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Journal de Bord d'une thérapie cognitivo-comportementale. - Page 13

  • Effet domino

    Ce week-end, j'ai reçu mon frère, ma belle-soeur et leurs deux enfants. Ça faisait longtemps que je ne les avais pas reçus, parce que soit j'allais chez eux et je m'ennuyais (lui sur son PC, elle sur sa console et moi seule dans un coin avec une BD), soit ils venaient chez moi et je n'aimais pas la façon dont mon frère s'adressait à ma belle-sœur ou à ses enfants : toujours en criant, et j'avais préféré les éviter.
    Avoir parlé de ma phobie sociale et de mon manque d'affirmation à ma collègue la semaine dernière m'a libérée. J'ai ainsi pu en parler à mon frère et ma belle-soeur. Je leur ai expliqué que je les avais évités toutes ces années pour ne pas avoir à leur dire ce que je pensais, chose que j'ai faite par la même occasion en précisant que j'aurais du en parler à l'époque pour éviter de couper les ponts. Leur réaction a été en-dessous de ce que j'attendais : manque de curiosité, mais bienveillante tout-de-même. Du moins de la part de ma belle-soeur, mon frère, lui, a simplement levé le nez de sa BD.
    Après-coup, je comprends mieux leur réaction.
    Ce week-end m'a permis d'observer et de comprendre le comportement de mon frère. Je pense qu'il souffre de manque d'affirmation, voire de phobie sociale. Il y remédie par de l'agressivité et de l'évitement.
    En voici un exemple : ma belle-soeur a été très étonnée de voir mon compagnon appeler l'architecte qui a travaillé sur la rénovation de la maison pour prendre rendez-vous. Elle m'a expliqué que jamais mon frère ne prendrait un rendez-vous ainsi. Elle m'a d'ailleurs confirmé ce que je pensais en m'expliquant que mon frère passe tout son temps libre dans son coin sur son PC, qu'il ne prend pas ou peu d'initiative, qu'il ne prend effectivement pas de rendez-vous lui-même (plombier, dentiste etc...), qu'il n'appelle jamais aucune administration. J'ai dit à ma belle-soeur que ça ressemblait beaucoup aux problèmes que je rencontre et dont je leur avais parlé la veille au soir. Elle a approuvé.
    J'espère qu'elle ira chercher de l'info sur la phobie sociale et comprendra que ces choses-là peuvent changer.

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  • Un nouvel espoir

    Ça y est, le budget est fait. Évidemment, beaucoup moins élevé que mes estimations, mais ça devrait aller, même si on devra se serrer la ceinture quelques mois, le temps de rééquilibrer.
    Mon compagnon m'a incitée à parler de tout ça avec ma collègue, auprès de qui j'ai des dettes. Lui expliquer que j'ai compris d'où venait le problème et lui expliquer quel est le problème, par honnêteté et pour lui montrer que j'ai confiance en elle en me "mettant à nu" et aussi que je me reprends en main pour que ça se résolve. Je ne lui avais jamais parlé de ma phobie sociale. Maintenant, elle connaît cette facette de moi et nos relations seront plus naturelles.
    Ça a été très dur de lui raconter. Le plus dur était avant d'aller la voir, l'angoisse était forte. Je me sentais comme avant de passer un examen oral. Et puis ça a été dur de ne pas être trop confuse dans mes propos. Heureusement, sur les conseils de mon compagnon, j'avais pris des notes pour être sûre de dire tout ce que j'avais à dire. Elle a compris mon problème et m'a rassurée sur sa volonté de continuer à travailler ensemble.
    Quand j'y repense, j'ai pris le risque qu'elle me juge négativement. C'est précisément ce dont j'ai peur au quotidien. Ça a été une vraie épreuve, que j'aurais été incapable de mener à bien il n'y a encore pas si longtemps. Je suis impressionnée par le fait d'avoir réussi à le faire. Et je me rends compte que mon compagnon a raison, c'est important qu'il ne soit pas le seul dans mon entourage proche à connaître l'existence de ma phobie sociale. Ça me fait du bien de pouvoir en parler à d'autres gens que lui, et lui ça le soulage, il n'est plus la seule personne à porter le fardeau avec moi. Les rares personnes avec qui j'en avais parlé jusqu'à maintenant sont des gens que je ne vois pas souvent et qui ne voient pas forcément l'impact que cela a sur mon quotidien.

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    Dire les choses, il faut dire les choses, c 'est ce que me répète mon compagnon presque tous les jours...

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  • Une nouvelle prise de conscience

    Parmi mes sources d'angoisse, il y en a une que je n'assume pas et à laquelle j'évite de me confronter. Je n'en parle que rarement à mon compagnon, encore moins au psy, parce que j'en ai honte. D'ailleurs le fait d'écrire cette note est une épreuve pour moi, cela fait plusieurs jours que je tourne autour sans le faire.

