Explications de texte
Je viens de trouver un article intéressant expliquant le cheminement des thérapeutes qui ont mis au point la 3ème vague des TCC.
Il parle de traitement de la dépression, mais il retrace parfaitement mon cheminement personnel face à l'anxiété.
En voici une modeste synthèse :
(Lire l'article complet : http://lecturepsy.free.fr/psy/spip.php?article20 )
Des thérapeutes sont partis d'une pratique de Thérapies Comportementales et Cognitives (TCC) classique conçue pour la dépression en phase aigüe, et se sont trouvés confrontés au problème des rechutes dépressives. Ils se sont orientés vers une « thérapie de maintien », c'est à dire une thérapie qui vise la réduction du risque de rechute, basée sur la pratique de la pleine conscience.
En résumé :
Le courant des TCC a développé, à partir des travaux de Aaron T. Beck, des techniques centrées sur la correction des biais cognitifs et le renforcement des activités dans lesquelles le patient retrouve du plaisir. Les pensées négatives, même si elles ne sont pas la cause de la dépression, peuvent la maintenir, empêchant la résolution de l’épisode dépressif. Le but en TCC est donc d'agir sur ces pensées et rompre un cercle vicieux. Aussi encourage-t-on les patients à repérer les croyances et attitudes dysfonctionnelles, à rechercher des pensées alternatives, à critiquer ces pensées pour en percevoir le lien avec l’humeur dépressive, la diminution de leur intérêt, et leur difficulté à accomplir les activités quotidiennes. Ces techniques ont de bons résultats sur les épisodes dépressifs aigüs.
Mais les praticiens TCC ont été confrontés à la récidive des épisodes dépressifs chez leurs patient. Ils ont donc poursuivi leurs investigations.
Le modèle de départ des TCC postule que, lors de l’épisode dépressif aigü, les pensées influencent l'humeur et le comportement. Les pensées, dysfonctionnelles chez les déprimés, étant un des moteurs de la pathologie. Or, les études menées sur le risque de rechute ont démontré que le niveau d’attitudes dysfonctionnelles chez les anciens dépressifs (donc à risque de rechute) et les sujets n’ayant jamais fait de dépression est le même : les attitudes et croyances dysfonctionnelles ne sont pas en cause dans la rechute dépressive. La vulnérabilité proviendrait donc plutôt de l’humeur que des pensées. L’humeur jouerait un rôle prépondérant en contribuant aux pensées dysfonctionnelles et à la rechute dépressive.
Ainsi, si la thérapie cognitive classique favorise la sortie de la dépression aigüe par la modification du contenu des pensées dysfonctionnelles, elle risque de ne pas avoir d'effets protecteurs face aux rechutes dépressives.
Au lieu de s’intéresser aux effets des pensées sur l’humeur, les praticiens TCC ont donc recherché les effets de l’humeur sur les pensées.
Une humeur légèrement triste chez des sujets qui n'ont jamais eu d'épisode dépressif entraîne un faible changement des croyances, alors que chez des sujets anciennement dépressifs elle entraîne de grands changements en termes de pensées négatives. Les auteurs en ont conclu qu’en fait, ce n’est pas tant la modification des contenus de pensée qui est efficace dans la TCC de la dépression, que le changement de la relation du sujet à ses pensées. Autrement dit : peu importe le contenu des pensées du sujet déprimé, ce qui joue un effet protecteur contre la rechute dépressive ce sont les capacités de distanciation, de décentration de ces pensées sans qu’il soit pour autant nécessaire d’en modifier le contenu.
Les thérapeutes sont alors orientés vers les travaux de John Kabat-Zinn sur la médiation de pleine de conscience.
En thérapie par la pleine conscience, il s’agit de rendre la personne plus consciente des pensées, sentiments et sensations corporelles telles qu’elles sont quand elles arrivent. La personne va changer sa relation à ces pensées, sentiments et sensations corporelles pour les accueillir pleinement avec une douce bienveillance. Cet accueil vise spécialement les sentiments, pensées, et sensations corporelles dit aversifs, c'est-à-dire ce qu'elle fuit habituellement. Dans cette attitude d’accueil, le sujet ne se laisse plus embarquer dans le mode automatique habituel (ruminations, pensées négatives, auto-critique) qui entretient les difficultés. Ainsi, au fil de la pratique de la pleine conscience, l’emprise de l’automatisme diminue, la personne se voit ainsi protégée du cercle vicieux par l'acceptation des des pensées, sentiments et sensations corporelles qu'elle fuyait auparavant.
