Depuis quelques temps, je constate que je n'ai plus de difficulté avec les gens qui me sont indifférents (c'était le postulat de ma phobie sociale), mais que j'en ai toujours autant avec mon compagnon. Et comme ça va mieux pour le reste, je focalise sur ces dernières, cela devient très difficile à vivre.
Et sur ce sujet, je pense bien que le psy s'est trompé. Il pense que je vais bien, mais que c'est mon compagnon qui est dans l'excès de demande, auxquelles, du fait, je ne peux pas répondre.
[edit du 17 mai 2012 : avec le recul, le psy avait raison : mon compagnon reconnait qu'il est anxieux, il a peur de l'abandon, il a besoin de savoir précisément ce que l'autre pense pour se rassurer]
La semaine dernière, j'ai fait une formation sur les personnalités difficiles et les personnalités pathologiques avec Christophe André pour mon travail.
(Je cite Christophe André : La personnalité est dite "difficile" ou "pathologique" lorsque certains de ses traits deviennent trop rigides et inadaptés aux situations : perte de la souplesse et du caractère adaptatif. Cela entraîne une souffrance individuelle, des difficultés pour les interlocuteurs, parfois une baisse de l'efficacité personnelle ou sociale ; cela peut aller jusu'à des complications psychiatriques diverses, qui sont assez souvent des troubles dépressifs, des troubles anxieux, des abus de substances.
Les types "purs" sont rares, le plus souvent, chaque individu correspond à un mélange de plusieurs types de personnalités.)
Je me suis reconnue dans le comportement de différentes personnalités en ce qui concerne mon comportement vis-à-vis de mon compagnon.
Par exemple :
PASSIF-AGRESSIF :
(là je me reconnais à 100%)
- résiste aux exigences ou demandes qu'il estime illégitimes
- discute exagérément les ordres
- MAIS de manière détournée :
- fait "traîner" les choses
- est volontairement inefficace
- boude
- de plaint auprès d'autres interlocuteurs
PERSONNALITE ANXIEUSE :
(ce qui me concerne est en gras)
- soucis trop fréquents ou trop intenses par rapport à tous les aspects de la vie quotidienne : surévaluation du risque et des conséquences
- intolérance à l'incertitude
- avant : anticipation inquiète
- pendant : sur-attention envers les signaux de "danger", et sous-attention envers les signaux de "sécurité"
- après : ne tire pas la leçon des démentis apportés par la réalité
- tension physique importante
PERSONNALITE DEPENDANTE :
(ce qui me concerne est en gras)
besoin d'être rassuré et soutenu :
- réticent à prendre des décisions seul
- a du mal à initier des projets
- n'apprécie pas la solitude
- Crainte de la perte de lien :
- dit toujours oui pour ne pas déplaire et accepte toutes les demandes pour se rendre agréable
- hyper-sensibilité aux critiques ou à la désapprobation
- excessivement perturbé par les ruptures et séparations
PERSONNALITE EVITANTE :
(en gras : ce qui me concerne et qui je pense est en lien direct avec ma phobie sociale, en gras italique : ce qui va mieux depuis ma TCC)
- évitement de la plupart des activités sociales comportant une implication personnelle
- Pas de problèmes pour les échanges brefs et superficiels, ou ce qui est centré sur un échange d’informations précises (comme au travail), mais réticence (liée à une appréhension majeure) à personnaliser et approfondir les liens
- révélation de soi et engagement que si on est sûr d’être apprécié ou aimé
- maintien en retrait par peur de paraître ridicule, déplacé, « inférieur »
- hypersensibilité à toute forme de refroidissement du lien ; peut percevoir des signes de mépris derrière de l’ironie ou de l’humour, des preuves de désamour derrière de la distraction (si on a oublié de le saluer ou si on l’a fait moins chaleureusement que d’habitude). Du coup, se replie et s’isole encore plus
- l’estime de soi fragile (se perçoit comme moins attirant et compétent que les autres)
- la peur d’agir sous le regard des autres [= de mon compagnon] (par peur de l’échec et du jugement social)
- le blocage et l’inhibition dans les situations sociales, notamment informelles (soirées, repas, cocktails), si ne connaît pas très bien les gens.
Je voulais parler de tout ça à mon compagnon, mais évidemment, je n'ai pas réussi (peur du jugement).
Hier soir, il m'a réveillée parce qu'il n'était pas bien (lui non plus, mais pour d'autres raisons...), je n'ai pas compris qu'il n'allait pas bien parce qu'il ne l'a pas exprimé clairement, (à 3h du matin en plein sommeil, il faut que les choses soient dites clairement), je me suis plus ou moins rendormie. Il l'a mal pris, le ton est monté, puis redescendu et dans le feu de la discussion, j'ai trouvé le courage de lui parler de tout ce que j'ai écrit plus haut.
Il m'a dit que c'est précisément ce genre d'infos dont il a besoin quand il me reproche de ne pas lui dire comment je vais. Il a ajouté que depuis 5 ans que nous sommes ensemble, il ne comprend pas que je ne sois toujours pas capable de lui dire ce genre de choses.
C'est dur pour lui comme pour moi.
J'en ai profité aussi pour lui dire que je ne trouvais pas normal qu'il ne m'ait pas encore dit ouvertement que j'ai maigri alors que je viens de perdre 10kg en 4 mois et que ça fait des années qu'il me tanne pour que je maigrisse. En fait, il me l'a dit, mais de manière indirecte, pas très claire ou maladroite. Résultat, je n'ai pas reçu l'information, je n'ai retenu que les moments ou c'est moi qui lui ai fait remarqué (sur-attention envers les signaux de "danger", et sous-attention envers les signaux de "sécurité"). J'ai du mal à entendre les choses positives et lui a du mal à les formuler.
Par curiosité, j'ai rempli une échelle de Rathus avec uniquement les items qui peuvent s'appliquer à mon compagnon (j'ai trouvé 18 questions sur 30, le score va donc de -54 à +54)). Résultat : dans le négatif : -5.
Alors que si je la remplis en entier et par rapport au tout-venant, je suis dans le positif. La dernière fois que je l'ai remplie, j'étais à +48.
D'ailleurs à la dernière séance, il m'a demandé le la remplir, je donnerai le bilan à la prochaine note.
Bon, je saurai quoi raconter à mon psy demain.