    Je ne fais pas mes comptes. Je ne les ai quasiment jamais faits. Mon dernier souvenir de tenue de compte remonte à 13 ans auparavant, l'année de ma première vraie fiche de paie. Je vivais alors à Paris. J'ai du faire mes comptes pendant 2 ans et demie et arrêter quand je suis revenue vivre sur le lieu de mes études.
    C'est alors que ma phobie sociale s'est installée. En effet, j'ai toujours eu mes amis sur mon lieu de travail ou d'études. Je n'ai jamais réussi à me faire d'amis en dehors de ces contextes. J'avais mes amis à l'école, au collège, au lycée, à la fac. Quand je suis partie à Paris, j'ai eu des amis sur mon lieu de travail. Puis j'ai décidé de revenir à ma ville d'études, pour des raisons d'avenir professionnel : je suis revenue travailler à la fac où j'ai fait mes études. Et là, je me suis retrouvée seule. Je n'avais plus mes amis d'enfance, de collège et de lycée depuis longtemps (les amitiés contextuelles n'ont pas survécu au changement de contexte). Mes amis d'études étaient partis vivre leur vie professionnelle et n'étaient plus à la fac. Mes amis parisiens étaient restés à Paris. Ma phobie sociale s'est alors développée et a pris toute son ampleur. J'ai vécu plusieurs années en solitaire, avec pour seule vie sociale mon iMac et MSN. Je ne voyais personne, du coup j'ai resserré mes liens avec mon grand-frère. Je me suis mise à bloguer. Je faisais beaucoup de crises d'angoisses, j'ai du faire un ou deux TAG, suivis d'épisodes dépressifs. J'avais une psy incompétente qui me traitait exclusivement à coup de cachetons.
    C'est donc à cette période que j'ai arrêté de faire mes comptes. Je ne saurais pas expliquer précisément pourquoi, si ce n'est par le laisser-aller ambiant. Je ne voyais plus personne. Je ne rangeais plus mon appartement, que je n'ai jamais meublé, je dormais sur un matelas posé par-terre et ma table basse était une planche posée sur un carton (je rappelle que je gagnais ma vie correctement). Je ne faisais pas le ménage non plus, enfin pas souvent et pas à fond. A tel point que je ne pouvais plus envisager de recevoir qui que ce soit car l'appart n'était pas présentable (sans tomber dans les excès de ce qu'on voit dans l'émission de M6). Je mangeais n'importe quoi en n'importe quelle quantité, j'outre-mangeais souvent pour anesthésier mes angoisses, j'ai pris 20 kilos. Je me suis mise à boire de l'alcool en rentrant du travail, pour les mêmes raisons. Au début une bière, puis une grande bouteille de despé, puis un verre d'alcool fort. J'ai calmé cela suite à un défi posé par mon grand-frère qui ne me croyait pas capable de me passer de boire de l'alcool pendant une semaine. J'ai réussi et j'ai été tellement vexée qu'il ait cru cela, que j'ai arrêté l'alcool fort et m'en suis tenue à une bière de temps en temps, pas tous les jours.
    Bref, je me suis retrouvée interdite bancaire alors que je gagnais ma vie et que je ne dépensais pas mon argent dans des sommes astronomiques, simplement en ne faisant pas mes comptes et en n'ouvrant jamais les courriers de ma banque. Malgré cela, je ne me suis jamais remise à faire mes comptes. Gagnant suffisamment ma vie pour ne pas avoir de nouveaux ennuis et ayant des parents prêts à m'aider à payer mon loyer (j'ai beaucoup fait appel à eux, alors qu'ils gagnent beaucoup moins que moi), rien ne m'a fait réagir.
    Et puis j'ai rencontré mon compagnon (sur Meetic). Il se trouve que c'est moi qui rapportais les revenus dans le couple et moi qui était donc sensée gérer le budget, surtout depuis que je n'étais plus salariée. Or je ne gérais rien, je naviguais à l'aveugle, avec de temps en temps, un incident de loyer avec appel à mes parents.
    Et c'est là que s'est renforcé mon comportement vis-à-vis des comptes.
    C'est moi qui gagne les sous et mon compagnon a des passions qui coûtent cher (cinéma, musique, home cinéma, vidéoprojection, système de son, DVDs, Blu-rays etc...). C'est à moi de dire oui ou non à chaque achat suggéré. Et dire non à mon compagnon, c'est vraiment difficile (putain de manque d'affirmation). Donc, ne pas savoir précisément ce qu'il y a sur le compte me permet de l'évaluer "à la louche", et à la louche un achat passe toujours plus facilement. Si j'avais su ce qu'il y avait sur le compte, j'aurais peut-être eu à dire non souvent. Donc pour ne pas avoir à dire non, je me suis maintenue dans le flou. Je ne l'ai pas fait de manière réfléchie, ça s'est fait naturellement, à l'insu de mon plein gré.
    A force de dépenser sans compter, je me suis mise en danger sur le plan professionnel, j'ai dû négocier avec ma collègue un moyen d'échelonner mes dettes. Cela ne m'a toujours pas fait réagir.