Pour ces thérapeutes, il s'agit donc d'un véritable changement de postulat : la thérapie efficace dans le risque de rechute de la dépression s’avère être un mode de vie, plutôt qu’une thérapie brève qui va “ soigner ” ce qui n’a pas “ marché ” chez la personne.
Une vidéo pour résumer l'aspect pleine conscience :
http://www.youtube.com/watch?v=O1hdckSPLjE
Commentaires
De mon expérience personnelle les 2 sont aussi importants: "les pensées influencent l'humeur et le comportement" et l'humeur influencent les pensées et le comportement". C'est inter-relié essayé de trouver une seule cause c'est aussi stérile que d'essayer de savoir si c'est l’œuf ou la poule.
Christophe Andrée le résume assez bien d'ailleurs en disant quelque chose comme "Ce n'est pas une seule technique ou un seul truc qui va venir à bout de vos problèmes d'anxiété/dépression, mais l'ensemble de tout c'est petit trucs ou techniques qui donnera des résultats efficaces.
Perso je suis en bonne rechute présentement (anxiété) suite à un "gros" évènement, par contre je fais déjà de la pleine conscience régulièrement depuis 5 ans et chaque jour depuis 2 ans. Ça m'aide beaucoup sur le moyen/long terme à me détacher (prendre une distance) face à l'anxiété que mes distorsions cognitives me causent le temps de les "changer" et d'intégrer de nouveau schèmes de pensé plus sain.
Je crois qu'il est plus important de modifier les distorsions cognitions qui nous gênent vraiment que de les accepter simplement. L'Acceptation est très importante mais elle n'est que la phase préparatoire avant le changement de la cognition fautive qui fait souffrir et non une fin en soit ou le traitement se termine. L'acceptation est là pour nous aider à changer et non pour tolérer "ad vitam æternam" notre situation.
Nous sommes des gens hypersensible pour moi c'est une évidence que je suis plus sensible à mon humeur que la moyenne des gens, pas besoin d'une étude pour le savoir Hihihihiihihi :P . Alors je sais que pendant les périodes ou je suis plus "down", plus fatigué il est important que j'accepte et comprenne mon état pour ne pas m'embarquer dans la rumination qui va me mener dans un cercle vicieux de négativité.
J'ai été dépressifs et pessimiste pendant plus de 30 ans et en 3-4 ans de restructuration cognitive avec la TCC et la pleine conscience j'ai réussit à m'en sortir vraiment, je vais toujours être plus sensible qu'un autre par contre la majorité du temps je suis d'humeur optimiste. Je crois que c'est hyper important de cultiver cette attitude optimiste avec la TCC et la psychologie positive, par contre c'est pas magique ça demande beaucoup d’implication mais c'est gratifiant.
Voici un extrait de Plaidoyer pour le Bonheur - Matthieu Ricard "chapitre 16" sur l'avantage de cultiver l'optimiste qui a changé ma vie, ça a été le point de départ pour moi, le déclic... http://sharetext.net/r5.html
Maintenant cette rechute au niveau anxieux me fait réaliser que le travail du coté "dépressif" est fait (par contre il faut l'entretenir tout les jours) mais il me reste beaucoup de travail du coté "anxieux". Je fait beaucoup d'évitements, certains sont subtil, d'autres pas du tout ;-) et je commence à comprendre le rôle réel des émotions... bref un autre 3-4 ans de boulot plus ou moins intensif mais qui rapproche d'une certaine sérénité que je touche parfois (c'est encourageant) .
Je songe aussi à peut-être démarrer un groupe de soutient pour personnes anxieuses car il n'y en a pas beaucoup dans mon coin au Canada et sans doute aussi des cours d'introduction à la pleine conscience qui est un outil formidable.
Merci encore pour votre partage (Blog)
Câlins virtuels du Canada XOXO
L'acceptation en tant que phase préparatoire au changement des cognitions me paraît juste, en effet. Moi j'ai d'abord essayé de changer, puis quand j'ai vu que ça ne marchait pas, je me suis dirigée vers l'acceptation. Et en effet, là peut se faire le changement.