les guerres
    De la vie, et l'amour aussi

    Elle vit de son mieux
    Son rêve d'opaline
    Elle danse au milieu
    Des forêts qu'elle dessine
    Je l'aime à mourir

    Elle porte des rubans
    Qu'elle laisse s'envoler
    Elle me chante souvent
    Que j'ai tort d'essayer
    De les retenir
    De les retenir
    Je l'aime à mourir
    Pour monter dans sa grotte
    Cachée sous les toits
    Je dois clouer des notes
    À mes sabots de bois
    Je l'aime à mourir

    Je dois juste m'asseoir
    Je ne dois pas parler
    Je ne dois rien vouloir
    Je dois juste essayer
    De lui appartenir
    De lui appartenir
    Je l'aime à mourir

    [Refrain] :
    Elle a dû faire toutes les guerres
    Pour être si forte aujourd'hui
    Elle a dû faire toutes les guerres
    De la vie, et l'amour aussi

    Moi je n'étais rien
    Et voilà qu'aujourd'hui
    Je suis le gardien
    Du sommeil de ses nuits
    Je l'aime à mourir
    Vous pouvez détruire
    Tout ce qu'il vous plaira
    Elle n'aura qu'à ouvrir
    L'espace de ses bras
    Pour tout reconstruire
    Pour tout reconstruire
    Je l'aime à mourir

    Lien permanent 0 com' Catégories : Bulletin de santé
  • Juillet 2012

    Bonjour Mr [nom de mon psy],


    Je me permets de vous écrire, parce que j'ai des choses à vous dire et je ne veux pas empiéter sur votre temps de consultation par téléphone. J’ai trouvé votre adresse mail sur internet. J'espère que vous ne m'en voudrez pas de cette intrusion dans votre boîte mail.

    Je n'ai pas pu encore m’organiser pour me libérer pour venir en rendez-vous. Cela finira par arriver, mais pour l'instant il m’est difficile de me libérer de mon travail.

    C'est aussi pour cela que je vous écris. Je veux que vous sachiez que je n’arrête pas la thérapie pour autant.
    Je tenais également à vous faire part de mon état actuel.
    J'essaie tant bien que mal d'avancer sans vous, et avec l'aide de mon mari (nous nous sommes mariés le xxx). Il m'aide à m'affirmer et je fais des progrès chaque jour. J'essaie d'appliquer ce que je lis dans le livre de Fanget « Osez la vie à deux ».

    Malgré cela, je vis actuellement une période de souffrance relativement forte.

    J'ai compris un peu mieux mon problème dans mon rapport à l'argent. J'ai compris que, couplé à mon manque d'affirmation, il était à l'origine de beaucoup de mon anxiété.
    J'ai trouvé des informations concernant ce problème sur le site des « Debtors Anonymous »  (association issue des Alcooliques Anonymes) et de son pendant français « Débiteurs Anonymes »  . Ils ont des listes de critères et de signaux d’alertes, dans lesquelles je me retrouve pour la majorité des items : je suis débitrice compulsive et sous-payée compulsive (j'ai mis en pièce-jointe la brochure d'information des Debtors Anonymous, au cas où ça vous intéresserait). Je pense avoir mis le doigt sur quelque chose d'aussi important et handicapant que l'était ma phobie sociale quand nous nos sommes vus la première fois.

    Après réflexion, il me semble que le problème a démarré quand j'ai travaillé pour la première fois en libéral pendant quelques mois en 2002, année au cours de laquelle j'ai arrêté de faire mes comptes. Voici mon interprétation : je pense qu'il s'agit d'un problème du type « l'argent que je perçois est sale et je ne le mérite pas, alors je ne m'en occupe pas » . A l'époque, Je vivais très mal ma profession (ndlb : ce n'est pas le métier que je voulais faire quand j'ai commencé mes études), et encore plus de l'être en libéral. Je venais de finir mes études, où je me sentais dans un cocon, et d'être embauchée en  mi-temps universitaire. Je vivais très mal le fait de devoir travailler dans le libéral à côté. Je me destinais à la « sacro-sainte carrière  universitaire », qui n'a jamais pu aboutir, comme vous le savez. L'argent du secteur libéral était pour moi « sale » et indu. J'acceptais très mal de prendre de l'argent pour le travail que j'effectuais. J’ai d’ailleurs arrêté le libéral dès qu’on me l’a suggéré à la fac (en novembre de la même année), pour y travailler temps-plein, rémunérée mi-temps. Ce rejet de l’argent du libéral, ajouté à l’isolement du à la phobie sociale, a permis, je pense, l’installation de mes comportements inadaptés vis-à-vis de l’argent. J'ai arrêté de faire mes comptes cette année-là. Je me suis retrouvée interdite bancaire un an plus tard, parce qu'en plus de ne pas regarder mes comptes, je n'ouvrais pas les courriers de la banque.

    Depuis, les choses ne se sont pas arrangées. J'ai la chance d'exercer un métier rémunérateur, sinon, je pense que je serais à la rue depuis longtemps. Comme vous le savez, je me suis endettée sur le plan professionnel parce que je n'ai pas anticipé les charges. Nous avons acheté une maison sans connaitre notre budget (mon mari me faisait confiance et se reposait sur moi puisque c'est moi qui ramène l'argent, et je ne lui avais jamais dit que je ne faisais pas les comptes). Nous sommes à découvert en permanence. Je fais un chèque en me disant que l'argent qui va rentrer le couvrira. Je dépense l'argent avant de l'avoir gagné.

    J'ai pris conscience que tout cela était anormal cet hiver et je vous en ai fait part. Mais je n'avais pas réalisé à quel point mon problème était grave.

    J'ai donc cerné mon problème, mais seulement voilà, je ne sais pas le résoudre. Je m'inspire des conseils prodigués par les Débiteurs Anonymes, mais il faut assister à leurs réunions, et il n'y en a pas dans ma région.

