La thérapie porte ses fruits.
J'ai pris ces derniers jours des décisions qui étaient en suspens depuis des mois voire des années.
J'ai arrêté de voir mon autre psy. Je ne l'ai pas laissée tomber comme une vieille chaussette, je suis allée au dernier rendez-vous en date pour lui annoncer.
Je change de travail.
Je change de banque.
Cela peut paraître surprenant que ces trois changements soient situés au même niveau de difficulté, mais à vrai dire, le moins évident pour moi a été de changer de banque. Tout ça est lié, bien évidemment, à ma peur de la réaction des autres.
Pour la banque, il s'agit de La Poste, au guichet où mes parents m'ont ouvert mon premier compte-chèque. A une époque, mes parents m'avaient demandé d'y rester, parce que la postière de leur village était parmi leurs amis. Depuis, je n'ai jamais osé en changer, de peur de la réaction de mes parents, alors que ça fait bien longtemps que cette postière n'y travaille plus. Et puis ça fait 15 ans que je ne vis plus dans ce village. Et, il faut bien l'avouer, les services bancaires de La Poste ne sont pas au top. Ça fait 10 ans que mes amis me disent de changer de banque. Ils ont raison. Ça fait 10 ans que je le reconnais.
La psy, elle, m'a dit des choses qui ne me conviennent pas. Pour simplifier, elle n'avait qu'une idée en tête, me pousser à me séparer de mon compagnon. Et puis avec elle, les séances consistaient à ne parler que de ce qui ne va pas. Avec le psy, les séances consistent à parler de ce qui va mieux, et ça me fait beaucoup plus de bien.
Quant-au travail, je suis (enfin, j'étais) dans le public et je pars dans le libéral. Bosser dans le public, c'était pour moi une sécurité. Toujours être sous la responsabilité de quelqu'un. Faire ce qu'on me dit. Ne pas avoir à gagner ma vie en demandant directement de l'argent à mes patients. Travailler avec une population non "rentable". Mais l'ambiance, ma titularisation qui se fait attendre, les manigances, les conflits d'égo des universitaires et la dégradation des conditions de travail à l'hôpital ont eu raison de ma patience. J'en suis venue à me dire que tout ça ne valait pas la peine. L'année dernière, j'ai commencé à envisager ce départ, puis on m'a proposé de continuer à travailler avec un poste contractuel, moins bien payé que si j'étais titulaire, et j'ai accepté puisque ça me permettait de ne pas avoir à prendre de décision. Cette fois, ça y est, la décision est prise, j'ai passé des coups de fil pour trouver du boulot dans le libéral, je n'aurai pas de mal à trouver.
Bref, tout cela est très perturbant, déstabilisant, mais positif.
Mon psy sera ravi de tout ça.
Moi je suis épuisée, mais libérée. Je me sens beaucoup plus légère, moins plombée par ma phobie, moins prisonnière, le carcan s'allège. Et puis surtout, à ma grande surprise, je ne suis pas malade d'angoisse. Je suis stressée, certes, mais il s'agit plus de trac que d'angoisse. Une réaction normale, donc. J'ai même diminué la dose d'anti-dépresseurs le lendemain de mon dernier rendez-vous avec la psy, je suis revenue à la dose que je prenais avant l'été. J'avais peur que les angoisses reviennent, il semblerait que ce ne soit pas le cas. Je ne sais pas trop ce qui m'a motivée à diminuer la dose, mais je ne le regrette pas. Peut-être que finalement j'arriverai à m'en passer plus tôt que je ne le pensais. Mais l'arrêt se fera sous contrôle du psy.
Par ailleurs, j'ai fait une grande découverte. Quand je dis ce que je pense, les gens me remercient au lieu d'en être mécontents. On me l'avait dit, mais tant que je ne l'avais pas expérimenté, je n'y croyais pas. Ma psy était ravie que je sois venue lui dire en face que j'arrêtais la thérapie avec elle. Ma chef m'a dit être soulagée de me voir prendre ma vie en main, même si je la mets un peu dans la merde, parce qu'elle s'inquiétait de me voir toujours attendre les miettes que le chef d'établissement voulait bien me laisser.
Autre chose, quand je dis non à quelqu'un, cette personne l'entend, et fait en fonction. Quand j'ai dit non à mon frère que je ne passerai pas le dimanche chez eux (officiellement parce que je n'ai pas le temps et j'ai quelqu'un d'autre à voir ce jour-là, officieusement parce que j'ai horreur de ça, même si j'ai envie de voir ses enfants), il décide de passer me voir 2 heures avec sa petit famille le samedi après-midi.
Et puis j'ai découvert une dernière chose qui m'interroge. J'ai lâché un peu du lest dans mon comportement avec les amis de mon compagnon, je me suis détendue, et je me suis ouverte à eux. J'ai découvert que ce sont des gens qui m'intéressent, que je peux parler de plein de sujets que je ne soupçonnais pas avec eux. J'ai découvert qu'ils sont cultivés et drôles. Si je ne m'étais pas lâchée, je ne l'aurais jamais découvert. Je les sous-estimais. Et ça, ça me fait de la peine. Mon psy a raison, je n'ai effectivement pas de problème d'estime de moi.
Je le vois demain, j'aurai des dizaines de choses à lui dire.