    L'an dernier, nous avons décidé d'acheter une maison. L'idée m'angoissait et me ravissait en même-temps. Je ne savais pas trop pourquoi cela m'angoissait et n'étais pas armée pour y réfléchir paisiblement. Je n'avais évidemment qu'une vague idée du revenu que mon activité me permettait de dégager. La banque où nous étions nous a refusé le crédit immobilier (avec raison !), mais nous nous en sommes offusqués et sommes donc allés voir d'autres banques. Au fil des semaines, mon angoisse grandissait, sans que je comprenne réellement. J'avais peur qu'aucune banque ne nous accorde de crédit et j'avais peur de ce futur achat, sans comprendre qu'acheter une maison sans connaître ses revenus était là la source de mes angoisses. Nous avons finalement trouvé une banque qui accepte. Nous avons emménagé et j'ai fait mon TAG. A cette période, j'ai reçu les régularisations d'URSSAF et d'impôts de 3ème année d'activité libérale, ce qui m'a fait me pencher (enfin !) sur nos revenus. Et là je découvre que nous gagnons beaucoup moins que ce qui nous avons annoncé à la banque. Mon compagnon est tombé de haut en apprenant cela. Ce fut un moment difficile à passer entre nous. J'ai cru que notre couple ne s'en remettrait pas. Cela ne m'a toujours pas fait réagir.
    Mes revenus ont augmenté, car mon activité se développe. J'ai anticipé les charges sur le compte pro, qui s'est équilibré, les incidents financiers se sont espacés. Mais ne faisant toujours pas mes comptes sur le compte perso, j'ai un peu trop puisé dans le compte pro et ai continué à me mettre en danger sur le plan professionnel. J'ai dû emprunter pour rééquilibrer les comptes. Cela ne m'a toujours pas fait réagir.
    J'ai continué comme ça, avec encore quelques incidents, tout en me disant "mais ce n'est pas normal que je n'y arrive pas, je ne comprends pas ce qui se passe, je ne comprends pas ce que je ne fais pas correctement".
    Et puis ce mois-ci, je viens de recevoir la régularisation de la caisse de retraite. Très grosses mensualités à venir, alors que nous avons en projet de prendre une location en plus du crédit, tant que la maison n'est pas vendue (nous ne revendons pas la maison pour raison financière mais parce que nous sommes trop isolés, trop loin de la civilisation). Je l'annonce à mon compagnon. Il ne comprend pas que je n'ai pas anticipé cette régularisation, ni que je ne sois pas capable de répondre à la question qu'il me pose : "Mais on gagne combien ? Est-ce qu'on va pouvoir payer la caisse de retraite ou est-ce qu'il faut encore solliciter la banque ?". Et là, en effet, je ne suis pas capable de lui dire combien on gagne. Mon compagnon re-tombe de haut. Il pensait que depuis le dernier incident, je m'étais mise à gérer le budget. Il a été énormément déçu, a évoqué le fait que ça ne lui donne pas envie de se marier.
    Tout en m'expliquant avec lui, je réalise que mon TAG de l'hiver dernier vient du fait que je ne tenais pas les comptes. Ce à quoi il répond qu'en effet, lui aussi aurait fait un TAG dans les mêmes conditions. Il réalise que je n'ai jamais fait les comptes et m'avoue que s'il en avait eu connaissance, il n'aurait jamais lancé le projet d'achat de maison. Il est atterré par ce qu'il vient de découvrir de moi, très déçu et il a peur d'en découvrir encore tous les ans. Il me dit qu'il ne veut plus de surprises de ce genre et ne comprend pas que je ne lui en ai jamais parlé.
    Là encore, notre couple a pris du plomb dans l'aile.
    Cette fois, j'ai réagis.
    Je me suis engagée à tenir les comptes. Je viens de passer le week-end à faire le bilan 2011 pour préparer le budget 2012. Ça m'angoisse de le faire, mais l'enjeu est bien trop important : mon couple et ma vie professionnelle.
    Et j'ai honte.
    Tellement honte.
    J'ai honte et je suis en colère contre moi.
    Je me sens vraiment anormale, malade, pathologique. J'ai le vertige en repensant au danger que je nous ai fait courir et dans lequel nous sommes peut-être encore. Je me compare à la Grèce.
    J'ai tellement honte de la raison pour laquelle j'ai pris tout ces risques, que je n'ose pas l'avouer à mon compagnon. Du coup, je me sens seule face à mon problème. J'éprouve d'ailleurs pour la première fois de ma vie le besoin de participer à un groupe de parole, pour pouvoir parler de cela à des gens qui me comprendront. Cela m'aiderait à dédramatiser et à l'expliquer à mon compagnon.
    J'ai appelé mon psy, mais il est en vacances cette semaine. Je lui avais parlé de mes dettes sur le plan professionnel, sa réaction m'avait angoissée car il a paru choqué, alarmiste. Du coup, je ne lui en ai plus jamais reparlé. Mais là, il faut que je lui en parle, pour qu'il m'aide à avancer.
    Je reprends des anxiolytiques pour dormir, ça m'évite de me réveiller à l'aube angoissée et ça m'aide à être à peu près bien en journée. Je me sens mal dans ma peau, mon estime de moi en a pris un sérieux coup.
    Pour tenir psychologiquement, je fais comme mon psy, je positive : l'important c'est que j'ai trouvé ce qui me faisait aller mal et la cause de mes perpétuels des problèmes d'argent et angoisses qui vont avec. Je connais le problème, il est simple à résoudre, c'est à la portée de n'importe qui et cela m'apportera de la sérénité. Cette prise de conscience est difficile mais elle était nécessaire. Je ne dois pas déprimer, et arrêter de faire l'autruche pour avancer.
    Dans la dispute, mon compagnon m'a demandé ce que je voulais : la SÉRÉNITÉ, c'est ça que je veux.