    Je me sens désemparée. Mes problèmes d'argent, et le fait de devoir régulièrement dire non à mon mari pour les achats qu'il propose, m'obsèdent et me handicapent de plus en plus. Je me retrouve avec à nouveau un niveau d'anxiété élevé (mais fluctuant), comme avant, à la différence près qu'aujourd'hui je sais précisément ce qui m'angoisse.

    J'ai essayé de faire comme nous avions fait pour la phobie sociale : lister les éléments anxiogènes dans mon rapport à l'argent, trouver leurs points communs et chercher pourquoi ils sont anxiogènes, mais, seule, je n'arrive pas à trouver pourquoi ils sont anxiogènes.

    En attendant de pouvoir vous revoir, auriez-vous connaissance d'un groupe de parole pour anxieux à xxx ou alentours ? J'ai cherché, mais je ne trouve rien.

    Je vais faire en sorte de prendre rendez-vous avec début septembre.

    Bien cordialement

  • Mai 2012

    Je ne peux toujours pas prendre rendez-vous avec le psy, alors j'essaie de me débrouiller sans lui. D'autant que les thématiques sur lesquelles je travaille ne l'ont jamais beaucoup inspiré quand je lui en parlais.



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    J'essaie de corriger mon hypersensibilité à la critique (et aux ordres).
    J'ai trouvé d'où cela vient.

     

     

     

     



    Il semble vraisemblable que des expériences éducatives peuvent donner à l’individu le sentiment qu’il est inférieur et risque d’être rejeté : une éducation trop sévère, un frère ou une sœur apparemment très "supérieurs" […] Un père ou une mère très évitant peuvent aussi constituer pour l’enfant un modèle face aux difficultés de la vie, sans compter la part génétique possible du comportement anxieux.
    (François Lelord & Christophe André "Comment gérer les personnalités difficiles")

    Son origine :

    - d'une part innée, héréditaire
    - d'autre part environnementale :
    Événements de l’enfance ou éducation dont : deuil précoce, style d’éducation ou de communication au sein de la famille
    Un enfant déjà prédisposé génétiquement à l’anxiété pourra recevoir une éducation anxiogène de la part du parent anxieux
    [...] plus fréquentes chez les "petits derniers ou dernières", ou chez les personnes ayant souffert d’une maladie chronique pendant l’enfance.
    (François Lelord & Christophe André "Comment gérer les personnalités difficiles")

    Ces personnalités [passifs-agressifs] cumulent en fait deux problèmes :
    Hypersusceptibilité liée à un déficit de l’estime de soi : se percevant de peu de valeur, ils attachent une importance majeure à ne pas se sentir infériorisés. Et il leur semble qu’on peut l’être par des ordres ou des contraintes : "si on ne me respecte pas, cela prouve que je n'ai pas de valeur". Ils ont du mal à voir qu’on peut choisir d’accepter des ordres parce qu’ils nous semblent légitimes. Comme eux ne se sentent pas capables de les refuser, ces ordres, ils les détestent.
    Car le second problème des passifs-agressifs : ils ne savent pas s’affirmer. La plupart d’entre eux souffrent d’un déficit d’affirmation de soi : ils n’osent pas dire "non, je ne suis pas d’accord, et voilà pourquoi", ou "cela me gêne que tu me parles comme ça, il faut qu’on en cause". Incapables de discuter franchement de ce qui les dérange, ils s’en plaignent plutôt à d’autres personnes, et ils font obstruction.
    Le résultat émotionnel est médiocre : ils sont toujours mécontents, toujours victimes, toujours blessés et toujours offensés…
    Les sources de tels comportements remontent souvent à l’enfance : il existe des familles à l’intérieur des quelles il y a tout le temps quelqu’un qui boude, où l’on se vit en victime des autres sans jamais oser leur dire ou se rebeller autrement que par des actes de sabotage.
    (Christophe André & Muzo "Petites angoisses et grosses phobies")

    Les sujets à mauvaise estime de soi n’ont pas moins de qualités que les autres, mais commettent, lorsqu’ils s’évaluent, plusieurs erreurs psychologiques : focalisation sur les défauts et limites, sous-estimation des compétences et qualités.
    [Résultat : ] dévalorisation constante, présence permanent du "critique intérieur".
    Une faible résilience : [aptitude d’une personne à résister à l’adversité]
    L’estime de soi nous protège des échecs et de l’adversité.
    La mauvaise estime de soi rend vulnérable à toute forme de difficulté :
    - Échecs
    - Critique
    - Souffrance
    - Obstacles
    [Conséquence : ] la mémoire émotionnelle des personnes à faible estime de soi semble encombrée de mauvais souvenirs qui vont constituer des sources de démotivation. 
    (Christophe André & Muzo "Petites complexes et grosses déprimes")


    Le travail en psychothérapie avec les personnalités difficiles ou pathologiques :

    Première étape :
    Prise de conscience que les problèmes rencontrés par une personne viennent en partie d’elle et pas seulement des autres : c’est la question du recul nécessaire sur soi et du renoncement aux mécanismes de défenses qui nous protègent en nous aveuglant.

    Deuxième étape :
    Comprendre les mécanismes psychologiques qui conduisent à adopter un style psychologique inadapté, et parfois difficiles à accepter par les autres. A partir des croyances, peuvent se mettre en place trois styles de réaction : la soumission (capitulation), la bataille (compensation) ou l’évitement (fuite).
    Ex : si une de vos croyances est que vous êtes sans valeur, vous pouvez vous y soumettre (comportements d’échec), compenser (vous refugier dans le narcissisme : besoin de se mettre en avant, manque d’empathie, sentiment de mériter plus que les autres, attitude sociale méprisante, soin important à son apparence, étalages des signes extérieurs de son statut social, colère et ressentiment à la frustration, goût immodéré pour les privilèges, désir de séduire les personnes importantes afin d’obtenir des avantages), ou éviter (se retirer du monde, de toute démarche professionnelle, sociale ou amoureuse où vous pourriez être amené à subir un échec).

