Mai 2012
Je ne peux toujours pas prendre rendez-vous avec le psy, alors j'essaie de me débrouiller sans lui. D'autant que les thématiques sur lesquelles je travaille ne l'ont jamais beaucoup inspiré quand je lui en parlais.
J'essaie de corriger mon hypersensibilité à la critique (et aux ordres).
J'ai trouvé d'où cela vient.
Il semble vraisemblable que des expériences éducatives peuvent donner à l’individu le sentiment qu’il est inférieur et risque d’être rejeté : une éducation trop sévère, un frère ou une sœur apparemment très "supérieurs" […] Un père ou une mère très évitant peuvent aussi constituer pour l’enfant un modèle face aux difficultés de la vie, sans compter la part génétique possible du comportement anxieux.
(François Lelord & Christophe André "Comment gérer les personnalités difficiles")
Son origine :
- d'une part innée, héréditaire
- d'autre part environnementale :
Événements de l’enfance ou éducation dont : deuil précoce, style d’éducation ou de communication au sein de la famille
Un enfant déjà prédisposé génétiquement à l’anxiété pourra recevoir une éducation anxiogène de la part du parent anxieux
[...] plus fréquentes chez les "petits derniers ou dernières", ou chez les personnes ayant souffert d’une maladie chronique pendant l’enfance.
(François Lelord & Christophe André "Comment gérer les personnalités difficiles")
Ces personnalités [passifs-agressifs] cumulent en fait deux problèmes :
Hypersusceptibilité liée à un déficit de l’estime de soi : se percevant de peu de valeur, ils attachent une importance majeure à ne pas se sentir infériorisés. Et il leur semble qu’on peut l’être par des ordres ou des contraintes : "si on ne me respecte pas, cela prouve que je n'ai pas de valeur". Ils ont du mal à voir qu’on peut choisir d’accepter des ordres parce qu’ils nous semblent légitimes. Comme eux ne se sentent pas capables de les refuser, ces ordres, ils les détestent.
Car le second problème des passifs-agressifs : ils ne savent pas s’affirmer. La plupart d’entre eux souffrent d’un déficit d’affirmation de soi : ils n’osent pas dire "non, je ne suis pas d’accord, et voilà pourquoi", ou "cela me gêne que tu me parles comme ça, il faut qu’on en cause". Incapables de discuter franchement de ce qui les dérange, ils s’en plaignent plutôt à d’autres personnes, et ils font obstruction.
Le résultat émotionnel est médiocre : ils sont toujours mécontents, toujours victimes, toujours blessés et toujours offensés…
Les sources de tels comportements remontent souvent à l’enfance : il existe des familles à l’intérieur des quelles il y a tout le temps quelqu’un qui boude, où l’on se vit en victime des autres sans jamais oser leur dire ou se rebeller autrement que par des actes de sabotage.
(Christophe André & Muzo "Petites angoisses et grosses phobies")
Les sujets à mauvaise estime de soi n’ont pas moins de qualités que les autres, mais commettent, lorsqu’ils s’évaluent, plusieurs erreurs psychologiques : focalisation sur les défauts et limites, sous-estimation des compétences et qualités.
[Résultat : ] dévalorisation constante, présence permanent du "critique intérieur".
Une faible résilience : [aptitude d’une personne à résister à l’adversité]
L’estime de soi nous protège des échecs et de l’adversité.
La mauvaise estime de soi rend vulnérable à toute forme de difficulté :
- Échecs
- Critique
- Souffrance
- Obstacles
[Conséquence : ] la mémoire émotionnelle des personnes à faible estime de soi semble encombrée de mauvais souvenirs qui vont constituer des sources de démotivation.
(Christophe André & Muzo "Petites complexes et grosses déprimes")
Le travail en psychothérapie avec les personnalités difficiles ou pathologiques :
Première étape :
Prise de conscience que les problèmes rencontrés par une personne viennent en partie d’elle et pas seulement des autres : c’est la question du recul nécessaire sur soi et du renoncement aux mécanismes de défenses qui nous protègent en nous aveuglant.
Deuxième étape :
Comprendre les mécanismes psychologiques qui conduisent à adopter un style psychologique inadapté, et parfois difficiles à accepter par les autres. A partir des croyances, peuvent se mettre en place trois styles de réaction : la soumission (capitulation), la bataille (compensation) ou l’évitement (fuite).
Ex : si une de vos croyances est que vous êtes sans valeur, vous pouvez vous y soumettre (comportements d’échec), compenser (vous refugier dans le narcissisme : besoin de se mettre en avant, manque d’empathie, sentiment de mériter plus que les autres, attitude sociale méprisante, soin important à son apparence, étalages des signes extérieurs de son statut social, colère et ressentiment à la frustration, goût immodéré pour les privilèges, désir de séduire les personnes importantes afin d’obtenir des avantages), ou éviter (se retirer du monde, de toute démarche professionnelle, sociale ou amoureuse où vous pourriez être amené à subir un échec).
Troisième étape :
Trouver les racines des comportements problématiques :
Quelles ont été les expériences de vie précoces en matière d’amour, de socialisation ? Comment se comportaient eux-mêmes les parents ? Quelles valeurs ont été transmises ? Quelles rencontrent ont été faîtes à l’adolescence ? Quels modèles ont été influents ?
Ce dont nous héritons dans nos premières années, ce n’est pas un destin prédéterminé, mais une sorte de pilote automatique qui tendra à se mettre en marche sans notre volonté. Cette dernière ne pourra intervenir que pour le freiner ou le réguler.