  • Février 2012

    Depuis la dernière séance, plusieurs des problèmes qui réveillaient mes angoisses se sont résolus.
    J'ai été licenciée du mi-temps qui me posait problème sur le plan éthique et relationnel. La raison du licenciement est la non-intégration à l'équipe : je n'ai pas la même vision de la profession que mes collègues et elles n'ont pas désiré continuer travailler avec moi. Ca me met dans l'embarras financièrement, mais ça m'a beaucoup soulagée.
    Par conséquence, le projet de location est repoussé pour raison financière. D'autant qu'il l'est de toutes façons, car la locataire actuelle a shunté l'agence, en passant directement par le propriétaire, pour obtenir de ne quitter l'appartement que fin mai (au lieu de fin février).
    J'ai repris contact avec mon grand-frère, qui m'a avoué avoir envie de le faire depuis plusieurs mois sans savoir comment faire. Le prétexte de la reprise de contact c'est que je vais me marier. Mon compagnon et moi avons décidé de passer à l'acte en 2012 pour des raisons pragmatiques. Cela me fait tout de même très plaisir. Mon grand-frère sera mon témoin. Il reste à résoudre la mésentente avec sa femme avant le jour J. Mon compagnon m'aide en cela.
    Nous avons vu le responsable de l'agence immobilière à qui nous avons confié la vente de la maison. Il nous a rassuré. La maison est belle, elle plaira, il faut juste réussir à convaincre les gens de faire quelques kilomètres de plus que qu'ils veulent initialement pour la visiter.

    Avec tout ça, je suis arrivée chez le psy avec beaucoup moins d'angoisses que la fois précédente. Donc pas de nouveau TAG.
    Nous avons beaucoup parlé de ma situation professionnelle. Nous avons débriefé ce qui s'est passé.

    Je lui ai également fait part de mes difficultés persistantes avec mon hypersensibilité à la critique, notamment venant de mon compagnon, j'en avais eu encore la démonstration le matin même. Je lui ai demandé quelle lecture il pouvait me conseiller à ce sujet. Il m'a avoué ne pas avoir grand chose à me conseiller à ce sujet, si ce n'est "Oser la vie à deux" de Fanget. Il ne me reste plus qu'à le lire...

