Les bouquins d'affirmation
J'ai repoussé ma prochaine séance au mois de décembre, en attendant, je vous livre le fruit de mes réflexion sur les bouquins d'affirmation.
J'en ai été grande consommatrice, à une époque où l'angoisse était très présente et sur les conseils de mon psy. Ces bouquins contiennent la théorie de la communication verbale, non verbale et des exercices de mise en pratique. C'est pas mal pour comprendre ce qui ne fonctionne pas chez soi, mais concrètement, lire ces livres tout seul dans son coin, ça ne sert pas à grand chose quand on est très anxieux.
Je m'explique :
Observation n°1 : Quand on n'est pas anxieux, on communique bien sans y réfléchir.
Quand j'étais étudiante, on avait des cours de psycho, avec des cours de communication avec les patients. A la base, on était tous égaux. Tous les étudiants découvraient ce qu'était la communication, et pas uniquement les anxieux sociaux, ils avaient tous besoin d'apprendre les cours pour savoir répondre aux questions du prof. Seulement, il y avait les étudiants non anxieux sociaux qui communiquaient déjà bien dans leur vie et avec les patients, naturellement, instinctivement et sans jamais s'être posé la question du comment faire, et les étudiants anxieux sociaux qui n'arrivaient pas à le faire naturellement.
Observation n°2 : Quand on est anxieux, on communique mal même si on connait la théorie.
Je me suis beaucoup intéressée à ces cours. Après mon cursus classique, j'ai fait des formations en psycho et je me suis appliquée à mettre tout ça en pratique auprès de mes patients. Je connaissais donc bien la théorie de la communication verbale et non verbale. Si vous m'aviez fait plancher par écrit sur la question "comment bien communiquer avec ses proches ?", je vous aurais parfaitement répondu. Ça ne m'a pas empêchée de développer et d'entretenir ma phobie sociale dans la sphère privée, parce que j'étais incapable de l'appliquer en dehors du travail.
Même avec la théorie acquise, j'étais incapable de mettre en pratique dans la sphère privée, parce que c'était anxiogène.
Ma conclusion : L'anxieux social, s'il communique mal, ce n'est pas parce qu'il ne sait pas le faire, c'est parce que ça l'angoisse.
C'est un peu comme si on donnait à lire des bouquins de code de la route à quelqu'un qui a la phobie de la conduite automobile. Ça ne sert pas à grand chose : cette personne ne conduit pas parce qu'elle ne sait pas conduire, mais parce que ça l'angoisse.
Les bouquins d'affirmation pour moi c'était comme les livres de code de la route dans l'exemple ci-dessus, ça ne m'a pas aidée à communiquer mieux.
Quand je les ai lus, j'ai compris ce que je n'arrivais pas à faire et j'ai cru qu'il suffisait de faire comme dans le livre pour que ça marche. J'ai attaqué toute seule la mise en pratique directement dans la vraie vie et sans personne pour m'aider. (Mon psy me m'a jamais fait faire des exercices d'affirmation. Or, les exercices hors milieu anxiogène m'auraient été utiles, ils m'auraient permis de me lancer plus facilement, avec une progression dans la difficulté, et d'avoir un retour constructif et sans jugement.) Ça a été horrible. Se forcer à communiquer alors qu'on est très anxieux, c'est vraiment très difficile. C'est même décourageant parce que ça ne marche pas bien. Ça aurait été beaucoup plus efficace si ça avait été encadré.J'ai d'ailleurs très vite arrêté de me forcer pour ce qui était trop anxiogène.
Aujourd'hui, je ne suis plus tellement anxieuse, et je ressens le besoin de me replonger dans ces bouquins, précisément parce que je ne suis plus anxieuse et que je me sens capable d'appliquer la théorie et que je ressens le besoin de m'améliorer.
Et c'est donc pour ça que je ne conseillerais pas aux anxieux sociaux de se plonger dans les bouquins d'affirmation sans aide extérieure.
Alors vous allez me dire que ces livres sont utiles pour savoir ce que nous, anxieux, sommes sensés faire dans les situations difficiles et que l'exposition et un bon moyen de diminuer l'anxiété. Oui, mais pas tout seul. L'exposition dans le cadre d'une TCC, oui.
Vous allez aussi me dire que ce qui fait que je suis moins anxieuse aujourd'hui, c'est parce que je me suis forcée à communiquer. Je n'en suis pas sûre. Jusqu'à ce que je découvre l'ACT, j'avais le sentiment que me forcer ne faisait pas tomber l'anxiété, et que je restais toujours autant anxieuse avant chaque nouvelle tentative. Je pense que ce qui fait que je suis moins anxieuse, c'est que j'ai appris à ne plus écouter mon anxiété.