Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Asperger - Page 2

  • Bref, j'étais sur le cul.

    N'étant pas très convaincue par l'aide que pourrait m'apporter le psy, dans la mesure où il ne semble pas très au fait de ce qu'est le syndrome d'Asperger (SA) chez la femme, et surtout dans la mesure où je ne souhaite pas recommencer à être suivie par lui, j'ai décidé de retourner voir la psychologue qui m'avait suivie après que j'ai rompu avec le psy, celle qui est formée à l'ACT. Avec elle, j'avais bon espoir d'avoir de l'aide concrète, une fois qu'elle aurait cerné ma demande.
    J'y suis allée avec mon mari, parce qu'à deux, c'est plus facile d'expliquer ce qui me (nous) fait penser que je suis Asperger. 
    Je m'étais préparée à cette consultation, j'avais répété mentalement mon argumentaire, j'avais mis dans mon sac le livre de Rudy Simone et la liste de tous les trucs que j'ai observés chez moi qui me font penser au SA (j'en ai 2 pages).

    Et à ma grande surprise, elle a tout de suite acquiescé en me disant :
    "Oui, oui, c'est tout à fait possible que vous soyez Asperger. Moi je vous avais plutôt classée dans les hauts potentiels. Je ne vous en ai pas parlé, parce que je trouvais que ça n'apportait rien à la thérapie. Mais le syndrome d'Asperger, oui, c'est tout à fait cohérent. Je ne suis pas spécialisée dans ce domaine, je vous conseille d'aller voir Mme Untel qui est psychologue spécialisée dans l'autisme, elle pourra vous diagnostiquer et vous apporter des solutions beaucoup plus adaptées à vos problématiques que ce que je ne le ferais."
    Les bras m'en sont tombés.

    Après m'être remise de mes émotions, j'ai (re)cherché ce que c'était que le haut potentiel. J'avais lu plein de trucs là-dessus quand j'ai fait mes recherches sur le SA, mais là du coup, tout était devenu confus.
     
    Alors le haut potentiel (HP), ou haut potentiel intellectuel, c'est ce qu'on appelait autrefois être "surdoué". Voilà des sites qui l'expliquent très bien :
    http://www.adulte-surdoue.org/2011/videotheque/quand-c%E2%80%99est-la-psychiatrie-qui-revele-le-haut-potentiel-dr-perrine-vandamme/
    http://www.douance.be/douance-ahp-caracteristiques.htm
    http://garhp.com/fr/left/definition-le-haut-potentiel-selon-le-garhp/

    Je ne m'y reconnais pas, et d'ailleurs, j'y reconnais beaucoup plus mon mari.
    Ce qui fait que la psy y a pensé, je crois que c'est le perfectionnisme et l'intransigeance envers soi (je cite) :
    "L’anxiété semble quasi constante chez le sujet à HP, liée entre autre à un pseudo-perfectionnisme. Toute son échelle de valeurs est en effet biaisée dans la mesure où, pour le sujet à HP, la norme, c’est la perfection.
    L’anxiété sociale et relationnelle sera aussi communément retrouvée, car le sujet à HP non détecté n’a souvent pas conscience de son décalage par rapport à la moyenne, et aura tendance, surtout pour les femmes, à s’accorder peu de valeur.
    Ce manque d’estime de soi, associé à une hypersensibilité émotionnelle (qui semble aussi très commune), seront des facteurs favorisants de décompensations dépressives."
    En tous les cas, c'est la seule chose que je trouve me correspondre.
    J'aurais du demander à la psy pourquoi ce diagnostic de HP. Je n'ai pas eu le réflexe, et quand j'ai eu envie de poser la question, nous parlions déjà d'autre chose, et je n'ai pas osé. Comme d'hab.

    Du coup, je me demande si je vais poursuivre la démarche auprès du CRA.
    J'en ai parlé avec la psy, en lui expliquant mes interrogations : ai-je vraiment intérêt à avoir un diagnostic officiel du CRA, dans la mesure où je suis profession libérale et où je dépends des médecins de mon assurance prévoyance professionnelle et de mon assurance de crédit pour fonctionner en cas d'arrêt maladie ou d'invalidité. Je ne suis pas sûre que les médecins des assurances soient très au point sur le SA et j'ai peur qu'ils s'en servent de prétexte pour ne pas m'indemniser sur une pathologie qui n'aurait rien à voir, comme ils ont un peu tendance à faire. La psy m'a conseillé de poser la question à sa collègue spécialisée dans l'autisme. D'autant que le CRA a d'autres chats à fouetter, mon cas ne représente pas une urgence diagnostique et je risque d'attendre longtemps pour être vue.