  • Janvier 2012

    Au cours de cette séance, j'ai exposé au psy le fait que j'avais peur de refaire un TAG.
    En ce moment, j'ai de nouveau des angoisses. La maison que nous avons achetée il y a un an finalement ne nous convient pas pour plein de raisons : nous la remettons en vente alors que l'immobilier commence à baisser. Nous avons trouvé une location pour dans quelques mois : nous aurons le loyer + le crédit à payer, donc grosse pression pour les revenus de mon activité professionnelle (je suis profession libérale). D'autant que j'ai démarré un nouveau job mi-temps (en plus de mon premier mi-temps) qui ne me convient pas sur le plan éthique et relationnel, j'ai du mal à m'y affirmer, je ne m'y sens pas bien. Mes rapports avec ma famille sont toujours aussi compliqués, il y a un conflit avec mon grand-frère et je ne m'en sors pas. Bref, plein de raisons de ne pas aller bien.
    Malgré tout cela, je gère mes angoisses, elles ne sont pas envahissantes comme l'an dernier, j'arrive à les contrôler. C'est ce que m'a fait remarquer le psy. Je ne suis plus "coincée" physiquement par l'angoisse, je suis détendue physiquement. J'ai appris à stopper mes pensées anxiogènes, je ne me laisse plus envahir. Il m'a félicitée et m'a invitée à prendre des anxiolytiques dès que le besoin s'en faisait ressentir, et ce sans hésiter, ni culpabiliser.
    Je lui ai dit que j'en avais assez de toujours voir le verre à moitié vide, que j'aimerais bien être un peu optimiste, ça serait plus reposant. Il m'a expliqué que malheureusement, c'était une caractéristique de ma personnalité qui ne changerait pas. C'est mon mode de fonctionnement. Être pessimiste n'est pas confortable, certes, c'est fatiguant, mais l'avantage, c'est d'être ancré dans la réalité et de n'avoir que rarement de mauvaises surprises. Par contre, il faut travailler pour que ce pessimisme ne soit pas significatif d'anxiété permanente, et c'est ce que je fais.

    Quand le psy m'a assurée que je ne faisais pas un nouveau TAG et que j'avais fait d'énormes progrès, j'ai fondu en larmes. Le psy a cru que je pleurais à cause d'un des sujets anxiogènes cités plus haut. Je lui ai expliqué que c'était le compliment qu'il venait de me faire. Il a voulu en savoir plus sur le pourquoi je pleure quand on me fait des compliments : "est-ce que vous avez beaucoup attendu les compliments quand vous étiez petite, sans les avoir jamais reçus?" J'ai répondu que le problème n'est pas là, ce qui est vrai. Je n'ai pas de souvenir que mes parents m'aient fait beaucoup de compliments, mais je n'ai pas le souvenir d'avoir attendu les compliments non plus. Mes parents ne sont pas du genre à ne jamais avoir été satisfaits de leur fille. Mais je n'avais pas envie de creuser cela avec le psy ce jour-là, j'y réfléchirai plus tard, à tête reposée. Je lui ai donc donné mon explication des pleurs : quand je me suis débattue contre quelque chose (la crise d'angoisse du matin même) et que je suis fatiguée émotionnellement de cela, je pleure facilement si on me complimente, car cela me fait ouvrir les vannes. Il a alors continué à me faire d'autres compliments en se moquant gentiment de moi.

  • Novembre / décembre 2011

    Dernière séance de l'année. J'ai démarré ma TCC en septembre 2007. 4 ans et j'ai le sentiment d'avoir toujours autant progrès à faire que de progrès faits. Si je regarde objectivement, c'est faux, j'en a fait plus que ce qu'il me reste à faire. Seulement ce qui reste est le plus difficile. Et puis il y a des choses qui ne changeront pas, parce qu'en fin de compte je suis comme ça. L'idée, c'est d'arriver à un niveau de fonctionnement suffisant pour que ma vie quotidienne ne soit plus ni une fuite ni une une lutte permanente. Pour être bien, quoi.

    Donc à cette dernière séance de l'année, nous avons disserté sur les mérites et les erreurs de mon compagnon. Il est celui grâce à qui j'ai commencé cette TCC, car c'est lui qui a dépisté le problème et m'a incité à m'en préoccuper. Mais, car il y a toujours un "mais", par son attitude vis-à-vis de mes difficultés, il me rend la tâche difficile. Il ne sait pas m'encourager, il sait surtout mettre le doigt sur ce qui ne va pas. Il fait des efforts pour les encouragements, car je lui ai dit qu'il m'en fallait, mais il n'en fait pas suffisamment et surtout pas assez naturellement pour que cela me fasse avancer. Dans tout apprentissage, la TCC en est un, il faut un renforçateur du comportement souhaité. Je ne l'ai pas vraiment, c'est peut-être aussi pour cela qu'il m'est difficile d'avancer sur le terrain du couple. Et les critiques qu'exprime mon compagnon sont, même si elles sont nécessaires, tout le contraire. Elles m'enfoncent. Donc non seulement je n'ai pas assez de renforçateurs, mais en plus je dois lutter contre les critiques, qui sont très anxiogènes.