    Troisième étape :
    Trouver les racines des comportements problématiques :
    Quelles ont été les expériences de vie précoces en matière d’amour, de socialisation ? Comment se comportaient eux-mêmes les parents ? Quelles valeurs ont été transmises ? Quelles rencontrent ont été faîtes à l’adolescence ? Quels modèles ont été influents ?
    Ce dont nous héritons dans nos premières années, ce n’est pas un destin prédéterminé, mais une sorte de pilote automatique qui tendra à se mettre en marche sans notre volonté. Cette dernière ne pourra intervenir que pour le freiner ou le réguler.

    Quatrième étape :
    Emprunter de nouvelles voies. Souvent les casse-pieds ne savent pas régler leurs problèmes, communiquer, agir autrement qu’en étant casse-pieds. Le but des travaux pratiques proposés en thérapie est de leur faire expérimenter de nouvelles façons de faire.

    Dernière étape :
    Sortir peu à peu de la thérapie, se mettre en situation d’apprendre de la vie, de profiter des événements de l’existence, des rencontres pour continuer à apprendre et progresser.
    (Christophe André & Muzo "Petits pénibles et gros casse-pieds")


    Mon histoire colle à ce qui est décrit :

    • Mère non affirmée (mon père idem, du moins non communicant) = éducation évitante. Adepte du "Si tu n'as rien d'agréable à dire, tais-toi" et "Laisse-dire, laisse-faire".
    • Après le décès de ma soeur aînée : mère dépressive (la dépression de la mère perturbe le développement de l'enfant).
    • Institutrice de CP-CE1 aux méthodes dévalorisantes, humiliantes.
    • Mon frère qui a trompé son défaut d'estime de soi en devenant narcissique
    • Mon grand-frère, qui n'avait pas une meilleure estime de soi (il est plutôt allé vers le comportement d'échec) que mon frère et moi, est devenu très exigeant avec moi. Il fut un modèle influent.
    • Ma grande-sœur décédée "supérieure" car fantasmée. J'ai également fantasmé sur le fait que j'ai pensé que j'aurais dû mourir à sa place.
    • Perpétuelle "tête de Turc" pendant les années collège.
    • Enfin, une enseignante perverse narcissique pendant mes études supérieures, qui s'est acharnée sur moi parce qu'elle a perçu que j'étais faible, qui m'a pousée jusqu'à envisager le suicide.

     
    Un gros besoin de résilience que je n’avais pas.



    Je dois maintenant m'attaquer à comment y remédier. Et ça, c'est difficile. J'ai des pistes dans le bouquin "S'affirmer et communiquer" mais je dois me repencher dessus et mettre en pratique.



    J'ai résolu le conflit avec mon grand-frère, avec l'aide de mon compagnon. C'est une grande première pour moi et un grand pas dans ma quête de l'affirmation de moi. Autrefois, j'aurais fait comme mon grand-frère, j'aurais fui et plus donné de nouvelles. Mais là, j'ai rappelé mon grand-frère, qui était soulagé que je le fasse, car ça le démangeait mais il n'osait pas le faire. Nous nous sommes rencontrés tous les quatre. Nous avons beaucoup parlé, y compris de ma sœur (chose que nous n'avions jamais faite), pas mal pleuré, et tout va mieux. Il sera mon témoin de mariage et sa femme sera présente. J'aimerais bien maintenant continuer sur la même lancée avec mon autre frère. Réussir à le faire parler, qu'il dise son mal-être comme nous lavons fait avec mon grand-frère.



    Mon travail sur la "phobie de l'argent" est en stand-by, parce que je ne pourrai pas aller chez mes parents avant l'été. Les documents à explorer pour tâcher de comprendre quel est le problème sont chez eux. En attendant, je me force à tenir les comptes. C'est anxiogène, mais j'arrive à surmonter ça.



    Je m'attaque à un autre problème : celui qui, je pense, est à l'origine de mes problèmes de prise de poids. Je ne sais pas jeter de la nourriture. J'en suis incapable, parce que jeter de la nourriture "c'est mal". Du coup, je me force, depuis toujours, à finir mon assiette. J'avais beaucoup maigri grâce au suivi par une diététicienne, qui m'avait fait prendre conscience du problème, mais je ne m'y étais pas attaquée sérieusement. En effet, le fait d'être encadrée par la diététicienne avait pour effet que je contrôlais ce que je mettais dans mon assiette, donc je pouvais la finir puisqu'il n'y en avait pas trop. Et je maigrissais "sans effort". Depuis que nous habitons à la campagne, loin de tout et de tout le monde, je ne vois plus la diététicienne, et je regrossis. Je me rends compte que je me force encore à finir mon assiette au quotidien, même si je ne le fais plus comme avant, quand j'étais capable de manger beaucoup trop, au point d'avoir le ventre distendu et douloureux. Je le fais sur de petites quantités, mais ces petits excès de quantité répétés me font reprendre du poids. C'est d'autant plus agaçant que, maintenant, j'identifie bien mes sensations de faim et de satiété et je mange quand-même alors que je suis consciente de ne plus avoir faim. C'est comme une pulsion difficile à contrôler qui m'oblige à ne rien jeter ("faut pas gâcher"). Ma thérapie est radicale : je m'oblige à jeter systématiquement une partie du contenu de mon assiette à chaque plat et à chaque repas, ce jusqu'à ce que ça ne me fasse plus rien de jeter. Ça peut paraît absurde, mais ça n'est pas plus absurde que de se forcer à finir systématiquement. Je bloque encore quand je suis invitée, je n'ose pas en laisser dans mon assiette sous le regard de mes hôtes (manque d'affirmation vous avez-dit ?). Je sais que la solution est soit de leur expliquer pourquoi je le fais, soit de ne pas m'en préoccuper car, après-tout, tout le monde ne s'offusque de ce qu'on ne finisse pas son assiette, mais j'ai du mal à mettre en pratique.