     

    simone - copie.jpg

     

  • Le boulot du psy

    Puisque le psy m'a demandé de faire son boulot et que ce diagnostic me tient à coeur, j'ai fait le boulot du psy.
    J'ai donc cherché parmi les critères diagnostiques du Syndrome d'Asperger ce qui pourrait me correspondre.
    J'ai découvert que le DSM 5 (manuel de classification des maladies mentales qui fait référence dans le monde médical) avait refondu tout le chapitre sur l'autisme et les Troubles Envahissants du Développement (par rapport au DSM 4) en retirant l'entité Syndrome Asperger, qui avait sa catégorie à part, pour créer l'entité Troubles du Spectre Autistique (TSA), classés par degré de sévérité, et le Trouble de la Communication Sociale (TCS).
    Ainsi, le Syndrome d'Asperger pourrait se retrouver soit dans les TSA, soit dans les TCS - et du coup sortirait du spectre autistique, en fonction de la présence de signes associés aux difficultés de communication ou non.
    En gros, si vous avez des difficultés de communication et d'interaction sociale, mais pas de problème du style manque de flexibilité vis-à-vis de vos rituels et routines, ou hypersensibilité aux sons, ou des centres d'intérêts électifs obsessionnels, alors vous êtes classés TCS.
    Là où ça devient intéressant dans ma recherche, c'est la nouvelle présentation des critères diagnostiques des TSA :

    Déficit persistant dans la communication sociale et les interactions sociales :
        - Déficits dans la réciprocité socio-émotionnelle
        - Déficits dans les comportements de communication non-verbale, utilisés pour l'interaction sociale
        - Déficits dans le développement, le maintien et la compréhension des relations

    Caractère restreint et répétitif des comportements, champs d’intérêt et activités (au moins 2 critères):
        - Stéréotypies motrices ou verbales, ou comportements sensoriels inhabituels
        - Adhérence inflexible aux routines et modèles ritualisés de comportement
        - Champs d’intérêt restreints, figés avec un degré anormal d'intérêt et de focalisation
        - Réaction inhabituelle aux stimuli sensoriels ou intérêt inhabituel pour les aspects sensoriels de l'environnement

    Voilà, donc j'ai trouvé quoi dire au psy :
    à la question "quels sont les éléments cliniques qui vous font penser à un trouble autistique chez votre patient ?" posée par le CRA, il faut répondre :
        - Déficits dans la réciprocité socio-émotionnelle (je ne partage pas mes émotions naturellement ; je ne sais pas de quoi parler aux gens quand il faut leur faire la conversation alors que je n'ai pas une chose précise à leur dire)
        - Déficits dans les comportements de communication non-verbale, utilisés pour l'interaction sociale (difficultés dans les conflits avec mon mari : difficile de le regarder dans les yeux et mes expressions faciales ne traduisent pas ce que je pense)
        - Déficits dans le développement, le maintien et la compréhension des relations (dur de se faire des amis et de les garder)
        - et légère tendance aux stéréotypies verbales (je parle toute seule dès que je pense qu'on ne me voit pas ou qu'on ne m'entend pas), à l'adhérence inflexibles aux routines (manque de flexibilité vis-à-vis des changements, que ce soit au travail ou à la maison) et aux champs d'intérêts restreints (voir ma bibliothèque).

     

     

    Sources :
    http://proaidautisme.org/wp-content/uploads/2014/04/Changes_to_DSM5_FR.pdf
    http://www.autisme.qc.ca/assets/files/02-autisme-tsa/Diagnostic-Depistage/FORMATIONDSM-5.pdf
    http://www.psychomedia.qc.ca/autisme/2014-01-28/dsm-5-trouble-du-spectre-de-l-autisme-trouble-de-la-communication-sociale

    Lien permanent 0 com' Catégories : Asperger
  • Bref, j'ai revu le psy.