    Nous avons également parlé de mon hypersensibilité à la critique. Les critiques qui me sont faites par des proches sont très anxiogènes, j'y réagis très mal. En gros, quand mon compagnon me fait une critique, j'ai un moment de panique, je dois me concentrer pour me reprendre et ne pas répondre du tac au tac par une autre critique de manière agressive. J'ai du mal à reconnaître quand j'ai tort, j'arrive même à être de mauvaise foi pour ne pas reconnaître mes torts. Tout ceci entraîne évidemment beaucoup de souffrance chez moi comme chez mon compagnon. Le psy m'a conseillé de me préparer une réponse toute faite (ça évite de dire n'importe quoi sous l'emprise de la panique) et que cette réponse toute faite soit une question qui fasse préciser le contenu de sa pensée à la personne qui a fait la critique. Le but étant de me faire comprendre que ce n'est pas moi dans ma globalité qui est remise en cause, mais le comportement que j'ai eu, la chose que j'ai faite et donc de faire retomber l'angoisse afin de répondre sereinement.
    C'est exactement ce que j'ai lu dans "Affirmez-vous !" de Fanget et "S'affirmer et communiquer" de Boisvert et Beaudry. J'étais un peu déçue, je pensais que mon psy aurait quelquechose de plus personnalisé à me proposer. Je ne m'y suis pas encore attelée, mais il va falloir que je le fasse.

    Pour résumer, ça ne va pas trop mal, ça va nettement mieux qu'il y a quelques années.
    A ce sujet, j'ai relu quelques notes de mon ancien blog (2003 à 2007), les notes des premières années étaient très significatives de ma phobie sociale : célibat et crises d'angoisse. C'est dur de relire ça et en même temps, avec le recul, ça m'aide à mieux comprendre. Ça me paraît tellement loin et tellement différent de ce que je suis aujourd'hui, j'ai le sentiment que ce n'était pas moi. Et pourtant, c'était bien moi...

    Bon, allez, à l'année prochaine !

  • Octobre 2011 avec le recul

    Dire "merde!", c'est une façon de parler, parce qu'en communication, dire "merde!" n'est pas la meilleure chose à faire si on ne veut pas rompre le dialogue. Il vaut mieux y mettre les formes et argumenter. Mais quand on se sent acculé, plutôt que d'encaisser sans rien dire, dire "merde!" peut débloquer une situation.
    C'est arrivé hier, j'ai dit "merde!" dans une situation où j'étais bloquée, où j'encaissais les propos de mon compagnon sans pouvoir rien répondre. Cela a provoqué une rupture dans la scène qui se déroulait. S'en est suivie une explication et des excuses. Conclusion, j'ai exprimé clairement et vivement un désaccord, et le ciel ne m'est pas tombé sur la tête, la terre ne s'est pas ouverte sous mes pieds !

    Autre chose :  en relisant la note précédente, j'ai repensé à l'histoire du psy qui a aidé un patient à sortir de l'emprise de la scientologie. Ce patient allait mal car il n'arrivait pas faire tout ce que la secte lui demandait. Il est allé consulter un psy. Quand le psy l'a fait parler de ce qui n'allait pas, le patient a dit "je suis un mauvais scientologue".
    Je ne suis pas scientologue et personne n'essaie de m'embrigader dans quoi que ce soit, mais j'ai tendance à toujours vouloir solutionner les problèmes des autres, sans voir que ce ne sont pas les miens. Je cherche à répondre à leurs demandes, alors que le besoin exprimé n'est pas le mien. Et c'est difficile de faire quelque chose que je n'ai pas envie de faire, j'échoue et mon estime de moi en pâtit.
    Je pensais être obligée de faire ce genre de choses (il s'agit de relations amicales ou familiales à entretenir alors que je n'en ai pas envie) parce que c'est bon pour moi, ça soigne ma phobie. Et si je n'ai pas envie de le faire, c'est parce que je suis phobique, alors je me force.
    Or depuis peu, j'ai compris que des envies, j'en ai, mais je les réprime. Je fais bien la différence entre les choses dont je n'ai pas envie et celles dont j'ai envie mais que mon cerveau shunte. Quand le psy me dit que quand le besoin ne vient pas de moi, quand ce n'est pas une envie que je ressens et que je réprime du fait de mon manque d'affirmation, je n'ai pas à répondre à la demande, ça fait tilt. Ces choses que l'on me demande de faire, ce n'est pas mon envie, c'est l'envie de mon interlocuteur, je n'ai pas à m'obliger à y répondre. D'autant que si je le fais, je risque d'échouer et c'est mauvais pour moi.
    Je dois me concentrer sur mes envies propres, les écouter, les redécouvrir et les exprimer. Et je dois faire le tri dans ce que l'on me demande, ne pas répondre à tout : déterminer jusqu'où je suis prête à aller pour être aimée de mes proches.
    C'est ce que le psy voulait que je comprenne quand il m'a conseillé le livre "Oser la vie à deux" de Fanget. Je pense que cette fois, je suis mûre pour le lire.