    Voilà, j'ai de quoi faire...

  • Décorticage d'une après-midi de printemps

    Hier, dimanche, mon compagnon avait programmé que nous nettoierions la baie vitrée (très grande, peu voire pas accessible de l'extérieur), j'étais d'accord avec ça. Moi j'avais prévu d'appeler mon grand-frère dans une démarche de résolution de conflit, exercie excessievement difficile pour moi. Mon compagnon devait m'aider avant et pendant le coup de fil à rassembler mes idées et arguments.

    Nous avons reçu du monde pour l'apéro à midi. Après cela, j'ai fait une sieste, épuisée de mon nouveau rythme de travail. Mon compagnon est venu me rejoindre sur le canapé pour siester, il avait peu dormi la nuit précédente. Je me suis levée et j'ai commencé à cogiter et à m'angoisser.
    "Nous avons des choses à faire. Pour les faire, je dois le réveiller. J'ai horreur de le réveiller car j'ai l'impression de faire quelque chose qui lui est désagréable."
    J'ai quelques souvenirs de réveils qui furent extrêment difficiles. Il avait très peu dormi parce qu'il était angoissé par le rendez-vous qu'il avait le lendemain matin, pour lequel je devais le réveiller. Après réflexion, je pense que cela s'est produit une seule fois, mais cette fois a marqué mon esprit et je n'arrive pas à me débarrasser de ce souvenir, alors que la plupart des fois où je le réveille ça se passe bien. Donc je me demande si je le réveille ou pas.
    "Si je le réveille, cela va être désagréable, si je ne le réveille pas, il va râler parce qu'on a rien fait de ce qui était prévu."
    Je quitte la pièce pour m'occuper les mains pour ne pas laisser l'angoisse m'envahir. Je reviens sur le canapé et il finit par se réveiller. Il me demande si ça va. J'hésite quelques secondes, comme toujours, et décide de lui dire que je ne me sens pas bien et que je suis angoissée. Il me demande pourquoi et là mon esprit se brouille sous la panique, je me retrouve incapable de lui expliquer pourquoi. Il s'énerve, me dit qu'il en a marre de mes angoisses. La discussion qui s'en suit est assez pénible et augmente mon angoisse. Il finit par proposer d'aller nettoyer la baie vitrée et me reproche de ne pas l'avoir proposé alors que j'étais réveillée avant lui. Je lui explique que c'est une des choses qui m'angoissait. Ne pas oser le réveiller pour faire ce qu'on a à faire. Il est assez choqué d'apprendre que j'ai peur de le réveiller, il pense que j'ai peur de lui. Je lui explique que je n'ai pas peur de lui, mais de lui déplaire, de faire quelque chose qui lui est désagréable et que j'ai ce souvenir de réveil pénible qui me fait craindre sa réaction. Il m'explique que cela a du se produire une fois, que la plupart du temps il n'est pas dans cet état au réveil. Et il m'explique qu'il aurait préféré que je le réveille. Il a du mal à comprendre que j'ai eu peur de le réveiller. Je lui explique que c'est le principe de mon problème, j'ai peur de choses dont je ne devrais pas avoir peur. J'ai fait des progrès, mais il reste des choses sur lesquelles je bloque.

    Cet épisode m'a fait prendre conscience que je ne lui avais jamais dit que j'avais peur de le réveiller alors que c'est comme ça quasiment depuis qu'on est ensemble. Si je lui en avais parlé, il m'aurait dit bien avant hier que je ne dois pas me préoccuper du fait que le réveiller risque d'être désagréable pour lui. Je dois le réveiller, point. Ce souvenir de réveil difficile est lié à une situation particulière qui ne s'est pas reproduite depuis. Je ne dois pas me baser dessus. Je dois faire les choses.
    Je me suis gâché un certain nombre de dimanches après-midi à cause de cette peur de le déranger ou de le réveiller, alors qu'il ne demande pas mieux que de me voir lui demander de faire des choses.
    Je pense avoir fait un pas conséquent en lui avouant que j'avais peur de le réveiller, parce que maintenant qu'il le sait, je vais me sentir obligée de le faire sans hésiter pour avancer sur ma peur et me et lui prouver que je peux le faire. J'ai mis le doigt une cause de plus de mon anxiété et je vais pouvoir m'en débarrasser. J'en suis heureuse.

    Après le nettoyage de la baie vitrée, j'ai finalement réussi à demander à mon compagnon de m'aider appeler mon grand-frère. J'ai pris des notes des arguments qu'il m'a aidé à formuler. Le problème avec mon grand-frère, c'est que sa femme nous reproche des choses et que nous estimons ne rien avoir fait de mal. Elle a installé une mésentente entre mon grand-frère et moi et se victimise. J'ai demandé à mon grand-frère d'être mon témoin de mariage, mais il faut que les tensions soient mises à plat avant le mariage. Je dois donc prendre les devants et appeler mon grand-frère pour lui expliquer que soit il y a conversation entre nous quatre, soit il vient seul à notre mariage.
    Au cours de cette conversation téléphonique, il m'a semblé que mon grand-frère présentait vis-à-vis de sa femme les mêmes difficultés que moi vis-à-vis de mon compagnon. Il n'est pas affirmé. Seulement, sa femme ne l'aide pas spécialement à s'affirmer et semble se contenter de cette situation.
    J'avais déjà constaté que mon (autre) frère présentait des signes de phobie sociale, maintenant je constate que mon grand-frère a un gros manque d'affirmation vis-à-vis de sa femme. Nous semblons être tous les trois atteints du même problème sous des formes différentes. Cela change mon regard sur mes frères et va peut-être me permettre de mieux les comprendre et mieux réussir à communiquer avec eux. Quelle famille...