    Je suis donc allée à mon rendez-vous avec le psy, pour lui exposer ma problématique.
    Il m'a écoutée, entendue, même. Il m'a demandé de lui citer les éléments qui me font penser au syndrome d'Asperger.
    Alors il m'a dit qu'une partie des points que je cite sont des choses tout-à-fait normales, qu'on rencontre chez tout le monde, comme les routines, et surtout comme le fait d'être peu genrée en me citant comme exemple Simone de Beauvoir et Elisabeth Badinter qui parlaient de "se déguiser en fille"; je lui ai répondu qu'à mon avis ces deux femmes-là sont sur le spectre. Il pense aussi que le fait que je me reconnaisse dans le bouquin de Rudy Simone sur l'Asperger au féminin n'est pas un argument : "à la fac de médecine, quand on  avait les cours sur les personnalités borderline, tous les étudiants se reconnaissaient" etc. Je ne suis pas d'accord, j'ai lu des livres sur des tas de pathologies dans lesquelles je ne me suis absolument pas reconnue.
    Et il pense que le reste des éléments que j'ai cités sont les stigmates de ma phobie sociale. Des points qui restent à traiter, que je n'avais pas mentionnés au début de ma thérapie, sur lesquels nous n'avions donc pas travaillé. La perspective de repartir sur des séances avec lui m'a fait fondre en larmes. Il m'a demandé si pleurais parce que je VOULAIS être Asperger. Je lui ai dit que c'est parce que je ne voulais pas recommencer à revenir le voir pendant encore des mois et des mois. Il a tenté de me rassurer en me disant que ça pourrait être très court. Je lui ai répondu que la TCC de départ devait être très courte et ça a duré 8 ans et c'est pour ça aussi que je pense qu'il y a autre chose.
    Et puis, en désespoir de cause, je lui ai dit que j'avais une autre motivation pour le diagnostic : si le CRA accepte de me faire passer le test, je veux que mon mari vienne à la séance où on m'explique le diagnostic, quel qu'il soit, et qu'il entende de la bouche de spécialistes que j'ai des difficultés réelles, quelles qu'elles soient, et qu'on nous les explique, pour qu'il comprenne à quel point je fais des efforts en permanence et que je ne fais jamais exprès de dysfonctionner et surtout jamais parce que je ne me soucie pas de lui. 
    En entendant ça, le psy a changé de discours et m'a dit qu'il comprenait pourquoi je me voyais Asperger, qu'il cernait bien chez moi cette difficulté à communiquer et à interagir avec les autres, ce sentiment que j'ai de devoir apprendre à fonctionner, mais que j'étais certainement en bout de spectre et que je serai très difficile à diagnostiquer. Que tout ce que je risquais d'obtenir comme diagnostic c'est "une tendance à l'Asperger". Je lui ai dit que j'en étais consciente et que ça m'allait tout-à-fait. Alors il m'a dit que lui n'avait pas assez d'arguments à présenter au CRA pour "les appâter" et les inciter à me faire passer le test et m'a demandé de travailler sur cette liste en m'aidant de mes lectures. Il m'a conseillé également d'éviter de faire référence à des auteurs non reconnus (il parlait de Rudy Simone). 

    Donc, pour résumer, le psy compte sur MOI, patiente, pour faire SON travail de psy.
    Je peux me tromper, mais je ne pense pas que ce phénomène s'explique par les stigmates de ma phobie sociale...


    A part ça, j'ai vérifié sur le site du CRA de ma région, la base de données du Centre de Documentation est accessible en ligne : ils ont le livre de Rudy Simone, dans la catégorie "Asperger", section "Aspects généraux et identification". 

  • Ultra Light

    J'ai pris rendez-vous avec le psy pour qu'il me fasse la recommandation pour le Centre de Ressource Autisme pour le diagnostic du syndrome d'Asperger. Je le vois la semaine prochaine.

    En attendant, j'ai commencé à lire le livre "L' Asperger au féminin" de Rudy Simone. Cette femme est une écrivain, chanteuse et comédienne américaine, atteinte du syndrome d'Asperger qui, dans ce livre, a tenté de décrire le syndrome d'Asperger chez la femme, en interviewant plein de femmes Asperger. En effet, avant ce livre, aucune description du SA au féminin n'existait et la description "officielle" du SA était basée uniquement sur des sujets masculins. Le SA ayant des répercussions sociales et sur l'identité de genre, il était important que son impact sur les femmes soit décrit.