     

     

  • Octobre 2011

    Le psy m'a demandé comment je vais. Bien, je contrôle de mieux en mieux mes angoisses, mais j'aimerais passer à l'étape suivante : ne plus avoir d'angoisses irrationnelles, ne plus avoir mon anxiété sociale. Il m'a demandé où j'en étais du postulat et de ma phobie : j'en suis débarrassée. Le problème c'est avec mes proches. Il m'a redit que ce n'est plus de la phobie sociale. La phobie sociale, c'est quand a peur du jugement de tout le monde, quand on veut être aimé de tout le monde. Vouloir être aimé de ses proches, ce n'est pas de la phobie sociale, d'ailleurs ça n'a pas de nom. C'est plus compliqué et ce n'est pas la même démarche pour résoudre ces angoisses. La solution c'est de savoir jusqu'où je suis prête à aller pour être aimée de mes proches, de savoir poser les limites. Pour aller bien, je dois poser les limites.

    Ensuite, le psy m'a fait remplir à nouveau l'Echelle de Rathus. Je suis maintenant à + 28. Mon score a encore diminué. Intrigué, le psy m'a demandé si j'avais une bonne image de moi en ce moment. La réponse est que j'ai une image de moi "plutôt mauvaise", ce qui n'est pas mon habitude. D'après moi, la raison en est le fait que je n'arrive pas à progresser, à faire plein de choses que je devrais faire, du fait de mon manque d'affirmation. Le psy m'a demandé de lui expliquer quoi précisément, a décortiqué plusieurs des raisons que j'ai citées. Il en ressort que ce sont des choses que mon compagnon me demandent de faire, pas quelque chose dont j'ai le besoin. Le besoin ne vient pas de moi, l'envie non plus. Il est donc naturel que j'ai toutes les difficultés du monde à répondre à ce besoin. J'y vais à reculons. Le psy m'a expliqué que quand le besoin ne vient pas de moi, quand ce n'est pas une envie que je ressens mais que je réprime du fait de mon manque d'affirmation, je n'ai pas à répondre à la demande. Je lui ai répondu que c'était difficile parce que le demandeur insiste et revient à la charge constamment. Il m'a alors dit que je dois non seulement apprendre à dire "non", mais que je dois également apprendre à dire "merde!". Il s'agit là de poser les limites, comme il le disait tout à l'heure.



    A écouter :

    Entretien avec Pierre Philippe Cadert sur le thème "Cessez d'être gentil soyez vrai".

  • Septembre 2011

    J'ai refait une poussée d'angoisse un dimanche après-midi, il y a quelques semaines. L'angoisse a provoqué l'angoisse : j'ai eu peur que cette crise d'angoisse soit le début d'un nouveau TAG. Peur de la peur, en quelques sortes.
    Cet épisode m'a fait me replonger dans le bouquin "Affirmez-vous !" de Fanget. Je l'ai relu, dans l'ordre cette fois-ci. Cela m'a permis de comprendre que mon problème prend sa source dans le manque d'affirmation. Il explique que les gens non affirmés ne sont pas heureux et qu'ils finissent pas faire soit une dépression soit un TAG.
    Alors j'ai décidé de prendre le taureau par les cornes et j'ai suivi la démarche proposée dans le livre.
    J'ai aussi voulu en savoir plus sur le lien entre TAG / dépression et manque d'affirmation et trouver un ouvrage qui développe plus l'aspect hypersensibilité à la critique. Cela m'a menée au livre "S'affirmer et communiquer" des Canadiens Jean-Marie Boisvert et Madeleine Beaudry. Je travaille avec actuellement. Ce livre est une minde d'or. Il m'a permis de comprendre comment je fonctionne, ou plutôt comment je dysfonctionne. Il complète bien celui de Fanget. Et son chapitre sur "comment recevoir une critique" m'a effectivement éclairée sur l'hypersensibilité à la critique.
    J'ai le sentiment de progresser maintenant, grâce à ces deux livres. Petit à petit, lentement mais sûrement. Je travaille principalement à faire des demandes, faire des critiques et recevoir des critiques. Ca m'aide beaucoup. Plus je m'entraîne, plus je réussis à avoir un comportement affirmé, moins je me frustre, plus je suis fière de moi, moins j'angoisse, moins je déprime, plus j'ose m'affirmer etc...
    Je me suis même découvert des envies que je croyais mortes depuis longtemps. Elles ne le sont pas, elles sont écrasées par la peur de les exprimer. Je suis contente de constater qu'elles existent encore, même si je suis encore loin de parvenir à les exprimer. Je pense que les redécouvrir en est la première étape.
    J'ai parlé au psy de ma relecture de "Affirmez-vous !" pour m'attaquer aux difficultés qui persistent, il m'a conseillé un autre bouquin de Fanget : "Oser la vie à deux", sorte de suite de "Affirmez-vous !" dédiée aux difficultés dans le couple. Un peu plus conceptuel, moins pratique, je le garde pour après celui des Canadiens.

