Phobie sociale vs Timidité
La timidité est un concept ancien, non psychiatrique et large. C’est un terme couramment employé mais dont la définition scientifique précise reste problématique, il recouvre des réalités très différentes.
A l’origine, la timidité était un terme plutôt laudatif désignant celui qui agissait dans l’esprit religieux d’éviter le Mal (du latin timere qui signifie celui qui craint Dieu).
Puis son sens s’est élargi au XVIIIème siècle pour caractériser des personnes "craintives, pleines d’appréhension", "manquant d’assurance et de hardiesse", "discrètes dans les relations sociales", jusqu’à désigner toutes les formes d’embarras qu’il est possible de ressentir en présence d’autrui.
Actuellement cette appellation correspond à "un type particulier d’anxiété sociale, décrivant une manière d’être durable et habituelle, marquée par une tendance prononcée, lors des situations nouvelles, à se tenir en retrait et à éviter de prendre l’initiative, malgré un désir relatif d’échange avec l’entourage". Elle décrit l’existence simultanée d’un malaise intérieur et d’une maladresse extérieure en présence d’autrui.
Il faut cependant noter que les capacités à s’adapter aux situations d’interaction sociale sont plus développées que dans les formes pathologiques d’anxiété sociale. En effet, si le timide redoute les situations sociales et cherchent à les éviter, c’est surtout les "premières fois" qui sont angoissantes, son anxiété diminuant au fur et à mesure de la répétition d’une situation ou d’une rencontre, alors que le phobique social aura tendance à mettre en place un renforcement négatif irrationnel lors de la répétition, à partir de la rumination d’un échec virtuel qu’il aura imaginé.
C’est pourquoi la timidité ne peut être considérée comme une maladie.
Commentaires
Bonjour,
J'ai lu votre article avec intérêt où vous montrez les différences qu'il y a entre la timidité et la phobie sociale. Vous concluez en disant que la timidité n'est pas considérée comme une maladie.
Bien sûr la timidité est moins douloureuse que la phobie sociale. La timidité est d'ailleurs plus courante que la phobie sociale qui concerne 4% de la population.
Mais la timidité est vraiment handicapante tous les jours. Des interactions intéressantes, des rencontres gratifiantes, des occasions d'améliorer sa vie dans tous les domaines sont mises à distance par la timidité. Et ce sont des émotions pénibles, des sensations physiques désagréables, des pensées négatives qui pourrissent tous les jours la vie du timide.
Ça ne peut donc pas être traité à la légère. Le timide a tout intérêt à s'en sortir et le plus tôt sera le mieux. Je peux en parler car je connais les deux états. La vie sans timidité ça change tout.
Enfin je finirai en disant que la timidité peut aussi évoluer vers des formes plus sévères d'anxiété sociale.
Bonne journée
Pour t'éclairer la seule différence entre la timidité "normal" et l'anxiété sociale c'est l'intensité tout simplement.
Donc une timidité normale est saine car elle nous empêche de nous enfler la tête et nous permet de réfléchir avant d'agir, c'est le but du petit malaise: que l'on ressent c.a.d. "Nous faire modérer afin de réfléchir à l'action que nous allons poser."
Le rôle de la timidité plus globalement 'est de nous aider à garder une certaine retenu afin que le "groupe" nous accepte mieux, c'était indispensable de rester en groupe pour les premiers humains.
Par contre quand la timidité se transforme en peur elle devient aussi un frein à notre intégration au groupe au lieu de nous aider.
La majorité (et non tous) des "Troubles anxieux" sont causés par le circuit de l'AMYGDALE dans notre cerveau qui est plus sensible que la moyenne (amygdale c'est ce qui contrôle/régule la peur dans notre cerveau).
Par contre avec la TCC on peut recalibrer ce circuit pour le rendre moins sensible et retrouver une belle qualité de vie. :)
Eric, je comprends ton questionnement. Il s'agit ici des définitions cliniques et officielles et Mikhoul semble très au point à ce sujet.
Toutefois, on peut avoir le sentiment de souffrir de sa timidité. C'était mon cas quand j'étais enfant. Dans ce cas, ce sentiment n'est pas du qu'à de la timidité, il y a une anxiété sociale derrière. C'est un gradient en quelques sortes qui va de la timidité à la totale phobie sociale.
J'espère que, si je me trompe, les quelques spécialistes professionnels qui passent sur ce blog n'hésiteront pas à me le dire :)