    Et bien, à peu de chose près, tout ce que j'y lis semble raconter ma vie, mais en version "ultra light". C'est à dire que je me retrouve dans les traits, difficultés et particularités qu'elle décrit, mais en version moins marquée que ce qui transparaît dans les témoignages qu'elle cite.
    Il y a d'ailleurs plusieurs items pour lesquels je me suis dit "ha mais ça, c'est pas le cas chez tout le monde ?!".
    Comme saturer très vite et être fatiguée après avoir sociabilisé (pour moi partir en week-end chez des amis, ou aller à une grosse fête, sans forcément me coucher tard) ou encore soliloquer dès qu'on ne me voit pas ou qu'on ne m'entend pas. Rudy Simone classe d'ailleurs le soliloque dans les stéréotypies.

    J'ai aussi découvert que j'avais des traits autistiques assez typiques, comme :

    - les intérêts électifs. En matière de musique, je ne m’intéresse qu'à un seul artiste à la fois, je cherche à connaître tout de cet artiste, je n'écoute que lui exclusivement. Puis, un jour, je passe à un autre. J'ai eu ma période Higelin. Puis ma période Murat. Puis plus rien du tout. J'ai donc plein de CDs, mais qui ne concernent que très peu d'artistes. En BD, c'est pareil. J'ai principalement des œuvres de Hugo Pratt, et c'est à peu près tout, mais par contre, je les ai tous. Le fait de lire énormément de bouquins de psycho, aussi, même des ouvrages destinés aux professionnels, pour en apprendre le plus possible sur la phobie sociale (j'ai d'ailleurs compris pourquoi j'étais étonnée de découvrir que les autres phobiques sociaux ne lisent pas des quintaux de livres de psycho).

    - Évidemment, le fait de ne pas savoir se faire d'amis ou entretenir un lien amical. Au collège, la coutume voulait qu'on demande à ses amis (du collège et hors collège) d'écrire une dédicace sur nos cahier de texte. Moi, j'avais écrit de fausses dédicaces provenant d'amis fictifs, pour que personne ne puisse me dire "han, mais t'as pas d'amis !".
    Je pensais être débarrassée de ce genre de difficultés par ma TCC. Or récemment, j'ai eu la preuve du contraire. Une amie de très longue date de mon mari est revenue dans notre entourage, après une très longue absence qui a démarré à la période où j'ai rencontré mon mari. Comme ils ont très longtemps été très proches, ils sont redevenus très proches très vite. Hé bien j'ai énormément de mal à l'intégrer dans le cercle des intimes. C'est une souffrance pour moi. Je ressens les mêmes choses que quand j'ai rencontré mon mari et qu'il m'a présenté ses amis il y a 10 ans. Je sens qu'il va me falloir beaucoup de temps pour y arriver. Quant-à l'idée de me faire des amis à moi, et non de me greffer sur les amis de mon mari, là-dessus, rien n'a évolué malgré la TCC. 

    - Le fait de ne pas être à l'aise avec les gens sur le plan tactile : il y a quelques années, quand mon mari essayait de me réconforter en me prenant dans ses bras, je me raidissais. J'ai appris à ne plus le faire, pour ne plus blesser mon mari.

    - Le fait d'avoir des activités et centre d'intérêts peu genrés : je ne fais pas de trucs de filles, ça ne m'a jamais intéressé, ça ne m'intéresse toujours pas. J'ai essayé pourtant, j'ai même lu de la presse féminine, mais il n'y a pas moyen, je trouve ça inintéressant. Les fringues, la mode, le maquillage... Je ne sais pas non plus me mettre en valeur sur le plan vestimentaire, au grand dam de mon mari. J'ai appris à me maquiller avec une reloockeuse. Au début, je me forçais à le faire, car ça m'ennuyais prodigieusement. Aujourd'hui, c'est rentré dans ma routine du matin, donc je ne sors plus travailler sans maquillage.