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  • Effet domino

    Ce week-end, j'ai reçu mon frère, ma belle-soeur et leurs deux enfants. Ça faisait longtemps que je ne les avais pas reçus, parce que soit j'allais chez eux et je m'ennuyais (lui sur son PC, elle sur sa console et moi seule dans un coin avec une BD), soit ils venaient chez moi et je n'aimais pas la façon dont mon frère s'adressait à ma belle-sœur ou à ses enfants : toujours en criant, et j'avais préféré les éviter.
    Avoir parlé de ma phobie sociale et de mon manque d'affirmation à ma collègue la semaine dernière m'a libérée. J'ai ainsi pu en parler à mon frère et ma belle-soeur. Je leur ai expliqué que je les avais évités toutes ces années pour ne pas avoir à leur dire ce que je pensais, chose que j'ai faite par la même occasion en précisant que j'aurais du en parler à l'époque pour éviter de couper les ponts. Leur réaction a été en-dessous de ce que j'attendais : manque de curiosité, mais bienveillante tout-de-même. Du moins de la part de ma belle-soeur, mon frère, lui, a simplement levé le nez de sa BD.
    Après-coup, je comprends mieux leur réaction.
    Ce week-end m'a permis d'observer et de comprendre le comportement de mon frère. Je pense qu'il souffre de manque d'affirmation, voire de phobie sociale. Il y remédie par de l'agressivité et de l'évitement.
    En voici un exemple : ma belle-soeur a été très étonnée de voir mon compagnon appeler l'architecte qui a travaillé sur la rénovation de la maison pour prendre rendez-vous. Elle m'a expliqué que jamais mon frère ne prendrait un rendez-vous ainsi. Elle m'a d'ailleurs confirmé ce que je pensais en m'expliquant que mon frère passe tout son temps libre dans son coin sur son PC, qu'il ne prend pas ou peu d'initiative, qu'il ne prend effectivement pas de rendez-vous lui-même (plombier, dentiste etc...), qu'il n'appelle jamais aucune administration. J'ai dit à ma belle-soeur que ça ressemblait beaucoup aux problèmes que je rencontre et dont je leur avais parlé la veille au soir. Elle a approuvé.
    J'espère qu'elle ira chercher de l'info sur la phobie sociale et comprendra que ces choses-là peuvent changer.

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  • Un nouvel espoir

    Ça y est, le budget est fait. Évidemment, beaucoup moins élevé que mes estimations, mais ça devrait aller, même si on devra se serrer la ceinture quelques mois, le temps de rééquilibrer.
    Mon compagnon m'a incitée à parler de tout ça avec ma collègue, auprès de qui j'ai des dettes. Lui expliquer que j'ai compris d'où venait le problème et lui expliquer quel est le problème, par honnêteté et pour lui montrer que j'ai confiance en elle en me "mettant à nu" et aussi que je me reprends en main pour que ça se résolve. Je ne lui avais jamais parlé de ma phobie sociale. Maintenant, elle connaît cette facette de moi et nos relations seront plus naturelles.
    Ça a été très dur de lui raconter. Le plus dur était avant d'aller la voir, l'angoisse était forte. Je me sentais comme avant de passer un examen oral. Et puis ça a été dur de ne pas être trop confuse dans mes propos. Heureusement, sur les conseils de mon compagnon, j'avais pris des notes pour être sûre de dire tout ce que j'avais à dire. Elle a compris mon problème et m'a rassurée sur sa volonté de continuer à travailler ensemble.
    Quand j'y repense, j'ai pris le risque qu'elle me juge négativement. C'est précisément ce dont j'ai peur au quotidien. Ça a été une vraie épreuve, que j'aurais été incapable de mener à bien il n'y a encore pas si longtemps. Je suis impressionnée par le fait d'avoir réussi à le faire. Et je me rends compte que mon compagnon a raison, c'est important qu'il ne soit pas le seul dans mon entourage proche à connaître l'existence de ma phobie sociale. Ça me fait du bien de pouvoir en parler à d'autres gens que lui, et lui ça le soulage, il n'est plus la seule personne à porter le fardeau avec moi. Les rares personnes avec qui j'en avais parlé jusqu'à maintenant sont des gens que je ne vois pas souvent et qui ne voient pas forcément l'impact que cela a sur mon quotidien.

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    Dire les choses, il faut dire les choses, c 'est ce que me répète mon compagnon presque tous les jours...

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  • Une nouvelle prise de conscience

    Parmi mes sources d'angoisse, il y en a une que je n'assume pas et à laquelle j'évite de me confronter. Je n'en parle que rarement à mon compagnon, encore moins au psy, parce que j'en ai honte. D'ailleurs le fait d'écrire cette note est une épreuve pour moi, cela fait plusieurs jours que je tourne autour sans le faire.

