Juillet 2012
Bonjour Mr [nom de mon psy],
Je me permets de vous écrire, parce que j'ai des choses à vous dire et je ne veux pas empiéter sur votre temps de consultation par téléphone. J’ai trouvé votre adresse mail sur internet. J'espère que vous ne m'en voudrez pas de cette intrusion dans votre boîte mail.
Je n'ai pas pu encore m’organiser pour me libérer pour venir en rendez-vous. Cela finira par arriver, mais pour l'instant il m’est difficile de me libérer de mon travail.
C'est aussi pour cela que je vous écris. Je veux que vous sachiez que je n’arrête pas la thérapie pour autant.
Je tenais également à vous faire part de mon état actuel.
J'essaie tant bien que mal d'avancer sans vous, et avec l'aide de mon mari (nous nous sommes mariés le xxx). Il m'aide à m'affirmer et je fais des progrès chaque jour. J'essaie d'appliquer ce que je lis dans le livre de Fanget « Osez la vie à deux ».
Malgré cela, je vis actuellement une période de souffrance relativement forte.
J'ai compris un peu mieux mon problème dans mon rapport à l'argent. J'ai compris que, couplé à mon manque d'affirmation, il était à l'origine de beaucoup de mon anxiété.
J'ai trouvé des informations concernant ce problème sur le site des « Debtors Anonymous » (association issue des Alcooliques Anonymes) et de son pendant français « Débiteurs Anonymes » . Ils ont des listes de critères et de signaux d’alertes, dans lesquelles je me retrouve pour la majorité des items : je suis débitrice compulsive et sous-payée compulsive (j'ai mis en pièce-jointe la brochure d'information des Debtors Anonymous, au cas où ça vous intéresserait). Je pense avoir mis le doigt sur quelque chose d'aussi important et handicapant que l'était ma phobie sociale quand nous nos sommes vus la première fois.
Après réflexion, il me semble que le problème a démarré quand j'ai travaillé pour la première fois en libéral pendant quelques mois en 2002, année au cours de laquelle j'ai arrêté de faire mes comptes. Voici mon interprétation : je pense qu'il s'agit d'un problème du type « l'argent que je perçois est sale et je ne le mérite pas, alors je ne m'en occupe pas » . A l'époque, Je vivais très mal ma profession (ndlb : ce n'est pas le métier que je voulais faire quand j'ai commencé mes études), et encore plus de l'être en libéral. Je venais de finir mes études, où je me sentais dans un cocon, et d'être embauchée en mi-temps universitaire. Je vivais très mal le fait de devoir travailler dans le libéral à côté. Je me destinais à la « sacro-sainte carrière universitaire », qui n'a jamais pu aboutir, comme vous le savez. L'argent du secteur libéral était pour moi « sale » et indu. J'acceptais très mal de prendre de l'argent pour le travail que j'effectuais. J’ai d’ailleurs arrêté le libéral dès qu’on me l’a suggéré à la fac (en novembre de la même année), pour y travailler temps-plein, rémunérée mi-temps. Ce rejet de l’argent du libéral, ajouté à l’isolement du à la phobie sociale, a permis, je pense, l’installation de mes comportements inadaptés vis-à-vis de l’argent. J'ai arrêté de faire mes comptes cette année-là. Je me suis retrouvée interdite bancaire un an plus tard, parce qu'en plus de ne pas regarder mes comptes, je n'ouvrais pas les courriers de la banque.
Depuis, les choses ne se sont pas arrangées. J'ai la chance d'exercer un métier rémunérateur, sinon, je pense que je serais à la rue depuis longtemps. Comme vous le savez, je me suis endettée sur le plan professionnel parce que je n'ai pas anticipé les charges. Nous avons acheté une maison sans connaitre notre budget (mon mari me faisait confiance et se reposait sur moi puisque c'est moi qui ramène l'argent, et je ne lui avais jamais dit que je ne faisais pas les comptes). Nous sommes à découvert en permanence. Je fais un chèque en me disant que l'argent qui va rentrer le couvrira. Je dépense l'argent avant de l'avoir gagné.
J'ai pris conscience que tout cela était anormal cet hiver et je vous en ai fait part. Mais je n'avais pas réalisé à quel point mon problème était grave.
J'ai donc cerné mon problème, mais seulement voilà, je ne sais pas le résoudre. Je m'inspire des conseils prodigués par les Débiteurs Anonymes, mais il faut assister à leurs réunions, et il n'y en a pas dans ma région.
Je me sens désemparée. Mes problèmes d'argent, et le fait de devoir régulièrement dire non à mon mari pour les achats qu'il propose, m'obsèdent et me handicapent de plus en plus. Je me retrouve avec à nouveau un niveau d'anxiété élevé (mais fluctuant), comme avant, à la différence près qu'aujourd'hui je sais précisément ce qui m'angoisse.
J'ai essayé de faire comme nous avions fait pour la phobie sociale : lister les éléments anxiogènes dans mon rapport à l'argent, trouver leurs points communs et chercher pourquoi ils sont anxiogènes, mais, seule, je n'arrive pas à trouver pourquoi ils sont anxiogènes.
En attendant de pouvoir vous revoir, auriez-vous connaissance d'un groupe de parole pour anxieux à xxx ou alentours ? J'ai cherché, mais je ne trouve rien.
Je vais faire en sorte de prendre rendez-vous avec début septembre.
Bien cordialement