    - Les routines, parlons-en. Le matin, avant de partir travailler, si quelque chose ne se passe pas comme d'habitude, c'est très difficile pour moi. J'ai d'ailleurs blessé mon mari en lui expliquant, sans penser à mal le moins du monde, que si j'étais désagréable avec le matin au réveil, c'est parce qu'il ne fait pas partie de ma routine (mon mari est un oiseau de nuit, il se lève toujours après que je sois partie au travail, sauf à de très rares exceptions). Il a fallu qu'il m'explique en quoi c'était blessant.
    J'ai une autre routine qui vient de se mettre en place : aller à l'hypermarché en sortant du travail le mardi soir. Au début, quand mon mari me demandait d'y aller de temps à autres pour aller chercher un truc qui n'est vendu que dans cet hyper-là, je rechignais énormément. Je pensais que c'était le fait d'aller dans un hyper le soir après une journée de travail, avec la fatigue dans les pattes, qui me faisait reculer. Nous avons déménagé récemment, et durant la phase de déménagement, nous n'avons plus eu le temps de faire les courses le week-end en journée. J'ai donc du aller à cet hyper régulièrement les mardis soirs. Et bien depuis que j'en ai pris l'habitude, à ma grande surprise, ça n'est plus du tout une souffrance. C'est intégré dans une routine.

    - Le fait de ne pas partager mes émotions spontanément. Je ne donne mon avis que si on me le demande, SAUF si c'est sur un sujet qui me passionne. Et dans ce cas, je suis capable d'être soulante.

    - Le fait de ne pas savoir bavarder de tout et de rien. Avant, je pensais que c'était parce que j'avais peur des gens. Mais je n'ai plus peur des gens depuis ma TCC. Et pour autant, je ne sais pas bavarder. C'est d'ailleurs un peu problématique au travail. C'était d'ailleurs une de mes angoisses d'étudiante : "mais qu'est ce que je vais bien pouvoir raconter à mes patients ?". Au téléphone avec des proches également, si je n'y prends pas garde, je vais droit au but. J'ai du apprendre à papoter un tout petit peu avant de poser la question pour laquelle j'appelle.

    - Apprendre, j'ai le sentiment d'avoir eu tout à apprendre à l'âge adulte en terme de communication et interactions sociales. Mon mari m'a souvent dit à ce sujet "j'en ai marre de faire le mode d'emploi !". J'ai beaucoup appris par imitation, notamment sur le plan professionnel. D'ailleurs aujourd'hui, j'utilise encore des façons de parler à mes patients qui sont des imitations de mes profs de fac. J'ai imité sur le plan privé aussi. Dans le domaine de la politique, j'ai imité mon entourage. C'est comme ça que je suis passée de Chiraquienne (via mes parents) à altermondialiste ultragauche, par imitation de mon grand-frère, quand j'ai pris mon indépendance intellectuelle vis-à-vis de mes parents. Puis, quand j'ai pris mon indépendance intellectuelle vis-à-vis de mon grand-frère, j'ai suivi mon mari, qui lui m'a poussée à réfléchir.

    - Sur le plan sexuel aussi, je suis assez typique du SA au féminin. Avant de rencontrer mon mari, j'étais très influençable. J'ai erré de bras en bras, disant oui à peu près à chaque homme qui voulait de moi, faisant ce qu'on me demandait de faire, sans me demander à moi-même si j'aimais ça ou pas.

    - L'aspect financier est également évoqué chez les SA, le fait de ne pas savoir gérer son argent.

    Bref, tout un tas de trucs que j'aurais pu attribuer à la phobie sociale. Mais je ne suis plus phobique sociale, je n'ai plus peur des gens. Pourtant, j'ai encore beaucoup de dysfonctionnements.

    D'ailleurs, je pense que, s'il est avéré que je suis Asperger, c'est une très bonne chose que je ne sois diagnostiquée que maintenant. Car, sinon, je n'aurais pas fait de travail sur ma phobie sociale, puisque j'aurais attribué toutes mes difficultés au SA.
    Dans ce que je lis sur le SA, je constate que la plupart ont une phobie sociale. Or une partie des Aspergers considère qu'on ne peut pas améliorer leurs compétences sociales parce qu'ils sont Asperger. Certains refusent même de chercher à les améliorer et sont "anti-neurotypiques". C'est dommage, parce qu'on vit tellement mieux quand on n'a plus peur des gens. On n'en est pas moins maladroit pour autant, mais on a moins peur.