    Je ne fais pas mes comptes. Je ne les ai quasiment jamais faits. Mon dernier souvenir de tenue de compte remonte à 13 ans auparavant, l'année de ma première vraie fiche de paie. Je vivais alors à Paris. J'ai du faire mes comptes pendant 2 ans et demie et arrêter quand je suis revenue vivre sur le lieu de mes études.
    C'est alors que ma phobie sociale s'est installée. En effet, j'ai toujours eu mes amis sur mon lieu de travail ou d'études. Je n'ai jamais réussi à me faire d'amis en dehors de ces contextes. J'avais mes amis à l'école, au collège, au lycée, à la fac. Quand je suis partie à Paris, j'ai eu des amis sur mon lieu de travail. Puis j'ai décidé de revenir à ma ville d'études, pour des raisons d'avenir professionnel : je suis revenue travailler à la fac où j'ai fait mes études. Et là, je me suis retrouvée seule. Je n'avais plus mes amis d'enfance, de collège et de lycée depuis longtemps (les amitiés contextuelles n'ont pas survécu au changement de contexte). Mes amis d'études étaient partis vivre leur vie professionnelle et n'étaient plus à la fac. Mes amis parisiens étaient restés à Paris. Ma phobie sociale s'est alors développée et a pris toute son ampleur. J'ai vécu plusieurs années en solitaire, avec pour seule vie sociale mon iMac et MSN. Je ne voyais personne, du coup j'ai resserré mes liens avec mon grand-frère. Je me suis mise à bloguer. Je faisais beaucoup de crises d'angoisses, j'ai du faire un ou deux TAG, suivis d'épisodes dépressifs. J'avais une psy incompétente qui me traitait exclusivement à coup de cachetons.
    C'est donc à cette période que j'ai arrêté de faire mes comptes. Je ne saurais pas expliquer précisément pourquoi, si ce n'est par le laisser-aller ambiant. Je ne voyais plus personne. Je ne rangeais plus mon appartement, que je n'ai jamais meublé, je dormais sur un matelas posé par-terre et ma table basse était une planche posée sur un carton (je rappelle que je gagnais ma vie correctement). Je ne faisais pas le ménage non plus, enfin pas souvent et pas à fond. A tel point que je ne pouvais plus envisager de recevoir qui que ce soit car l'appart n'était pas présentable (sans tomber dans les excès de ce qu'on voit dans l'émission de M6). Je mangeais n'importe quoi en n'importe quelle quantité, j'outre-mangeais souvent pour anesthésier mes angoisses, j'ai pris 20 kilos. Je me suis mise à boire de l'alcool en rentrant du travail, pour les mêmes raisons. Au début une bière, puis une grande bouteille de despé, puis un verre d'alcool fort. J'ai calmé cela suite à un défi posé par mon grand-frère qui ne me croyait pas capable de me passer de boire de l'alcool pendant une semaine. J'ai réussi et j'ai été tellement vexée qu'il ait cru cela, que j'ai arrêté l'alcool fort et m'en suis tenue à une bière de temps en temps, pas tous les jours.
    Bref, je me suis retrouvée interdite bancaire alors que je gagnais ma vie et que je ne dépensais pas mon argent dans des sommes astronomiques, simplement en ne faisant pas mes comptes et en n'ouvrant jamais les courriers de ma banque. Malgré cela, je ne me suis jamais remise à faire mes comptes. Gagnant suffisamment ma vie pour ne pas avoir de nouveaux ennuis et ayant des parents prêts à m'aider à payer mon loyer (j'ai beaucoup fait appel à eux, alors qu'ils gagnent beaucoup moins que moi), rien ne m'a fait réagir.
    Et puis j'ai rencontré mon compagnon (sur Meetic). Il se trouve que c'est moi qui rapportais les revenus dans le couple et moi qui était donc sensée gérer le budget, surtout depuis que je n'étais plus salariée. Or je ne gérais rien, je naviguais à l'aveugle, avec de temps en temps, un incident de loyer avec appel à mes parents.
    Et c'est là que s'est renforcé mon comportement vis-à-vis des comptes.
    C'est moi qui gagne les sous et mon compagnon a des passions qui coûtent cher (cinéma, musique, home cinéma, vidéoprojection, système de son, DVDs, Blu-rays etc...). C'est à moi de dire oui ou non à chaque achat suggéré. Et dire non à mon compagnon, c'est vraiment difficile (putain de manque d'affirmation). Donc, ne pas savoir précisément ce qu'il y a sur le compte me permet de l'évaluer "à la louche", et à la louche un achat passe toujours plus facilement. Si j'avais su ce qu'il y avait sur le compte, j'aurais peut-être eu à dire non souvent. Donc pour ne pas avoir à dire non, je me suis maintenue dans le flou. Je ne l'ai pas fait de manière réfléchie, ça s'est fait naturellement, à l'insu de mon plein gré.
    A force de dépenser sans compter, je me suis mise en danger sur le plan professionnel, j'ai dû négocier avec ma collègue un moyen d'échelonner mes dettes. Cela ne m'a toujours pas fait réagir.
    L'an dernier, nous avons décidé d'acheter une maison. L'idée m'angoissait et me ravissait en même-temps. Je ne savais pas trop pourquoi cela m'angoissait et n'étais pas armée pour y réfléchir paisiblement. Je n'avais évidemment qu'une vague idée du revenu que mon activité me permettait de dégager. La banque où nous étions nous a refusé le crédit immobilier (avec raison !), mais nous nous en sommes offusqués et sommes donc allés voir d'autres banques. Au fil des semaines, mon angoisse grandissait, sans que je comprenne réellement. J'avais peur qu'aucune banque ne nous accorde de crédit et j'avais peur de ce futur achat, sans comprendre qu'acheter une maison sans connaître ses revenus était là la source de mes angoisses. Nous avons finalement trouvé une banque qui accepte. Nous avons emménagé et j'ai fait mon TAG. A cette période, j'ai reçu les régularisations d'URSSAF et d'impôts de 3ème année d'activité libérale, ce qui m'a fait me pencher (enfin !) sur nos revenus. Et là je découvre que nous gagnons beaucoup moins que ce qui nous avons annoncé à la banque. Mon compagnon est tombé de haut en apprenant cela. Ce fut un moment difficile à passer entre nous. J'ai cru que notre couple ne s'en remettrait pas. Cela ne m'a toujours pas fait réagir.
    Mes revenus ont augmenté, car mon activité se développe. J'ai anticipé les charges sur le compte pro, qui s'est équilibré, les incidents financiers se sont espacés. Mais ne faisant toujours pas mes comptes sur le compte perso, j'ai un peu trop puisé dans le compte pro et ai continué à me mettre en danger sur le plan professionnel. J'ai dû emprunter pour rééquilibrer les comptes. Cela ne m'a toujours pas fait réagir.
    J'ai continué comme ça, avec encore quelques incidents, tout en me disant "mais ce n'est pas normal que je n'y arrive pas, je ne comprends pas ce qui se passe, je ne comprends pas ce que je ne fais pas correctement".
    Et puis ce mois-ci, je viens de recevoir la régularisation de la caisse de retraite. Très grosses mensualités à venir, alors que nous avons en projet de prendre une location en plus du crédit, tant que la maison n'est pas vendue (nous ne revendons pas la maison pour raison financière mais parce que nous sommes trop isolés, trop loin de la civilisation). Je l'annonce à mon compagnon. Il ne comprend pas que je n'ai pas anticipé cette régularisation, ni que je ne sois pas capable de répondre à la question qu'il me pose : "Mais on gagne combien ? Est-ce qu'on va pouvoir payer la caisse de retraite ou est-ce qu'il faut encore solliciter la banque ?". Et là, en effet, je ne suis pas capable de lui dire combien on gagne. Mon compagnon re-tombe de haut. Il pensait que depuis le dernier incident, je m'étais mise à gérer le budget. Il a été énormément déçu, a évoqué le fait que ça ne lui donne pas envie de se marier.
    Tout en m'expliquant avec lui, je réalise que mon TAG de l'hiver dernier vient du fait que je ne tenais pas les comptes. Ce à quoi il répond qu'en effet, lui aussi aurait fait un TAG dans les mêmes conditions. Il réalise que je n'ai jamais fait les comptes et m'avoue que s'il en avait eu connaissance, il n'aurait jamais lancé le projet d'achat de maison. Il est atterré par ce qu'il vient de découvrir de moi, très déçu et il a peur d'en découvrir encore tous les ans. Il me dit qu'il ne veut plus de surprises de ce genre et ne comprend pas que je ne lui en ai jamais parlé.
    Là encore, notre couple a pris du plomb dans l'aile.
    Cette fois, j'ai réagis.
    Je me suis engagée à tenir les comptes. Je viens de passer le week-end à faire le bilan 2011 pour préparer le budget 2012. Ça m'angoisse de le faire, mais l'enjeu est bien trop important : mon couple et ma vie professionnelle.
    Et j'ai honte.
    Tellement honte.
    J'ai honte et je suis en colère contre moi.
    Je me sens vraiment anormale, malade, pathologique. J'ai le vertige en repensant au danger que je nous ai fait courir et dans lequel nous sommes peut-être encore. Je me compare à la Grèce.
    J'ai tellement honte de la raison pour laquelle j'ai pris tout ces risques, que je n'ose pas l'avouer à mon compagnon. Du coup, je me sens seule face à mon problème. J'éprouve d'ailleurs pour la première fois de ma vie le besoin de participer à un groupe de parole, pour pouvoir parler de cela à des gens qui me comprendront. Cela m'aiderait à dédramatiser et à l'expliquer à mon compagnon.
    J'ai appelé mon psy, mais il est en vacances cette semaine. Je lui avais parlé de mes dettes sur le plan professionnel, sa réaction m'avait angoissée car il a paru choqué, alarmiste. Du coup, je ne lui en ai plus jamais reparlé. Mais là, il faut que je lui en parle, pour qu'il m'aide à avancer.
    Je reprends des anxiolytiques pour dormir, ça m'évite de me réveiller à l'aube angoissée et ça m'aide à être à peu près bien en journée. Je me sens mal dans ma peau, mon estime de moi en a pris un sérieux coup.
    Pour tenir psychologiquement, je fais comme mon psy, je positive : l'important c'est que j'ai trouvé ce qui me faisait aller mal et la cause de mes perpétuels des problèmes d'argent et angoisses qui vont avec. Je connais le problème, il est simple à résoudre, c'est à la portée de n'importe qui et cela m'apportera de la sérénité. Cette prise de conscience est difficile mais elle était nécessaire. Je ne dois pas déprimer, et arrêter de faire l'autruche pour avancer.
    Dans la dispute, mon compagnon m'a demandé ce que je voulais : la SÉRÉNITÉ, c'est ça que je veux.