    J'ai aussi réussi une autre chose : dompter ma peur de la peur.
    J'ai refait il y a quelques jours une crise d'angoisse pour une raison liée à mon manque d'affirmation, qui s'est transformée angoisse de refaire un TAG. J'ai réussi à la faire disparaître en me raisonnant : j'ai survécu au TAG l'an dernier, alors que je n'y étais pas préparée, que je ne travaillais pas sur le fond du problème comme aujourd'hui et que je ne comprenais rien à ce qui m'arrivait. Je n'en suis pas morte. On ne meurt pas d'un TAG, on ne meurt pas d'angoisse. Encore moins quand on est suivi par un psy. Au pire, je risque quoi ? Reprendre des anxiolytiques pour quelques mois, so what ? Pas de quoi paniquer. L'angoisse c'est chiant, mais pas insurmontable. Du coup, mon anxiété est retombée.

  • Août 2011

    Rien publié depuis le mois d'avril.
    Je n'ai pas arrêté ma thérapie.
    Je suis enfin sortie de mon trouble anxieux généralisé.
    Je n'ai plus du tout besoin d'anxiolytique, je n'ai plus de crises d'angoisses, juste des préoccupations.
    J'ai d'ailleurs le sentiment de réussir à désamorcer mes angoisses, même s'il y a toujours beaucoup de situations à risque.
    Les éléments anxiogènes sont aujourd'hui parfaitement identifiés, j'en comprends très bien le mécanisme, je lutte activement contre ces phénomènes, mais je n'y parviens pas toujours.
    J'aimerais maintenant que les situations anxiogènes ne le soient plus, pour ne plus avoir à lutter.
    [edit du 17 mai 2012 : avec le recul, les éléments anxiogènes que je pensais avoir identifiés n'étaient pas les bons. la raison pour laquelle j'ai fait un nouveau TAG cet hiver-là est liée à mon problème dans ma gestion de l'argent : je ne faisais pas mes comptes alors que mon compagnon pensais que je les faisais, nous avons acheté une maison alors je ne savais pas de quel budget nous disposions réellement, avec la peur que le budget réel soit très en dessous ce que j'estimais à la louche et toutes les conséquences que cela pouvait avoir]


    Ce qui me "pourrit" le plus la vie à ce jour, c'est mon hypersensibilité à la critique. Dès qu'un proche (mon compagnon, mon grand-frère...) me fait une critique, même constructive, je ressens comme une blessure aigüe. L'image qui me vient c'est une banderille qui me pique le dos. (Il y a quelques mois, c'était un poignard, je pense que le passage du poignard à la banderille est une évolution positive !) Et cette blessure brève et aigüe me fait répondre de manière agressive, du tac au tac.
    Je dois me forcer à ne pas répondre dans la seconde, à réfléchir au contenu de la critique :

    • ce n'est pas moi qui suis attaquée en tant que personne, c'est ce comportement bien précis
    • pas de panique, respire, tout va bien, ce n'est pas une attaque personnelle
    • et puis la trilogie :
      1. est-ce grave ? = non
      2. est-ce sûr (que c'est une attaque personnelle) ? = non
      3. est-ce que je m'en souviendrais dans un an ? = non

    et l'angoisse retombe suffisamment pour que "j'avale la pilule" et j'évite de déclencher un conflit qui me "pourrirait" la journée. J'ai trouvé cette parade dans le livre "Affirmez-vous !" de Frédéric Fanget.

    La deuxième chose qui me handicape, c'est ma grande difficulté à reconnaître que j'ai tort ou que j'ai mal fait. Le même processus se met en route. Mon compagnon me fait une critique (premier écueil) et il attend que je le reconnaisse (deuxième écueil). A ce moment là, c'est comme si un gyrophare rouge s'allumait dans ma tête avec une sirène et une voix qui dit "Alerte ! Alerte !". Panique à bord. Le tout en quelques dixièmes de seconde. Je dois alors me forcer à reconnaître mon erreur, cela met parfois plusieurs minutes et mon interlocuteur doit me harceler. Je suis, dans ces situations-là, d'une mauvaise foi terrible et je n'en ai même pas conscience. Je me raccroche aux branches sans me rendre compte du ridicule de mon comportement. Cela mène inévitablement à un conflit et produit une grande souffrance.

    Souffrance, c'est le mot-clé.
    Mon cerveau croit éviter la souffrance en m'infligeant des comportements inadaptés. C'est une souffrance de m'enliser dans la mauvaise foi. C'est une souffrance de reconnaître mes torts, Et enfin, les disputes qui souvent suivent ce genre d'évènement sont une grande source de souffrance.

    Mais j'ai bon espoir que cela se résolve avec le temps, car j'ai des proches têtus !