  • Aspie ou pas Aspie ?

    Depuis quelques temps, je me pose des questions sur ce que je suis.
    A la suite de la note du 15 août, un lecteur fidèle de ce blog (il se reconnaîtra) m'a demandé si j'avais exploré la piste du syndrome d'Asperger pour expliquer mes difficultés.
    [Le syndrome d’Asperger est une forme légère d'autisme, sans retard mental, ni retard de langage, mais avec des difficultés de communication, des difficultés dans les relations sociales et une tendance à avoir des comportements et des centres d'intérêts limités et obsessionnels. Les gens atteints du syndrome d'Asperger se donnent le surnom d'Aspie.]
    A quoi j'ai répondu "oui, de nombreuses fois, mais ce que j'en ai lu ne m'a jamais autorisée à penser que je pouvais avoir le syndrome d’Asperger."
    Et puis ça m'a trotté dans la tête. Alors je me suis mise à relire des choses sur ce syndrome et je suis tombée sur des tests de dépistage qui m'ont tous située soit dans le spectre Asperger, soit juste en lisière. J'ai ensuite cherché des blog d'Aspies, pour voir si je ne m'y reconnaitrais pas.
    Mon mari s'était posé la question pour lui il y a quelques temps, après qu'une connaissance lui ai demandé s'il n'était pas Asperger. J'en avais lu un peu et m'était dit que mon mari en avait certains signes et moi d'autres, à nous deux nous faisions le parfait Aspie. Je suis retournée sur ce blogs et je suis tombée sur celui-ci http://emoiemoietmoi.over-blog.com/ . J'ai énormément de points communs avec cette jeune femme. Je ne sais pas si cela fait de moi une Aspie, mais c'en est très troublant. Sur certains aspect, on dirait moi il y a quelques années, avant ma TCC. J'avais d'ailleurs un blog à cette époque avec des articles qui ressemblent énormément à certains des siens.
    Et puis j'ai appris aussi que les femmes Asperger sont très difficilement diagnostiquées et diagnostiquables car le tableau clinique du syndrome est basé uniquement sur la description de sujet masculins. Le syndrome s'exprime assez différemment chez les femmes.
    Pour être diagnostiqué, il faut faire appel à un Centre de Ressource sur l'Autisme. Il n'y a que dans ces structures qu'on est sûr d'être pris au sérieux. En effet, les psys mal informés ont tendance à dire des trucs du genre : "Vous ? Autiste ? Impossible, vous me regardez dans les yeux. Soyons sérieux !".
    J'ai donc décidé de contacter le CRA de ma région.
    Ils m'ont répondu : pour passer les tests diagnostiques, il me faut une demande de mon psychiatre.
    Il va donc falloir que je retourne voir mon psy d'avant. Aïe. Pour lui annoncer que je pense que je suis peut-être Asperger et que j'ai besoin de lui pour me faire diagnostiquer. Espérons qu'il ne me rit pas au nez.
    Je ne sais absolument pas ce qui sortira de ces tests diagnostics. Mais depuis que je me dis qu'il est possible que je sois Asperger, je revois ma vie sous un autre angle, avec des explications pour toutes mes difficultés et c'est, je dois l'avouer, un très profond soulagement. Je ne suis/serais plus cette fille normale qui foire à peu près tout, mais je suis/serais une Aspie qui a réussi à faire plein de trucs.
    Mon mari, qui pense que j'ai 70% de chances d'être diagnostiquée Asperger, a peur que, si c'est le cas, je cesse de faire des efforts pour mieux communiquer et me sociabiliser. Je lui ai répondu que je ne cherche pas à arrêter de progresser, mais à trouver du sens à mes problèmes.
    En attendant, cela me permet d'être encore plus bienveillante et compatissante envers mes angoisses, mes difficultés de communication et mes bizarreries. Je me dis que si je ne suis pas diagnostiquée Asperger, j'aurais au moins vécu un peu en paix avec moi-même cette parenthèse pendant laquelle je me suis crue Asperger.

    Lien permanent 3 com' Catégories : Asperger, Autocompassion, Bulletin de santé