  • Janvier 2012

    Au cours de cette séance, j'ai exposé au psy le fait que j'avais peur de refaire un TAG.
    En ce moment, j'ai de nouveau des angoisses. La maison que nous avons achetée il y a un an finalement ne nous convient pas pour plein de raisons : nous la remettons en vente alors que l'immobilier commence à baisser. Nous avons trouvé une location pour dans quelques mois : nous aurons le loyer + le crédit à payer, donc grosse pression pour les revenus de mon activité professionnelle (je suis profession libérale). D'autant que j'ai démarré un nouveau job mi-temps (en plus de mon premier mi-temps) qui ne me convient pas sur le plan éthique et relationnel, j'ai du mal à m'y affirmer, je ne m'y sens pas bien. Mes rapports avec ma famille sont toujours aussi compliqués, il y a un conflit avec mon grand-frère et je ne m'en sors pas. Bref, plein de raisons de ne pas aller bien.
    Malgré tout cela, je gère mes angoisses, elles ne sont pas envahissantes comme l'an dernier, j'arrive à les contrôler. C'est ce que m'a fait remarquer le psy. Je ne suis plus "coincée" physiquement par l'angoisse, je suis détendue physiquement. J'ai appris à stopper mes pensées anxiogènes, je ne me laisse plus envahir. Il m'a félicitée et m'a invitée à prendre des anxiolytiques dès que le besoin s'en faisait ressentir, et ce sans hésiter, ni culpabiliser.
    Je lui ai dit que j'en avais assez de toujours voir le verre à moitié vide, que j'aimerais bien être un peu optimiste, ça serait plus reposant. Il m'a expliqué que malheureusement, c'était une caractéristique de ma personnalité qui ne changerait pas. C'est mon mode de fonctionnement. Être pessimiste n'est pas confortable, certes, c'est fatiguant, mais l'avantage, c'est d'être ancré dans la réalité et de n'avoir que rarement de mauvaises surprises. Par contre, il faut travailler pour que ce pessimisme ne soit pas significatif d'anxiété permanente, et c'est ce que je fais.

