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  • Le boulot du psy

    Puisque le psy m'a demandé de faire son boulot et que ce diagnostic me tient à coeur, j'ai fait le boulot du psy.
    J'ai donc cherché parmi les critères diagnostiques du Syndrome d'Asperger ce qui pourrait me correspondre.
    J'ai découvert que le DSM 5 (manuel de classification des maladies mentales qui fait référence dans le monde médical) avait refondu tout le chapitre sur l'autisme et les Troubles Envahissants du Développement (par rapport au DSM 4) en retirant l'entité Syndrome Asperger, qui avait sa catégorie à part, pour créer l'entité Troubles du Spectre Autistique (TSA), classés par degré de sévérité, et le Trouble de la Communication Sociale (TCS).
    Ainsi, le Syndrome d'Asperger pourrait se retrouver soit dans les TSA, soit dans les TCS - et du coup sortirait du spectre autistique, en fonction de la présence de signes associés aux difficultés de communication ou non.
    En gros, si vous avez des difficultés de communication et d'interaction sociale, mais pas de problème du style manque de flexibilité vis-à-vis de vos rituels et routines, ou hypersensibilité aux sons, ou des centres d'intérêts électifs obsessionnels, alors vous êtes classés TCS.
    Là où ça devient intéressant dans ma recherche, c'est la nouvelle présentation des critères diagnostiques des TSA :

    Déficit persistant dans la communication sociale et les interactions sociales :
        - Déficits dans la réciprocité socio-émotionnelle
        - Déficits dans les comportements de communication non-verbale, utilisés pour l'interaction sociale
        - Déficits dans le développement, le maintien et la compréhension des relations

    Caractère restreint et répétitif des comportements, champs d’intérêt et activités (au moins 2 critères):
        - Stéréotypies motrices ou verbales, ou comportements sensoriels inhabituels
        - Adhérence inflexible aux routines et modèles ritualisés de comportement
        - Champs d’intérêt restreints, figés avec un degré anormal d'intérêt et de focalisation
        - Réaction inhabituelle aux stimuli sensoriels ou intérêt inhabituel pour les aspects sensoriels de l'environnement

    Voilà, donc j'ai trouvé quoi dire au psy :
    à la question "quels sont les éléments cliniques qui vous font penser à un trouble autistique chez votre patient ?" posée par le CRA, il faut répondre :
        - Déficits dans la réciprocité socio-émotionnelle (je ne partage pas mes émotions naturellement ; je ne sais pas de quoi parler aux gens quand il faut leur faire la conversation alors que je n'ai pas une chose précise à leur dire)
        - Déficits dans les comportements de communication non-verbale, utilisés pour l'interaction sociale (difficultés dans les conflits avec mon mari : difficile de le regarder dans les yeux et mes expressions faciales ne traduisent pas ce que je pense)
        - Déficits dans le développement, le maintien et la compréhension des relations (dur de se faire des amis et de les garder)
        - et légère tendance aux stéréotypies verbales (je parle toute seule dès que je pense qu'on ne me voit pas ou qu'on ne m'entend pas), à l'adhérence inflexibles aux routines (manque de flexibilité vis-à-vis des changements, que ce soit au travail ou à la maison) et aux champs d'intérêts restreints (voir ma bibliothèque).

     

     

    Sources :
    http://proaidautisme.org/wp-content/uploads/2014/04/Changes_to_DSM5_FR.pdf
    http://www.autisme.qc.ca/assets/files/02-autisme-tsa/Diagnostic-Depistage/FORMATIONDSM-5.pdf
    http://www.psychomedia.qc.ca/autisme/2014-01-28/dsm-5-trouble-du-spectre-de-l-autisme-trouble-de-la-communication-sociale

    Lien permanent 0 com' Catégories : Asperger
  • Bref, j'ai revu le psy.

    Je suis donc allée à mon rendez-vous avec le psy, pour lui exposer ma problématique.
    Il m'a écoutée, entendue, même. Il m'a demandé de lui citer les éléments qui me font penser au syndrome d'Asperger.
    Alors il m'a dit qu'une partie des points que je cite sont des choses tout-à-fait normales, qu'on rencontre chez tout le monde, comme les routines, et surtout comme le fait d'être peu genrée en me citant comme exemple Simone de Beauvoir et Elisabeth Badinter qui parlaient de "se déguiser en fille"; je lui ai répondu qu'à mon avis ces deux femmes-là sont sur le spectre. Il pense aussi que le fait que je me reconnaisse dans le bouquin de Rudy Simone sur l'Asperger au féminin n'est pas un argument : "à la fac de médecine, quand on  avait les cours sur les personnalités borderline, tous les étudiants se reconnaissaient" etc. Je ne suis pas d'accord, j'ai lu des livres sur des tas de pathologies dans lesquelles je ne me suis absolument pas reconnue.
    Et il pense que le reste des éléments que j'ai cités sont les stigmates de ma phobie sociale. Des points qui restent à traiter, que je n'avais pas mentionnés au début de ma thérapie, sur lesquels nous n'avions donc pas travaillé. La perspective de repartir sur des séances avec lui m'a fait fondre en larmes. Il m'a demandé si pleurais parce que je VOULAIS être Asperger. Je lui ai dit que c'est parce que je ne voulais pas recommencer à revenir le voir pendant encore des mois et des mois. Il a tenté de me rassurer en me disant que ça pourrait être très court. Je lui ai répondu que la TCC de départ devait être très courte et ça a duré 8 ans et c'est pour ça aussi que je pense qu'il y a autre chose.
    Et puis, en désespoir de cause, je lui ai dit que j'avais une autre motivation pour le diagnostic : si le CRA accepte de me faire passer le test, je veux que mon mari vienne à la séance où on m'explique le diagnostic, quel qu'il soit, et qu'il entende de la bouche de spécialistes que j'ai des difficultés réelles, quelles qu'elles soient, et qu'on nous les explique, pour qu'il comprenne à quel point je fais des efforts en permanence et que je ne fais jamais exprès de dysfonctionner et surtout jamais parce que je ne me soucie pas de lui. 
    En entendant ça, le psy a changé de discours et m'a dit qu'il comprenait pourquoi je me voyais Asperger, qu'il cernait bien chez moi cette difficulté à communiquer et à interagir avec les autres, ce sentiment que j'ai de devoir apprendre à fonctionner, mais que j'étais certainement en bout de spectre et que je serai très difficile à diagnostiquer. Que tout ce que je risquais d'obtenir comme diagnostic c'est "une tendance à l'Asperger". Je lui ai dit que j'en étais consciente et que ça m'allait tout-à-fait. Alors il m'a dit que lui n'avait pas assez d'arguments à présenter au CRA pour "les appâter" et les inciter à me faire passer le test et m'a demandé de travailler sur cette liste en m'aidant de mes lectures. Il m'a conseillé également d'éviter de faire référence à des auteurs non reconnus (il parlait de Rudy Simone). 

    Donc, pour résumer, le psy compte sur MOI, patiente, pour faire SON travail de psy.
    Je peux me tromper, mais je ne pense pas que ce phénomène s'explique par les stigmates de ma phobie sociale...


    A part ça, j'ai vérifié sur le site du CRA de ma région, la base de données du Centre de Documentation est accessible en ligne : ils ont le livre de Rudy Simone, dans la catégorie "Asperger", section "Aspects généraux et identification".