Quatrième étape :
Emprunter de nouvelles voies. Souvent les casse-pieds ne savent pas régler leurs problèmes, communiquer, agir autrement qu’en étant casse-pieds. Le but des travaux pratiques proposés en thérapie est de leur faire expérimenter de nouvelles façons de faire.
Dernière étape :
Sortir peu à peu de la thérapie, se mettre en situation d’apprendre de la vie, de profiter des événements de l’existence, des rencontres pour continuer à apprendre et progresser.
(Christophe André & Muzo "Petits pénibles et gros casse-pieds")
Mon histoire colle à ce qui est décrit :
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Mère non affirmée (mon père idem, du moins non communicant) = éducation évitante. Adepte du "Si tu n'as rien d'agréable à dire, tais-toi" et "Laisse-dire, laisse-faire".
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Après le décès de ma soeur aînée : mère dépressive (la dépression de la mère perturbe le développement de l'enfant).
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Institutrice de CP-CE1 aux méthodes dévalorisantes, humiliantes.
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Mon frère qui a trompé son défaut d'estime de soi en devenant narcissique
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Mon grand-frère, qui n'avait pas une meilleure estime de soi (il est plutôt allé vers le comportement d'échec) que mon frère et moi, est devenu très exigeant avec moi. Il fut un modèle influent.
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Ma grande-sœur décédée "supérieure" car fantasmée. J'ai également fantasmé sur le fait que j'ai pensé que j'aurais dû mourir à sa place.
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Perpétuelle "tête de Turc" pendant les années collège.
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Enfin, une enseignante perverse narcissique pendant mes études supérieures, qui s'est acharnée sur moi parce qu'elle a perçu que j'étais faible, qui m'a pousée jusqu'à envisager le suicide.
Un gros besoin de résilience que je n’avais pas.
Je dois maintenant m'attaquer à comment y remédier. Et ça, c'est difficile. J'ai des pistes dans le bouquin "S'affirmer et communiquer" mais je dois me repencher dessus et mettre en pratique.
J'ai résolu le conflit avec mon grand-frère, avec l'aide de mon compagnon. C'est une grande première pour moi et un grand pas dans ma quête de l'affirmation de moi. Autrefois, j'aurais fait comme mon grand-frère, j'aurais fui et plus donné de nouvelles. Mais là, j'ai rappelé mon grand-frère, qui était soulagé que je le fasse, car ça le démangeait mais il n'osait pas le faire. Nous nous sommes rencontrés tous les quatre. Nous avons beaucoup parlé, y compris de ma sœur (chose que nous n'avions jamais faite), pas mal pleuré, et tout va mieux. Il sera mon témoin de mariage et sa femme sera présente. J'aimerais bien maintenant continuer sur la même lancée avec mon autre frère. Réussir à le faire parler, qu'il dise son mal-être comme nous lavons fait avec mon grand-frère.
Mon travail sur la "phobie de l'argent" est en stand-by, parce que je ne pourrai pas aller chez mes parents avant l'été. Les documents à explorer pour tâcher de comprendre quel est le problème sont chez eux. En attendant, je me force à tenir les comptes. C'est anxiogène, mais j'arrive à surmonter ça.
Je m'attaque à un autre problème : celui qui, je pense, est à l'origine de mes problèmes de prise de poids. Je ne sais pas jeter de la nourriture. J'en suis incapable, parce que jeter de la nourriture "c'est mal". Du coup, je me force, depuis toujours, à finir mon assiette. J'avais beaucoup maigri grâce au suivi par une diététicienne, qui m'avait fait prendre conscience du problème, mais je ne m'y étais pas attaquée sérieusement. En effet, le fait d'être encadrée par la diététicienne avait pour effet que je contrôlais ce que je mettais dans mon assiette, donc je pouvais la finir puisqu'il n'y en avait pas trop. Et je maigrissais "sans effort". Depuis que nous habitons à la campagne, loin de tout et de tout le monde, je ne vois plus la diététicienne, et je regrossis. Je me rends compte que je me force encore à finir mon assiette au quotidien, même si je ne le fais plus comme avant, quand j'étais capable de manger beaucoup trop, au point d'avoir le ventre distendu et douloureux. Je le fais sur de petites quantités, mais ces petits excès de quantité répétés me font reprendre du poids. C'est d'autant plus agaçant que, maintenant, j'identifie bien mes sensations de faim et de satiété et je mange quand-même alors que je suis consciente de ne plus avoir faim. C'est comme une pulsion difficile à contrôler qui m'oblige à ne rien jeter ("faut pas gâcher"). Ma thérapie est radicale : je m'oblige à jeter systématiquement une partie du contenu de mon assiette à chaque plat et à chaque repas, ce jusqu'à ce que ça ne me fasse plus rien de jeter. Ça peut paraît absurde, mais ça n'est pas plus absurde que de se forcer à finir systématiquement. Je bloque encore quand je suis invitée, je n'ose pas en laisser dans mon assiette sous le regard de mes hôtes (manque d'affirmation vous avez-dit ?). Je sais que la solution est soit de leur expliquer pourquoi je le fais, soit de ne pas m'en préoccuper car, après-tout, tout le monde ne s'offusque de ce qu'on ne finisse pas son assiette, mais j'ai du mal à mettre en pratique.
Voilà, j'ai de quoi faire...