    Quand le psy m'a assurée que je ne faisais pas un nouveau TAG et que j'avais fait d'énormes progrès, j'ai fondu en larmes. Le psy a cru que je pleurais à cause d'un des sujets anxiogènes cités plus haut. Je lui ai expliqué que c'était le compliment qu'il venait de me faire. Il a voulu en savoir plus sur le pourquoi je pleure quand on me fait des compliments : "est-ce que vous avez beaucoup attendu les compliments quand vous étiez petite, sans les avoir jamais reçus?" J'ai répondu que le problème n'est pas là, ce qui est vrai. Je n'ai pas de souvenir que mes parents m'aient fait beaucoup de compliments, mais je n'ai pas le souvenir d'avoir attendu les compliments non plus. Mes parents ne sont pas du genre à ne jamais avoir été satisfaits de leur fille. Mais je n'avais pas envie de creuser cela avec le psy ce jour-là, j'y réfléchirai plus tard, à tête reposée. Je lui ai donc donné mon explication des pleurs : quand je me suis débattue contre quelque chose (la crise d'angoisse du matin même) et que je suis fatiguée émotionnellement de cela, je pleure facilement si on me complimente, car cela me fait ouvrir les vannes. Il a alors continué à me faire d'autres compliments en se moquant gentiment de moi.

  • Novembre / décembre 2011

    Dernière séance de l'année. J'ai démarré ma TCC en septembre 2007. 4 ans et j'ai le sentiment d'avoir toujours autant progrès à faire que de progrès faits. Si je regarde objectivement, c'est faux, j'en a fait plus que ce qu'il me reste à faire. Seulement ce qui reste est le plus difficile. Et puis il y a des choses qui ne changeront pas, parce qu'en fin de compte je suis comme ça. L'idée, c'est d'arriver à un niveau de fonctionnement suffisant pour que ma vie quotidienne ne soit plus ni une fuite ni une une lutte permanente. Pour être bien, quoi.

    Donc à cette dernière séance de l'année, nous avons disserté sur les mérites et les erreurs de mon compagnon. Il est celui grâce à qui j'ai commencé cette TCC, car c'est lui qui a dépisté le problème et m'a incité à m'en préoccuper. Mais, car il y a toujours un "mais", par son attitude vis-à-vis de mes difficultés, il me rend la tâche difficile. Il ne sait pas m'encourager, il sait surtout mettre le doigt sur ce qui ne va pas. Il fait des efforts pour les encouragements, car je lui ai dit qu'il m'en fallait, mais il n'en fait pas suffisamment et surtout pas assez naturellement pour que cela me fasse avancer. Dans tout apprentissage, la TCC en est un, il faut un renforçateur du comportement souhaité. Je ne l'ai pas vraiment, c'est peut-être aussi pour cela qu'il m'est difficile d'avancer sur le terrain du couple. Et les critiques qu'exprime mon compagnon sont, même si elles sont nécessaires, tout le contraire. Elles m'enfoncent. Donc non seulement je n'ai pas assez de renforçateurs, mais en plus je dois lutter contre les critiques, qui sont très anxiogènes.

    Nous avons également parlé de mon hypersensibilité à la critique. Les critiques qui me sont faites par des proches sont très anxiogènes, j'y réagis très mal. En gros, quand mon compagnon me fait une critique, j'ai un moment de panique, je dois me concentrer pour me reprendre et ne pas répondre du tac au tac par une autre critique de manière agressive. J'ai du mal à reconnaître quand j'ai tort, j'arrive même à être de mauvaise foi pour ne pas reconnaître mes torts. Tout ceci entraîne évidemment beaucoup de souffrance chez moi comme chez mon compagnon. Le psy m'a conseillé de me préparer une réponse toute faite (ça évite de dire n'importe quoi sous l'emprise de la panique) et que cette réponse toute faite soit une question qui fasse préciser le contenu de sa pensée à la personne qui a fait la critique. Le but étant de me faire comprendre que ce n'est pas moi dans ma globalité qui est remise en cause, mais le comportement que j'ai eu, la chose que j'ai faite et donc de faire retomber l'angoisse afin de répondre sereinement.
    C'est exactement ce que j'ai lu dans "Affirmez-vous !" de Fanget et "S'affirmer et communiquer" de Boisvert et Beaudry. J'étais un peu déçue, je pensais que mon psy aurait quelquechose de plus personnalisé à me proposer. Je ne m'y suis pas encore attelée, mais il va falloir que je le fasse.

    Pour résumer, ça ne va pas trop mal, ça va nettement mieux qu'il y a quelques années.
    A ce sujet, j'ai relu quelques notes de mon ancien blog (2003 à 2007), les notes des premières années étaient très significatives de ma phobie sociale : célibat et crises d'angoisse. C'est dur de relire ça et en même temps, avec le recul, ça m'aide à mieux comprendre. Ça me paraît tellement loin et tellement différent de ce que je suis aujourd'hui, j'ai le sentiment que ce n'était pas moi. Et pourtant, c'était bien moi...

    Bon, allez, à l'année prochaine !